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Extrême pauvreté : la crainte d’une mère de se retrouver à la rue avec ses filles 

Eny espère trouver un endroit pour vivre avec ses filles.

C’est le récit poignant d’une mère de famille qui n’a eu d’autre choix que de dormir sur une feuille de carton avec ses deux filles pendant quatre mois. Pourtant, chaque jour, c’est avec leur plus beau sourire que les enfants sont allées à l’école sans que personne ne soit au courant de leur situation.

Des mots, des phrases, des larmes et des tremblements témoignent du cauchemar qu’Eny*, âgée de 45 ans, a vécu pendant ces deux dernières années. Lasse de subir les coups violents et les agressions verbales de son compagnon, elle a décidé de s’enfuir avec ses deux filles. « Cependant, je ne savais pas où aller. Je me suis rendue chez des proches et des amis. Me ou kone apre enn semenn dimounn la fer ou konpran ki ou anplis ek ou bizin trouv enn lot plas pou ale », relate-t-elle. Eny ne leur en veut pas. Au contraire, elle leur est reconnaissante de les avoir hébergées durant quelques jours. 

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Un an plus tard, elle rencontre un homme qui lui promet de lui offrir une vie stable. « Cependant, il était lui aussi un sans-abri. Mais comment refuser de faire un bout de chemin avec lui à cause de sa situation alors que moi-même je n’avais pas de maison ? » confie la quadragénaire. Son nouveau compagnon cumule plusieurs petits boulots et quand il a un peu d’argent, le repas du soir prend des allures de festin pour elle et ses deux filles âgées de 6 et 8 ans. Elles ne comprennent pas toujours ce qui se passe, mais elles ne se plaignent jamais de la nourriture. « Kot bann dimounn ki nou finn reste ena ti donn zis diri sek me mo zanfan zame inn fer enn remark. Zot manz tou », ajoute Eny. 

Je couvrais les filles avec un plastique, car elles avaient parfois très froid"

Pendant plusieurs mois, non sans difficulté, elle s’est démenée comme un diable pour loger sa petite famille. « Mo ti pe bizin siplie dimoun, demann enn ti plas andan. Parfwa gayn enn plas me dimoun la pena ase manze kot li pou nou, lerla nou bwar delo nou dormi. Parfwa nou gayn enn plas zis dan lakour. Sa ousi nou kontan mem. Pourvi nou ansam  », nous confie-t-elle. Eny avoue qu’elle a tout fait pour échapper au regard des autorités. «  Parski si zot ti kone kouma nou viv sel zafer zot ti pou fer se vinn ras mo bann zanfan ek mwa. Personn pa ti pou asize, ekout mwa ek konpran mo soufrans, ek montre mwa enn lot sime pou avanse. Si zot ti fer sa, sa ti pou touy mwa », dit-elle. 

Sa vie bascule à nouveau quand la dernière personne qui l’a hébergée a expliqué ne plus pouvoir le faire.  « Pendant plusieurs mois, et surtout durant le deuxième confinement, nous avons dormi chez elle. Nous sortions tôt chaque matin et ne revenions que le soir pour dormir. Cependant, ses proches ont vu cela d’un mauvais œil et lui ont demandé de nous chasser, car nous étions des étrangers. C’est le cœur lourd qu’elle nous a demandé de partir », explique Eny. À partir de ce jour-là, la petite famille passe leurs nuits dans la rue. Elle relate  : « Nous avons d’abord dormi sous la varangue des bâtiments commerciaux, mais les propriétaires nous ont chassés. Parfwa aswar omilie lanwit zot vini ek zot tors ek zot zouti zot pous nou zot zour nou zot dir nou si nou revini zot pou koup nou ». Eny explique qu’elle a aussi dormi dans des jardins et sous d’autres boutiques, sur une feuille en carton. « Je couvrais les filles avec un plastique, car elles avaient parfois très froid », ajoute-t-elle.

Une misère invisible, mais bien réelle

Malgré leurs nuits passées dans la rue, les deux fillettes se rendaient tous les jours à l’école. « Mo ti pe lev zot boner, 5h dimatin, avant dimoun koumans pase. Parfwa zot pa rod leve pou marse, mo bizin kriy ar zot. Lerla nou al asize dan zardin, nou rod inpe delo ek dipin ek bann dimoun ki pase », relate Eny. Elle explique que la dame qui les avait hébergés dans le passé les a autorisés à prendre un bain le matin dans la cour.

« Tous les matins, j’allais préparer les filles pour l’école dans la cour. Elles étaient très contentes de ne pas manquer l’école et moi j’étais rassurée de ne pas avoir à les garder avec moi dans la rue. À l’école, heureusement, elles ont à manger, mais on nous demandait de mettre quelque chose dans le sac des enfants, car les repas étaient livrés très tard. Alor ena fwa mo ti kapav met enn lamwatie dipin sek dan zot sak », avoue Eny. Pourtant, cette dernière ne veut pas baisser les bras et tente de trouver un travail, mais son apparence joue contre elle. « Me dimounn guet mo zar zot per, zot gayn degout, zot pa rod donn mwa enn travay ». 

Elle attend alors dans un jardin public pour que son compagnon revienne avec un peu d’argent pour qu’ils puissent acheter de quoi manger. « Après l’école, j’emmène les filles tous les jours dans un jardin d’enfants. Je les laisse jouer pendant des heures pour qu’elles se fatiguent et  puissent dormir dans la rue sans se plaindre », ajoute-t-elle. Comme elle et son compagnon n’ont pas de téléphone, ils se donnent tout simplement rendez-vous dans le jardin chaque matin. 

En pleurs, Eny explique qu’elle est consciente de la souffrance de ses enfants, mais aussi de la sienne, car elle essaye de ne pas sombrer dans l’alcool. « Kan ou pou dir sa dimoun pou ziz ou. Me enn boutey divin ti pe kout mwin ser ki enn lasiet manze parfwa. Mo bwar sa mo gayn so, mo blie mo traka ek mo dormi bien. Dan mo latet tou disparet », confie-t-elle. 

Son compagnon a pu avoir une place dans un abri de nuit, tandis qu’elle a  trouvé un refuge temporaire. Cependant, elle vit dans la crainte de se retrouver de nouveau sur la rue avec ses filles. « Maintenant, il commence à faire froid et mes filles pleurent », ajoute-t-elle. C’est pourquoi Eny a décidé de faire un pas pour empêcher que cela n’arrive. Elle lance donc un appel de solidarité à toute personne qui pourrait lui venir en aide pour trouver une pièce pour dormir. Elle aurait également besoin de quelques meubles et accessoires de base, mais aussi d’uniformes et de matériel scolaire pour ses filles, sans oublier de la nourriture. Son compagnon et elle souhaitent également trouver du travail. 

* Prénom fictif
 

 

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