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Expiration de l’AGOA : Maurice s’inquiète des répercussions commerciales

Les exportations vers les États-Unis pourraient être affectées.

Le 30 septembre signifiait l’expiration de l’AGOA. Maurice plaide pour une solution durable, mais s’inquiète entre prolongation incertaine et espoir d’un accord bilatéral.

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Alors que l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) a expiré le 30 septembre, les signaux en provenance de Washington restent prudents. L’administration du président Donald Trump aurait exprimé son soutien à une prolongation d’un an de ce programme commercial préférentiel avec l’Afrique subsaharienne, selon une déclaration rapportée par l’agence Reuters. Pourtant, aucune décision officielle n’a encore été prise.

Le gouvernement mauricien suit de près l’évolution du dossier. Les États-Unis constituent un marché d’exportation clé pour Maurice, représentant 15 % des exportations nationales en juillet 2025, contre 9,1 % en 2024. En chiffres, les exportations locales vers le pays de l’Oncle Sam sont passées de Rs 873 millions en juillet 2024 à Rs 1 milliard un an plus tard.

Interrogé sur les perspectives à court terme, le ministre des Affaires étrangères, Ritesh Ramful affirme avoir été informé d’un appui favorable de l’administration Trump à une prolongation d’un an de l’AGOA. Il reste toutefois prudent. « Nous ne savons pas quand cela se fera. Les États-Unis ont jusqu’à novembre pour adopter une décision. Il est question d’une prolongation d’un an, mais cela reste incertain. Pour l’heure, leur attention est concentrée sur le budget », dit-il.

S’il reconnaît qu’un tel renouvellement pourrait apporter un soulagement provisoire, le ministre juge qu’il ne saurait être suffisant. « Maurice souhaite entamer des négociations pour un accord bilatéral avec les États-Unis. L’Office du Représentant américain au Commerce nous a d’ailleurs contactés en ce sens. Un accord bilatéral pourrait s’avérer plus avantageux pour nous qu’un simple renouvellement de l’AGOA », a-t-il ajouté.

Le secteur privé, notamment les petites et moyennes entreprises tournées vers l’exportation, s’inquiète des effets cumulés de l’incertitude actuelle et des récentes hausses tarifaires américaines. Depuis août, les droits de douane sur certains produits, y compris ceux qui bénéficiaient auparavant de l’AGOA, ont été relevés entre 10 % et 30 %, réduisant de facto la compétitivité des exportateurs africains.

Situation fragile pour les PME 

La SME Chambers, par la voix de son président Ajay Beedassy, estime qu’un renouvellement de seulement un an ne permettrait pas une planification sereine. « Les commandes américaines sont généralement placées six mois à l’avance. Une prolongation d’un an serait un soulagement temporaire, mais elle ne règle pas les problèmes structurels. Nos exportateurs subissent déjà l’effet des nouveaux tarifs. Dans certains cas, les clients demandent aux fournisseurs de prendre en charge une partie des frais supplémentaires », fait-il comprendre.

La chambre préconise un renouvellement d’au moins trois ans, qui offrirait une visibilité suffisante aux entreprises pour adapter leurs stratégies commerciales.

Selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), l’augmentation des droits de douane américains mise en œuvre en août 2025 a impacté une large gamme de produits. Les tarifs bilatéraux et sectoriels, appliqués indépendamment des préférences accordées dans le cadre de l’AGOA, s’ajoutent désormais aux droits standards de l’OMC.

En cas de non-renouvellement, les pays bénéficiaires feraient face à une détérioration immédiate de leur accès au marché américain. Les exportateurs de textiles et d’habillement, notamment au Kenya et à Madagascar, seraient parmi les plus exposés, leurs taux de droits de douane pouvant respectivement tripler et doubler.

AGOA : un levier commercial pour l’Afrique subsaharienne

Depuis 2000, la loi américaine AGOA permet à 32 pays d’Afrique subsaharienne d’exporter plus de 1 800 produits vers les États-Unis sans droits de douane. En 2023, ces échanges ont atteint 10 milliards de dollars, soutenant des économies comme celles du Lesotho et de Madagascar.

 

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