Mise à jour December 26, 2025, 12:17 pm

Fabrice David : «Si je devais offrir un seul cadeau aux Mauriciens, ce serait l’espoir»

Ajagen Koomalen Rungen 
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Le Junior Minister au ministère de l’Agriculture, Fabrice David, nous parle de son Noël, du sens qu’il donne à cette fête, tout en espérant qu’elle soit l’occasion d’une célébration placée sous le signe du respect mutuel.

Que représente Noël pour vous aujourd’hui, au-delà de la fête et des traditions ?

Aujourd’hui, Noël, au-delà de sa portée religieuse pour le chrétien que je suis, est un rendez-vous festif mais aussi et surtout un moment de respiration dans une année souvent intense, faite de responsabilités et parfois de contraintes lourdes. Noël m’invite à ralentir, à prendre du recul et à me reconnecter à l’essentiel : le sens de ce que nous faisons, individuellement et collectivement.

Au-delà des traditions, Noël est un temps de bilan intérieur. Il nous pousse à regarder le chemin parcouru, à reconnaître nos efforts, mais aussi nos fragilités. C’est un moment où l’on se rappelle que, derrière les fonctions et les titres, nous restons avant tout des êtres humains, avec des familles, des émotions, des doutes et des espoirs.

Noël, c’est aussi un rappel puissant de la valeur du don de soi. Pas nécessairement à travers des gestes spectaculaires, mais par une attention, une écoute, une présence sincère. Dans un monde où tout va vite, où l’on est souvent happé par l’urgence, Noël nous enseigne la patience, la douceur, la compassion et la solidarité envers celles et ceux qui n’ont pas toujours les moyens de le célébrer.

Selon vous, quel est le véritable symbolisme de Noël dans une société comme la nôtre, multiculturelle et solidaire ?

Dans une société comme la nôtre, profondément multiculturelle et riche de sa diversité, Noël porte un symbolisme qui dépasse largement le cadre religieux. À Maurice, Noël est devenu une fête du vivre-ensemble, un moment où les barrières culturelles, sociales ou confessionnelles s’estompent naturellement.

Le véritable symbolisme de Noël réside dans cette capacité collective à se rassembler autour de valeurs universelles : le partage, la générosité, la paix et la solidarité. Ce sont des valeurs que chaque Mauricien, quelle que soit sa foi ou son origine, reconnaît et respecte.

Noël nous rappelle que notre force, en tant que nation, réside dans notre unité dans la diversité. Il illustre cette solidarité spontanée qui s’exprime à travers des gestes simples : une visite à un voisin, un cadeau pour un enfant, un repas partagé, une pensée pour les plus vulnérables.

Dans un monde parfois marqué par la division et l’intolérance, notre manière mauricienne de vivre Noël est un message d’espoir. Elle montre qu’il est possible de célébrer ensemble, dans le respect mutuel, sans renier ses propres convictions.

Comment allez-vous célébrer Noël cette année, et avec qui souhaitez-vous particulièrement partager ce moment ?

Cette année encore, je souhaite célébrer Noël dans la simplicité. Pour moi, l’essentiel n’est pas dans l’ampleur de la célébration, mais dans la qualité des moments partagés. Je serai entouré de ma famille proche, dans un cadre intime, loin du tumulte et des obligations protocolaires.

Dans un quotidien souvent rythmé par les dossiers, les réunions et les déplacements, ces instants de proximité sont précieux. Noël est l’un de ces rares moments où l’on peut véritablement se rendre disponible pour les siens, sans regarder l’heure, sans urgence particulière.

Partager Noël avec sa famille, c’est aussi transmettre. Transmettre des valeurs, des souvenirs, des histoires. C’est rappeler aux plus jeunes l’importance des liens familiaux, du respect des aînés et de la solidarité intergénérationnelle.
C’est également une occasion de penser à ceux qui sont absents, parfois physiquement, parfois symboliquement, et de leur rendre hommage à travers le souvenir et la gratitude.

