Extended Programme : pour une remise à niveau des élèves en difficulté

Extended Programme Pour la pérennité de l'Extended Programme, il faut s'intéresser à ce que l'enfant veut et peut faire.

Six semaines après l'introduction de l'Extended Programme, certains enseignants sont motivés à travailler avec les élèves qui nécessitent une attention spéciale. Mais beaucoup d'entre eux demandent un meilleur encadrement pour pouvoir le faire.

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Il n'y aurait pas de suivi de la part des autorités alors que l'Extended Programme a été introduit dans les écoles six semaines de cela. C'est ce que déplorent plusieurs enseignants qui laissent entendre qu'ils doivent faire face à de nombreux défis. Ce programme remplace les classes préprofessionnelles et est destiné aux élèves n'ayant pas atteint le niveau requis après six années passées au primaire.

Selon le pédagogue Mahend Gungaparsad, les enseignants n'ont pas eu la formation adéquate. « Chaque élève a ses besoins spécifiques. En tant qu'enseignant, il est impératif d'être formé afin de donner le meilleur de soi en classe. Nous déplorons que la formation reçue à ce jour n'ait rien à voir avec la gestion de la classe ou les moyens d'enseigner aux enfants ayant des besoins spécifiques. »

Ally Yearoo, PRO de l'Education Officers Union (EOU), est du même avis. estime qu'il n'y a pas eu de planification dans la mise sur pied des classes. « Actuellement, plusieurs enseignants affirment n'avoir reçu aucune formation pour tenir ces classes. À la rentrée, en janvier dernier, leur emploi du temps en faisait mention et ils n'avaient pas leur mot à dire. D'autres se voient devant une classe avec des élèves du 'mainstream' et de l'Extended Programme. Dans le premier, les élèves savent lire et écrire et dans l'autre la majorité ne savent même pas comment écrire leur prénom. »

Les enseignants n'auraient reçu aucune formation.»

En effet, cela pose problème dans la pratique comme le démontre Enrico, qui enseigne dans un collège d'État. « Beaucoup d'élèves n'ont même pas la base dans les matières principales comme les mathématiques, l'anglais ou le français. J'ai même rencontré un élève qui ne sait pas comment tenir son livre. Dans la même classe, il y a des élèves qui comprennent mieux ces matières, mais ont d'autres difficultés. Nous avons des classes avec des élèves de différents niveaux et ayant des besoins différents. Personnellement, je ne crois pas que les examens soient appropriés pour eux. Il leur faut une alternative avec peu de lien avec l'aspect académique. » Après quelques semaines passées avec les élèves de l'Extended Programme, certains enseignants ont, en effet, remarqué que beaucoup ne s'intéressaient guère à ce qui se passait en classe. 

Réconcilier l’enfant avec l’école et les études

Selon Mahend Gungaparsad, pour la pérennité de ce projet, il faut s'intéresser à ce que l'enfant veut et peut faire. Il croit fermement qu'il aurait fallu organiser une table ronde avec les partenaires du secteur pour trouver des solutions aux problèmes actuels et ceux qui pourraient surgir.

Ally Yearoo est, lui, d'avis qu'il est essentiel d'avoir des enseignants qui se consacrent aux classes d'Extended Programme. Et de déplorer qu'avec le nouveau programme, les élèves soient utilisés comme cobayes. L'enseignant dira qu'un programme d'études différent et un Discipline Master sont nécessaires pour maintenir l'ordre.

Plusieurs enseignants proposent, de leur côté, des évaluations orales afin qu'ils puissent expliquer les questions aux élèves. Ils proposent aussi qu'il y ait deux enseignants en même temps dans une classe d'Extended Programme. Pendant que l'un d'eux s'occupe de la classe, l'autre pourrait identifier les faiblesses et les forces des uns et des autres. 

Du côté du ministère de l'Éducation, on est confiant quant au succès de l'Extended Programme. Les officiers rappellent que celui-ci avait été lancé afin d'aider les élèves en difficulté et de faire en sorte qu’ils aient durant les éléments nécessaires pour lire et compter correctement dès la première année. Et qu'ils puissent entamer le programme de National Certificate of Education qui sera progressivement introduit.

Différence entre Prevoc et Extended Programme

Il y a une différence fondamentale, selon les officiers, entre le Prevoc et l’Extended Programme. Le Prevoc était destiné aux élèves en échec au sortir du CPE et on les canalisait vers la filière technique (d’où son nom « Pre-Vocational »). L’Extended Programme, lui, entend réconcilier l’enfant avec l’école et les études, repoussant un choix de carrière à l’âge de 14-15 ans quand l'adolescent sera en mesure de choisir, de poursuivre ses études ou alors d'embrasser une carrière professionnelle.

Brian Pitchen, enseignant au Saint Mary's Ouest et qui compte 17 années d'expérience avec les élèves du PVoc, s'occupe cette année encore de ceux qui sont en difficulté. Selon lui, il n'a aucun souci avec les élèves. « Dès le début de l'année, avant même que les classes ne débutent, nous avons dit aux élèves comment ils doivent se comporter en classe et ailleurs. Nous avons certes des problèmes, mais ils sont gérables. Je pense que ce sont les mêmes qui sont présents dans les autres classes. »

Si les anciens enseignants du Prevoc sont davantage aguerris à l’enseignement d’élèves en difficulté, tout enseignant(e) de bonne volonté peut contribuer à cette éducation de base, pour peu qu’il veuille s’adapter à l’enfant. Selon les responsables du ministère de l'Éducation, en aucun cas un enseignant ne devrait se sentir « contraint » de le faire, mais il doit être convaincu de la nécessité que tout le monde mette la main à la pâte. « Si certains enseignants ont, en effet, exprimé le désir d'une formation supplémentaire pour que le travail puisse se faire, de nombreux rapports indiquent que la prise en charge de ces élèves doit se fait normalement dans les institutions secondaires. »

Un « acteur » essentiel dans ce processus d’encadrement est le « facilitateur », form-master/mistress aux responsabilités étendues comprenant un Secondary-School-Readiness assessment pour déterminer les besoins individuels et l’enseignement des Life Skills. De plus, cette personne assurera la coordination avec les enseignants et la famille. Trois premières rencontres régionales d’une journée ont eu lieu il y a deux semaines. Elles sont extrêmement encourageantes. 86 % des facilitateurs y ont participé en apportant la contribution de leur expérience.

S'agissant des manuels, les responsables soulignent qu'ils ont été mis au point par le Mauritius Institute of Education. Ils serviront de base, au regard de l’expérience de 2018, pour du matériel de plus en plus adapté pour les années à venir.

Concernant la forme de l'évaluation, la Mauritius Examinations Syndicate étudie la bonne méthode qui pourra atteindre deux objectifs : la certification de l’acquisition d’une éducation de base et l’orientation des élèves vers des filières académiques ou techniques.

L'Extended Programme fait partie de la réforme éducative du Nine Year Continuous Basic Education. Les élèves n'ayant pas atteint le niveau requis après six années passées au primaire sont donc admis dans des classes ne dépassant pas une vingtaine d'élèves dans les différents collèges de l'île. Le programme d'études de l'Extended Programme s'étale sur une période de quatre ans, avec la première année connue comme la Foundation Year.

 

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