- Une toge et un rabat saisis à son domicile
Arrêté mardi pour infraction à la Law Practitioners Act, Yuvan Sungkur a avoué être intervenu en tant qu’avocat dans l’affaire Akil Bissessur en 12 occasions, alors qu’il n’est pas enregistré auprès de la Mauritius Bar Association. Il était auditionné ce mercredi au Central Criminal Investigation Department (CCID). Les enquêteurs l’ont confronté à des « Court records » et des procès-verbaux démontrant qu’il avait assisté Akil Bissessur pour des comparutions au tribunal et des interrogatoires dans les locaux de la police.
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Mardi, après son arrestation, Yuvan Sungkur a été emmené à son domicile, à Highlands, pour une perquisition. Le CCID a récupéré une toge et un rabat, c’est-à-dire la tenue qu’un avocat porte dans l’exercice de sa profession. Interrogé sur la provenance de ces vêtements, le suspect a expliqué qu’il se les était procurés pendant ses études de droit en Angleterre, qu’il n’aurait pas terminées.
Face aux enquêteurs, Yuvan Sungkur a aussi raconté comment il s’est intégré dans le milieu de certains avocats mauriciens. Selon son récit, il a d’abord rencontré Me Sanjeev Teeluckdharry en janvier 2022. C’était au tribunal de Rose-Hill. Il l’aurait approché en vue de lui demander son soutien, en lui disant qu’il était titulaire d’un LLB. Depuis, il se serait rendu régulièrement au bureau de son « mentor » à Port-Louis.
C’est ainsi qu’il a fait la connaissance d’autres avocats côtoyant Me Sanjeev Teeluckdharry. Puis, au mois d’août, il a proposé ses services à Me Akil Bissessur, quand ce dernier a été arrêté et provisoirement inculpé pour trafic de drogue.
Des représentants du CCID devront se présenter au tribunal le mercredi 7 décembre pour soumettre un rapport sur l’évolution de l’enquête.
Une enquête sur un autre faux avocat depuis l’an dernier
Les Casernes centrales enquêtent déjà sur un cas similaire à celui de Yuvan Sungkur, signalé le 17 août 2021 par le Mauritius Bar Council. L’ordre des avocats avait lui-même été alerté par la police de Plaine-Verte.
Le 25 mai 2021, un Mauricien avait déposé une « precautionary measure » dans le cadre d’un désaccord avec son épouse, de nationalité syrienne, au sujet de la garde de leurs deux enfants. L’homme avait fait sa déposition au poste de police de Plaine-Verte en se faisant assister par un avocat du nom de S.M.B., comme le mentionne le procès-verbal. Or, quelque temps après, les policiers s’étaient aperçus que S.M.B. n’était pas inscrit au Barreau mauricien et en avaient eu la confirmation par le Mauritius Bar Council.
Me Yatin Varma, président du Mauritius Bar Council, a évoqué le sujet ce mercredi dans l’émission « Au cœur de l’info » sur Radio Plus. « Il y a un autre faux avocat dans le collimateur. Le Bar Council collabore avec la police dans cette affaire », a-t-il déclaré.
Me Sanjeev Teeluckdharry : « Nous sommes à la disposition des autorités »
Sollicité ce mercredi pour réagir sur cette affaire, l’avocat Sanjeev Teeluckdharry a indiqué que ses confrères et lui se tiennent « à la disposition des autorités ». Par ailleurs, il laisse entendre que lui et d’autres avocats qui ont côtoyé Yuvan Sungkur comptent fournir des précisions lors d’une conférence de presse dont la date n’a pas encore été fixée. En attendant, une enquête étant en cours, dans laquelle il pourrait être convoqué par la police, Me Teeluckdharry ne souhaite pas s’exprimer davantage sur le sujet.
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