Y a-t-il un rituel ou une tradition familiale que vous tenez absolument à préserver chaque Noël ?

Oui, il y a une tradition à laquelle je tiens profondément : le repas partagé dans la simplicité, la convivialité… et la chanson. Dans ma famille, nous aimons chanter. Noël est pour nous un moment où les voix se mêlent naturellement autour de la table. Nous faisons régulièrement des karaokés, mêlant chants de Noël, séga et chansons d’époque qui traversent les générations. Certains jouent de la guitare, d’autres au piano ou encore au triangle. Cette année encore, Noël sera chanté.

Ces instants de musique et de rires sont indissociables du repas. On prend le temps de s’asseoir ensemble, d’échanger, de raconter des blagues, pour les anciens de nous partager un épisode de leur époque, de se souvenir, parfois de rire de petits détails anodins. Chanter ensemble crée une atmosphère unique, où chacun trouve sa place, sans jugement, simplement porté par le plaisir d’être ensemble.

Ce moment est sacré, car il permet à chacun de s’exprimer librement. Dans une société moderne où les écrans occupent souvent trop d’espace, préserver ces instants de partage réel, de voix humaines et d’émotions partagées est essentiel.

Nous avons aussi pour habitude de marquer une pause plus calme, parfois silencieuse, pour exprimer notre gratitude pour ce que nous avons et pour penser à ceux qui traversent des moments plus difficiles. Ce rituel, mêlant musique, recueillement et partage, donne à Noël une dimension profondément humaine et sincère.

Quand vous repensez aux Noëls de votre enfance, quelle image ou quelle émotion vous revient en premier ?

L’image qui me revient immédiatement est celle de toute la famille réunie. Cousins, oncles et tantes, souvent venus de l’étranger spécialement pour la période des fêtes de fin d’année, se retrouvaient, comme on dit, « à camper », tous ensemble dans un bungalow entre Noël et le Nouvel An. C’était un moment attendu, presque sacré, où les distances disparaissaient et où l’on retrouvait naturellement le sens profond de la famille.

Je me souviens de ce sentiment de dépaysement, même en étant chez nous. Les journées passées entre la mer et le sable, les baignades interminables, les parties de football improvisées sur la plage, les rires qui résonnaient du matin au soir. Et puis, à la nuit tombée, ces instants plus calmes, la tête levée vers le ciel étoilé, portés par la douceur de l’air et la fatigue heureuse de la journée.

Il y avait cette impression que le temps s’arrêtait, que rien d’autre n’importait que d’être ensemble. Les adultes semblaient plus disponibles, les liens plus forts, et l’on ressentait une véritable communion familiale.

Ce sont des moments uniques, profondément ancrés dans ma mémoire. Ils me rappellent que le bonheur ne tient pas à grand-chose : une famille réunie, la nature, la simplicité et ces instants partagés qui marquent une vie entière.

Quel a été le cadeau de Noël le plus marquant ou le plus inoubliable que vous ayez reçu enfant, et pourquoi ?

Le plus beau cadeau de Noël que j’ai reçu n’était pas un objet, mais deux vies. C’était il y a exactement 30 ans, à Noël 1995. Ce jour-là, deux chiots bergers allemands sont entrés dans notre famille : Hercules et Atlas. Sans que nous le sachions encore, ils allaient devenir bien plus que des animaux de compagnie. Ils sont devenus deux membres à part entière de la famille.

Hercules et Atlas ont accompagné toute mon adolescence. Ils étaient présents dans les moments de joie comme dans les moments de doute, toujours fidèles, toujours là, sans condition. Leur affection était totale, sincère, désintéressée. À travers eux, j’ai découvert très jeune ce qu’est l’amour inconditionnel et la loyauté silencieuse.

