Le gouvernement indien a renoncé mercredi à imposer l'installation sur tous les nouveaux téléphones portables d'une application de cybersécurité qu'il contrôle, accusée de violer la vie privée des usagers.
Lundi, le ministère des Communications avait annoncé qu'il donnait quatre-vingt-dix jours à tous les fabricants de téléphones portables vendus en Inde pour installer ce dispositif, destiné à empêcher leur utilisation frauduleuse.
Cette mesure a aussitôt suscité une levée de boucliers de l'opposition et de nombreuses ONG, qui ont dénoncé la volonté du gouvernement du Premier ministre Narendra Modi de mettre sa population sous surveillance.
Le gouvernement a finalement annoncé dans un communiqué qu'il avait décidé "de ne pas rendre l'installation obligatoire".
Encore vivement pris à partie au Parlement mercredi, le ministre Jyotiraditya M. Scindia a dans un premier temps assuré que l'application pouvait être désactivée.
"Je peux l'effacer comme n'importe quelle autre application, comme chaque citoyen en a le droit dans une démocratie", a-t-il plaidé devant les députés.
Baptisé "Sanchar Saathi" ("partenaire de communication" en langue hindie), ce dispositif devait permettre aux usagers de bloquer et repérer leurs téléphones en cas de vol ou de perte et d'identifier toute utilisation suspecte.
Selon le gouvernement, il a déjà fait largement ses preuves en détectant 2,6 millions d'appareils.
Cette application est "sûre et uniquement destinée à aider les citoyens face aux acteurs mal intentionnés du web", a-t-il répété, sans convaincre l'opposition.
"Même si l'application est désactivée, les usagers ne pourront pas savoir si toutes ses caractéristiques le seront aussi", lui a opposé un député, Deepender Singh.
"Cette mesure pourrait transformer chaque téléphone en une arme que le gouvernement pourrait utiliser contre les journalistes, ses adversaires politiques et toutes les voix dissidentes, s'il le souhaite", a renchéri son collègue Randeep Singh Surjewala.
"Ce n'est qu'une intrusion pure et simple dans nos appareils", a résumé pour l'AFP un défenseur des libertés sur l'internet, Nikhil Pahwa.
Régulièrement accusé de dérive autoritaire, le gouvernement de M. Modi a été accusé ces dernières années d'avoir ciblé des journalistes et des opposants avec le logiciel espion Pegasus. Il a toujours nié ces accusations.
Le pays le plus peuplé de la planète - près de 1,5 milliard d'habitants - est aussi l'un de ses principaux utilisateurs de téléphones portables. En 2024, les autorités avaient officiellement recensé 1,16 milliard d'usagers.
En août, la Russie a imposé aux fabricants de smartphones l'installation de la messagerie locale Max, dénoncée comme un possible outil de surveillance par les avocats et ONG de défense des libertés.
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