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Extended Programme : constat d’échec

Un système « ultra-compétitif ». C’est ainsi qu’Arvind Bhojun décrit le Nine-Year Schooling, introduit en 2016 avec, pour socles, l’équité, l’égalité des chances et la qualité. « C’est un système qui pousse ceux qui n’arrivent pas à garder le rythme vers la porte de sortie ! » 

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Avant la réforme éducative, poursuit-il, 25 % à 30 % des élèves n’arrivaient pas à franchir le cap du PSAC. « Après la réforme, les résultats de l’Extended Stream de la cuvée 2022 parlent d’eux-mêmes. Le taux de réussite est au plus bas et cela crée une autre déception, une frustration supplémentaire dans la vie de ces enfants », s’insurge-t-il.   

Commentant le taux de réussite aux derniers examens du NCE, Edley Maurer, responsable du Service d’accompagnement, de formation, d’intégration et de réhabilitation de l’enfant (Safire), rappelle que 35 % des élèves n’ont pas réussi. Sur 16 385 élèves, seuls 10 709 ont réussi. « Nous disons toujours que le taux d’échec au PSAC tourne autour de 30 %. Maintenant, au niveau du NCE, il est de 35 %. La situation est inquiétante. Il se peut que la réforme va porter ses fruits à long terme, mais pour le moment, la situation est grave. »

Même son de cloche du côté du secrétaire de l’UPSEE, Mansoor Karrimbaccus. Il qualifie les derniers résultats du NCE pour les élèves de l’Extended Programme de catastrophiques. « Le Mauritius Examinations Syndicate (MES) ne publie toujours pas les résultats obtenus lors des dernières épreuves », dénonce-t-il.

Il est d’avis que la réforme n’a apporté aucun changement. « Avec la nouvelle réforme, il y a une discrimination envers les élèves de l’Extended Programme. Avec l’ancien programme, le Pre-voc, plusieurs élèves pouvaient rejoindre les classes du mainstream après la première ou la deuxième année. Ils faisaient à l’époque deux jours au collège et les trois autres jours dans un centre du Mauritius Institute of Training and Development (MITD). Cela, parce qu’ils n’avaient pas beaucoup de matières et que le programme d’études était abordable. » 

Et d’ajouter : « les objectifs de la réforme n’ont pas été atteints. Elle a fait reculer ce qui avait été acquis. Elle fait la part belle aux enfants de l’élite, avec l’entrée en jeu des académies. »

Kamini Dowlut n’est toutefois pas du même avis. Elle estime que le Nine-Year Schooling a donné l’option aux jeunes de tracer leur parcours scolaire dans l’établissement voulu. « En observant les élèves de mon collège, notamment ceux qui ont été promus de l’Extended Stream au mainstream en Grade 10 ou encore ceux qui persévèrent et redoublent d’efforts pour être promus, j’estime que désormais, ils ont le choix, au lieu de se résoudre à partir dans une école pré-vocationelle ou polytechnique après la Grade 9 », soutient-elle.

Quelles solutions ?

Selon Arvind Bhojun, l’exercice de détection des faiblesses doit se faire dès le pré-primaire et le primaire. « À partir du moment où le niveau de ces élèves a été identifié, on doit pouvoir leur proposer un nombre de sujets accessibles. » Il milite ainsi pour un programme scolaire adapté à leurs besoins et non le même qui est présenté à tous les élèves. 

« Et pourquoi pas enseigner dans une langue alternative pour ceux qui ont des difficultés avec l’anglais ou le français au pré-primaire ? Tous ces facteurs n’ont pas été pris en compte. c’est pourquoi on se retrouve avec des élèves qui n’arrivent pas à réussir dès le primaire », dit le président de l’UPSEE.

Il va plus loin. Et plaide pour un système éducatif inclusif et compréhensif, tel que le système de Dual-education en pratique dans plusieurs pays étrangers. « On devrait privilégier un système qui permet aux élèves d’avancer à leur propre rythme. La Dual-education permet aux élèves de s’épanouir à travers une éducation académique, technique et en même temps, ils bénéficient d’une formation à travers des placements professionnels ainsi qu’au collège. »

Avec un tel système, poursuit-il, les élèves en sortiraient grandis, sans aucune discrimination. « Et le pays bénéficierait des compétences de professionnels dans tous les secteurs. » 

L’enseignant Brian Pitchen insiste, de son côté, sur le besoin de considérer les élèves sur un pied d’égalité. Revoir les examens pour les élèves de l’Extended Programme portera ses fruits, avance-t-il. « Ces élèves doivent avoir un autre type d’évaluation à l’oral et à l’écrit. Il faut le faire par thème pour différentes matières. Le même thème sera traité sous différentes formes en un mois. Cela est pertinent, fun et permettra à l’élève d’étudier à son rythme. » 

Pour sa part, Edley Maurer souligne que le ministère de l’Éducation doit considérer tous les élèves selon leurs besoins. « Aucun enfant ne doit rester à l’écart dans le système éducatif. Afin de répondre à leurs besoins, il est important de revoir le système éducatif dès la maternelle. » 

 

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