Des années ont passé depuis leur disparition, mais leur souvenir demeure intact. Ils vivent encore dans nos mémoires et dans les anecdotes familiales. Ce cadeau m’a profondément marqué, parce qu’il m’a appris que les plus beaux présents sont ceux qui laissent une empreinte durable dans le cœur, bien au-delà du temps.

Avec le recul, pensez-vous que les cadeaux avaient alors plus de valeur émotionnelle qu’aujourd’hui ?

Oui, je le pense sincèrement. À l’époque, les cadeaux étaient plus rares, donc plus attendus et plus appréciés. Chaque objet reçu avait une histoire, une signification particulière. Aujourd’hui, dans une société de consommation rapide, nous avons tendance à multiplier les objets, parfois au détriment de leur valeur émotionnelle. Cela ne signifie pas que la générosité a disparu, mais qu’elle doit être réinventée. Le véritable défi aujourd’hui est de redonner du sens à l’acte d’offrir, en privilégiant la qualité de l’intention plutôt que la quantité des biens matériels.

Quel cadeau avez-vous reçu cette année qui vous a particulièrement touché, même s’il était simple ou symbolique ?

Cette année, j’ai reçu plusieurs cadeaux de la part de mes proches, et chacun d’eux était unique par le geste, l’intention et surtout par la personne qui me l’offrait. Chaque attention avait sa propre valeur, car elle portait une part d’affection.

Mais un moment en particulier m’a profondément marqué. Lors d’une fête organisée pour des enfants dans ma circonscription, un enfant qui venait de recevoir deux bonbons s’est approché de moi et m’a dit, avec une grande simplicité : « Enn ti cadeau pou ou, missier », en me tendant l’un de ses bonbons. Il avait remarqué que je n’avais rien reçu et, spontanément, il a voulu partager ce qu’il avait. Ce geste, venant d’un enfant, m’a profondément touché. Il n’y avait rien de calculé, rien d’attendu en retour. Juste une générosité pure, instinctive et profondément humaine. J’y ai vu l’une des expressions les plus authentiques du don.

Cela m’a rappelé que la générosité n’a pas d’âge et que nous avons énormément à apprendre de l’innocence et de la sensibilité des enfants. Parfois, les plus petits gestes portent les plus grands enseignements.

Si vous deviez offrir un seul « cadeau de sens » aux Mauriciens pour Noël, lequel serait-il ?

Si je devais offrir un seul cadeau de sens aux Mauriciens, ce serait l’espoir. L’espoir est essentiel en ces temps difficiles, notamment sur le plan économique, où beaucoup de familles font face à des réalités exigeantes et parfois éprouvantes.

Sans espoir, il est difficile d’avancer. Avec l’espoir, tout devient possible. Je veux dire aux Mauriciens de garder confiance. Notre pays a traversé d’autres périodes complexes et a toujours su se relever grâce à la résilience, au travail et à la solidarité de son peuple. Nous sommes pleinement conscients des défis actuels, et nous travaillons avec détermination pour poser les bases d’un avenir plus stable, plus juste et plus durable. Cet espoir s’inscrit aussi dans le temps.

Nous voulons que chacun des Noëls à venir, au cours des quatre prochaines années, soit plus beau que le précédent. Que chaque année apporte plus de sérénité, de progrès et de confiance retrouvée. C’est cet engagement, sincère et collectif, que je souhaite offrir aux Mauriciens en ce Noël.

Quel message aimeriez-vous adresser aux familles mauriciennes à l’occasion de ce Noël 2025 ?

À toutes les familles mauriciennes, je souhaite adresser un message de paix, de sérénité et de confiance. Que ce Noël soit un moment de rapprochement, de dialogue et de réconciliation, là où cela est nécessaire. Prenez le temps d’être ensemble, de transmettre à vos enfants les valeurs qui font notre force : le respect, la solidarité et l’amour du prochain.

Pensons aussi à ceux qui sont seuls ou vulnérables, et tendons-leur la main. Je vous souhaite un Noël empreint de sens et une nouvelle année porteuse d’espérance pour notre pays.
 

 

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