Monde

Facebook a aussi laissé des groupes chinois accéder à des données

Facebook a reconnu mardi que des groupes télécoms chinois, dont Huawei, avaient eu accès à des données privées d'utilisateurs, alors même que cette entreprise est accusée par les Américains d'être un bras armé technologique de Pékin. Huawei, ainsi que Lenovo, Oppo et TCL, font partie des fabricants de smartphones qui ont signé, il y a des années, des accords de collaboration avec Facebook pour pouvoir rendre leurs appareils compatibles techniquement avec le réseau social américain.

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C'était avant les boutiques en ligne d'applications comme l'App Store (Apple) et Google Play : Facebook, né en 2004, n'avait pas d'application standardisée et devait donc conclure, fabricant par fabricant, des accords de collaboration pour que ses services puissent être proposés aux utilisateurs des différents modèles de téléphones portables. Lundi, réagissant à un article du New York Times, Facebook avait confirmé l'existence de ce type d'accords avec nombre de fabricants mais sans citer d'entreprises chinoises.

Facebook disait aussi avoir toujours veillé à ce que l'accès aux données ne se fasse pas sans l'accord des utilisateurs, ne pas avoir connaissance d'usage frauduleux de ces données et avoir commencé à mettre fin à ces contrats. Mais mardi, après un nouvel article du New York Times, Facebook a reconnu que des groupes chinois faisaient partie de ces fabricants, tout en précisant que le contrat avec Huawei serait rompu dans les prochains jours. 

"Huawei est le troisième fabricant d'appareils mobiles dans le monde et ses appareils sont utilisés partout dans le monde, notamment aux Etats-Unis. Facebook, comme d'autres entreprises technologiques américaines, a travaillé avec lui, et d'autres fabricants chinois, pour rendre compatible (Facebook) avec leurs téléphones", a expliqué dans un mail à l'AFP Francisco Varela, chargé des partenariats mobiles au sein de l'entreprise de Mark Zuckerberg.

"Compte tenu de l'intérêt de la part du Congrès, nous voulions clairement préciser que toutes les informations" permettant de rendre Facebook compatible avec les téléphones Huawei "étaient stockées dans l'appareil et non les serveurs de Huawei", a encore dit M. Varela. Mais ces révélations ont déclenché la colère de Mark Warner, le vice-président de la commission sénatoriale sur le renseignement, qui, comme d'autres parlementaires américains, juge que Huawei est une menace pour la sécurité nationale.

"Que Facebook ait laissé des fabricants d'appareils comme Huawei et TCL accéder à ses interfaces soulève des inquiétudes légitimes et j'ai hâte de savoir comment Facebook s'est assuré que les informations sur ses usagers n'étaient pas arrivées jusqu'à des serveurs chinois", a réagi ce sénateur démocrate dans un communiqué. Selon lui, les "relations étroites" entre le pouvoir chinois et Huawei sont connues "depuis 2012". Le groupe a toujours rejeté avec vigueur les soupçons de proximité avec le pouvoir chinois et rappelle régulièrement qu'il est présent dans 170 pays.

Début mai, le Pentagone a interdit à son personnel d'acheter des smartphones Huawei (et ZTE) en raison de risques de sécurité "inacceptables". Pour les Américains, des entreprises comme Huawei sont susceptibles de faire de l'espionnage pour Pékin. Ces informations tombent d'autant plus mal qu'elles interviennent sur fond de menace de guerre commerciale entre Pékin et Washington. Les Etats-Unis et la Chine sont en outre en concurrence frontale pour la domination dans les télécommunications, en particulier avec le déploiement de la 5G, l'internet mobile ultra rapide.

"Nous appelons les Etats-Unis à fournir un cadre équitable, transparent, ouvert et amical aux investissements et activités des entreprises chinoises", a commenté mercredi Hua Chunying, la porte-parole de la diplomatie chinoise, sans toutefois se prononcer sur le cas de Facebook. Il s'agit aussi évidemment d'un nouveau boulet au pied de Facebook, déjà empêtré depuis mi-mars dans le scandale Cambridge Analytica. 

Cette société britannique est accusée d'avoir collecté et exploité sans leur consentement les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs à des fins politiques, notamment pour faire gagner le Brexit au Royaume-Uni et Donald Trump à la présidentielle américaine. Ces données personnelles avaient transité par une application tierce de tests psychologiques proposée sur Facebook.

Mark Zuckerberg avait dû longuement s'expliquer devant des parlementaires américains puis européens très remontés contre le réseau social, accusé de laxisme et d'opacité dans sa gestion des montagnes de données personnelles qu'il détient et qui alimentent son modèle économique.

 

 

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