- L’absence de transparence quant aux critères de sélection déplorée
Le récent exercice de promotion fait grincer des dents au sein de la police. Plusieurs officiers laissés pour compte malgré leur temps de service disent ne pas comprendre comment cet exercice a été effectué.
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Situation cocasse ! Avec le récent exercice de promotion au sein de la police, survenu le mercredi 13 mars au lendemain de l’annonce du Premier ministre Pravind Jugnauth dans son message à la nation dans le cadre du 56e anniversaire de l’Indépendance, des postes de police se retrouvent avec plusieurs sergents (voir encadré). Dans les faits, ces promotions sont loin de susciter l’unanimité au sein des forces de l’ordre.
Ils sont nombreux, au sein de la police, à parler d’une flagrante injustice. Certains, qui comptent de nombreuses années d’expérience, disent avoir été laissés sur la touche, au profit de leurs collègues moins expérimentés. Parmi, des chefs inspecteurs (CI), avec dix ans de service, qui ont vu leurs « cadets » grimper les échelons. Ils racontent que l’année dernière, cinq policiers ont bénéficié de promotions, devenant chefs inspecteurs en l’espace de quelques mois, avant d’être promus assistants surintendants de police, le 13 mars 2024.
On fait également remarquer qu’un nombre significatif de membres de la VIPSU (Very Important Person Security Unit), qui avaient précédemment bénéficié de diverses promotions, ont une fois de plus été avantagés. Face à cette situation, de nombreux membres des forces de l’ordre expriment découragement et ras-le-bol.
Dans l’édition du Défi Quotidien du jeudi 14 mars, un constable âgé de 50 ans, comptant 28 années de service, n’avait pas caché sa profonde déception. « Mo ti pe atann ariv mo tour, akoz premie minis inn dir tou seki lao vintan servis pou gagn promosion », avait-il confié. « Kifer pann met nou dan la lis-la. Vinn donn enn rezon », avait fustigé un autre constable comptant plus de 25 ans de service. Des membres du Police Band se retrouvent également sur la touche.
Au sein de la police, d’aucuns soulignent la « précipitation » avec laquelle la liste des policiers promus a été annoncée. Ce qui, selon eux, soulève des questions sur la transparence de cet exercice, ainsi que sur les critères d’évaluation. Ils sont nombreux à faire remarquer que, contrairement à l’annonce du Premier ministre, qui avait clairement indiqué que ces promotions seraient sur la base du temps de service et de la séniorité, d’autres considérations auraient été prises en compte.
Toute cette situation crée un profond sentiment de déception parmi les policiers. Pour eux, le récent exercice de promotions remet en question l’idée même de méritocratie.
Du côté des Casernes centrales, on met en avant la prérogative du commissaire de police dans le cadre des promotions. On évoque aussi plusieurs facteurs qui entrent en jeu pour le choix des policiers promus.
1 785 policiers promus
1 785 policiers ont été promus lors d’une cérémonie aux Casernes centrales, le mercredi 13 mars. Parmi, on compte 1 500 nouveaux sergents, 125 nouveaux inspecteurs et 40 nouveaux chefs-inspecteurs de police.
Linion Moris demande la révocation des officiers de la DFSC
Lors d’une conférence de presse, le vendredi 15 mars, Me Rama Valayden, un des dirigeants de l’alliance Linion Moris, a critiqué les récentes promotions au sein de la police. Selon lui, sur les 1 786 policiers promus, seuls 1 665 ont été rendus publics. Il a dénoncé le manque de transparence dans ce processus, affirmant que certains policiers auraient été informés de leur promotion par SMS à deux heures du matin.
Pour Linion Moris, la Disciplined Forces Service Commission (DFSC) a la responsabilité de vérifier les informations avant de préparer la liste des promotions et de la remettre ensuite au commissaire de police pour publication, conformément au règlement de la Section 26 de la police.
Cependant, selon Linion Moris, cette démarche n’a pas été effectuée dans la transparence, et l’alliance politique demande la révocation des officiers de la DFSC.
Me Rama Valayden a également évoqué le cas de policiers méritants, comme les CI Rajesh Moorghen et Roland Dabeesing, malgré leur performance au sein de la police. Il a également fait remarquer que depuis plus d’une dizaine d’années, ils n’ont obtenu aucune promotion, tandis que d’autres ont bénéficié de promotions rapides, notamment au sein de la VIPSU.
Casse-tête dans les postes de police
Le vendredi 15 mars, les Casernes centrales ont publié une circulaire à la suite des récentes promotions au grade de sergent de police. Il s’avère que les postes de police de chaque division se retrouvent avec plusieurs sergents. Ce qui pose un véritable casse-tête pour l’attribution des tâches.
Il a ainsi été décidé que les responsables des postes de police devront mettre en place certaines procédures afin d’assurer le bon fonctionnement de tous les quarts de travail. Le sergent de police le plus ancien sera désigné comme chef de quart. Le deuxième plus ancien sera chargé du service à la clientèle, conformément au plan stratégique de la police 2022-2025, qui stipule que les demandes des clients doivent être traitées par un sergent de police expérimenté. Les autres sergents de police de l’équipe seront affectés à d’autres tâches, selon les instructions du chef de quart.
Par ailleurs, les Station Managers sont tenus de fournir un rapport toutes les deux semaines sur la performance des nouveaux sergents de police promus, en mettant en évidence les tâches effectuées, les absences pour maladie, l’attitude et le comportement, parmi d’autres paramètres.
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