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Exercice de promotion au sein de la force policière : des anomalies qui suscitent frustration et colère

Clins d’œil répétitifs aux unités spécialisées, Seniority List ignorée, ou résultats détaillés des examens non dévoilés. Autant de facteurs qui génèrent tristesse, frustration et colère parmi les policiers qui aspirent à être promus. Le Défi Plus a levé le voile sur les quatre anomalies qui refont surface à chaque exercice de promotion.

La force policière comprend des unités spécialisées. Les effectifs de ces unités sont perçus comme étant  « privilégiés » lors des exercices de promotion en raison de leurs expériences. D’où le fait qu’ils sont souvent promus automatiquement. Un assistant surintendant (ASP), affecté à la Very Important Personalities Security Unit (Vipsu), explique, sous le couvert de l’anonymat, que « les promotions accordées aux éléments de cette unité spécialisée sont en reconnaissance à leur dévouement ». « La Vipsu comprend environ 350 policiers. Ils ne sont pas forcément attachés aux ministres ou députés. Si certains sont basés au sein de l’administration, d’autres agissent comme éclaireurs ou au sein de la garde rapprochée des personnalités. Les promotions sont courantes et sont les officiers les plus méritants qui sont promus », fait ressortir notre interlocuteur. 

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« Comment se fait-il que des examens de promotion sont en cours alors que des officiers d’autres unités dites spécialisées ont droit à une promotion automatique. Le critère d’ancienneté n’est pas respecté dans beaucoup de cas. Certains passent de constable à chef inspecteur (CI) en de trois ans. C’est un mauvais signal », explique un autre policier qui s’estime lésé. 156 inspecteurs ont été promus au rang de chef inspecteur lors du dernier exercice de promotion. Selon nos interlocuteurs, 24 seulement ont été promus d’après leur mérite et leur ancienneté. Les 132 autres font partie de ceux qui ont été promus automatiquement.

La frustration est montée d’un cran depuis le récent exercice de promotion. Des hauts gradés (inspecteurs, CI et ASP), qui s’attendaient à être promus en raison de leur ancienneté et du fait qu’ils ont gravi les échelons selon les critères établis par la Disciplined Forces Service Commission (DFSC), disent avoir été laissés sur la touche. Ils montrent du doigt le non respect de la liste prioritaire établie à la suite des examens à l’intention des sergents qui souhaitent accéder au rang d’inspecteur. Cette liste, explique un des hauts gradés frustrés, comprend les noms des policiers qui ont obtenu des points remarquables aux examens. 

Situation désolante

« La situation est désolante. Certains de nos juniors ont été promus au rang d’ASP ou de surintendant (SP), et nous sommes toujours inspecteurs », se désole un de nos interlocuteurs. Depuis 2006, une trentaine d’inspecteurs sont dans l’attente d’être promus au rang de chef inspecteur en raison de leur ancienneté. 

Autre anomalie relevée par des policiers est la non publication des résultats complets. « C’est une pratique qui perdure depuis des décennies », avance un sergent de la police régulière. Il est d’avis que chaque candidat doit être en présence de ses résultats détaillés afin qu’il puisse, au besoin, s’améliorer. Dans la pratique, soulignent nos interlocuteurs, les noms et les rangs des candidats qui ont réussi sont mentionnés dans les fiches de promotion accessibles aux candidats. La liste est soumise au bureau du commissaire pour être publiée dans les Routine Orders. Mais cette pratique est toutefois décriée. « C’est le flou. Nous n’avons aucune idée de notre performance. Parfois nous nous demandons si des candidats ont vraiment réussi étant donné l’opacité entourant les résultats », précise quelqu’un de passer un examen. 

Nos interlocuteurs soulignent que les questionnaires de Competitive examination for promotion comprennent une trentaine de questions. Les constables sont examinés sur les Police Duties et la loi, tandis que les sergents sont confrontés à des questions plus pointues comme par exemple la gestion d’une équipe, entre autres.

Lumière sur les unités spécialisées :

 

  • National Coast Guard 
  • Heliciopter squadron, Dog Unit
  • National Security Service 
  • Very Important Persons Supporting Unit 
  • Police Vehicle Towing Unit 
  • Equipe de déminage de la Special Mobile Force (SMF) 
  • Engineering squadron de la SMF
  • Physical Training Instructors de la SMF 
  • Radio and Communication Workshop

 L’ex-inspecteur Ranjit Jokhoo : « La DFSC doit prendre position lors des exercices de promotion »

Dev Jokhoo, ex-inspecteur de police et ex-membre du comité de direction de la fédération de la police, propose que les questionnaires soient préparés par des représentants du bureau du Solicitor General et les membres de la Disciplined Forces Services Commission (DFSC) doivent réclamer des explications au commissaire s’il arrive qu’un candidat méritant n’ait pas été promu.

« Le système, la méritocratie et les compétences semblent avoir été pervertis au sein de la police. Les promotions ne devraient pas dépendre du bon vouloir du commissaire de police. La DFSC doit prendre position lors des exercices de promotion. Les représentants de l’institution doivent réclamer des explications sur la non-promotion du candidat méritant et ensuite situer les failles », soutient l’ex-inspecteur de police.

Il allègue qu’il y aurait des irrégularités lors de la préparation des questionnaires d’examen et trouve que « les examens de promotion au sein de la force policière ne sont pas crédibles ». Une fois préparés par les responsables concernés, les questionnaires sont soumis à la DFSC. 


Mario Nobin, commissaire de police :« On procède avec perspicacité et beaucoup de jugement »

Dans une déclaration au Défi Plus le commissaire de police, Mario Nobin, a fait ressortir que les récentes promotions au sein de la force policière sont justifiées. Il explique également que les policiers faisant partie des unités spécialisées sont promus en fonction de leur expertise et leurs connaissances dans leurs domaines respectifs.

N’est-il pas temps d’uniformiser l’exercice de promotion ?

C’est un mécanisme qui nécessite une très grande analyse. Mais nous ne sommes pas comme toutes les forces policières du monde. Notre police agit sur tous les fronts. D’où le fait qu’on procède avec perspicacité et beaucoup de jugement lors de l’exercice de promotion. Nous avons des effectifs en mer, dans l’air et sur terre. Il est important de repérer les meilleurs éléments. On ne peut traiter les experts comme des officiers de police normaux. Ils ont suivis des cours spécialisés et possèdent des diplômes et une connaissance approfondie dans leurs domaines. Maîtriser les coins et recoins d’un bateau, ou piloter un hélicoptère, ce n’est pas donné à tout le monde. 

Mais ces promotions automatiques dans des unités spécialisées provoquent une fois de plus des grincements de dents… 

Cela fait 14 ans qu’il n’y a pas eu de promotion dans certaines unités spécialisées de la police. Dans certains cas, le dernier exercice remonte à 2004. J’ai eu le courage de dépoussiérer la situation en faisant face à la réalité. Je me console en sachant que 1 500 officiers, tous rangs confondus, ont été promus depuis que j’ai accédé au poste de commissaire. Comme je vous l’ai dit, je sais reconnaître les talents. D’autres promotions sont à prévoir. Mais avant d’être promus, les candidats doivent respecter le code d’éthique de la police et servir convenablement la population.

 

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