Le gouvernement britannique a dit non au relogement des Chagossiens sur leurs îles natales. Le ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth a émis un ‘written statement’ mercredi, présentant des regrets et proposant une compensation de Rs 1,9 milliard à la communauté chagossienne.
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Les Chagossiens ne seront pas relogés sur leur archipel. Le gouvernement britannique a tranché et objecte à la demande de retour sur ces îles. Un communiqué a été émis dans l’après-midi du mercredi 16 novembre faisant état de la position des Britannique sur le sujet. D’ailleurs, en réponse à une question du leader de l’opposition Jeremy Corbyn au Parlement de Londres un peu plus tôt, le Premier ministre Theresa May a indiqué qu’un written statement allait confirmer la position adoptée par son gouvernement.
C’est la baronne Anelay de St-John’s, ministre d’État aux Affaires étrangères et au Commonwealth, qui a, par la suite, affiché la posture de Londres sur le sujet. Le communiqué fait état des « regrets vis-à-vis de la manière dont les natifs ont été exilés dans les années 60 et 70 ».
Le gouvernement britannique avance qu’il reconnaît le tort causé et, dans la foulée, affirme qu’il a noté « le désir de retour des Chagossiens ». Toutefois, il se déclare contre le relogement des natifs sur l’archipel et propose donc une compensation de Rs 1,9 milliard pour les dix prochaines années. Une décision, qui selon le communiqué, est basée « sur les intérêts en matière de défense, l’aspect sécuritaire et aussi sur ce que cela aurait coûté aux contribuables britanniques ».
Londres s’est aussi expliquée sur les défis à relever si l’on devait avoir une population sur ces îles. Il serait difficile d’établir un service public moderne, comprenant la santé et l’éducation et tenant compte du fait qu’il n’y aurait pas d’opportunités économiques, voire des emplois en retour.
C’est pour ces raisons que le gouvernement de Theresa May a opté pour une compensation à la communauté chagossienne : une offre de 40 millions de livres sterling (Rs 1,9 milliard) pour les dix prochaines années. Cette somme a pour but d’aider à améliorer les conditions de vie des Chagossiens, notamment « au niveau de la santé, de leur bien-être social, de l’éducation et de l’emploi ». Le fonds permettra aussi de mettre en place un programme de visite pour les natifs sur le territoire.
De plus, les Britanniques ont pris l’engagement de travailler avec la communauté chagossienne afin de développer des plans cost-effective pour donner plus de chances à ceux qui en ont besoin. Le written statement annonce aussi le renouvellement automatique du pacte britannique et américain sur la base militaire de Diego Garcia le 31 décembre, et ce jusqu’à 2036.
Les Britanniques clament que la base est utilisée par les États-Unis et autres alliés pour combattre le terrorisme, la criminalité, les instabilités ainsi que la piraterie. Ils affirment qu’ils continueront à soutenir la présence américaine sur ce territoire.
Maurice demande des explications
La démarche britannique de mercredi par rapport aux Chagos a quelque peu surpris les autorités mauriciennes. Mécontent de cette tentative de diviser l’entente entre Maurice et les Chagos, le gouvernement prépare sa riposte.
Mercredi, Xavier-Luc Duval, Premier ministre suppléant, a rencontré le haut commissaire britannique à Maurice, Jonathan Drew. Il était accompagné du secrétaire au cabinet Nayen Kumar Ballah, et du Solicitor General, Dhiren Dabee. C’est ce qu’a confirmé le chef du gouvernement par intérim.
« Le gouvernement va émettre un communiqué pour exprimer la position de Maurice », a déclaré Xavier-Luc Duval, lors d’un événement organisé par l’IATA, mercredi soir. Cela aura lieu après une session de travail ce jeudi au Bâtiment du Trésor. En mission en Inde, le Premier ministre sir Anerood Jugnauth a également été informé du written statement.
« Nous allons demander des explications aux Britanniques. Il nous faut aussi comprendre la portée de cette démarche vis-à-vis des Chagossiens », a indiqué une source proche du dossier, mercredi soir. Le comité parlementaire sur les Chagos, composé de sir Anerood Jugnauth, Paul Bérenger et Shakeel Mohamed, entre autres, se rencontre le 23 novembre. La deuxième réunion entre le gouvernement mauricien et les Britanniques sur la question de la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos doit se tenir à la mi-décembre à Londres.
Réactions
Me Robin Mardemootoo : «Nous sommes déçus mais déterminés»
« Avec le dernier jugement de la Cour suprême de Londres et la déclaration de Lord Mance – à l’effet que le rapport de faisabilité entrepris par la firme KPMG donnait aux Chagossiens une ‘legitimate expectation’ à un relogement –, nous nous sommes dit que nous allions attendre un signe du gouvernement britannique. Il est là. Nous repartons en Cour avec une ‘judicial review’ pour contester cette dernière décision contre le ‘resettlement’. Nous sommes certes déçus, car nous nous attendions à un acte honorable. Mais nous sommes plus que jamais déterminés à obtenir ce droit de retour. Et nous vaincrons. »
Nous avons vainement essayé de contacter le leader du Groupe réfugiés Chagos.
Olivier Bancoult assiste aux funérailles de Paul Vergès qui ont eu lieu mardi 15 novembre.
Shakeel Mohamed : «Je suis révolté en tant que Mauricien»
« C’était clair la dernière fois que je me suis absenté du comité parlementaire en signe de protestation contre la façon de faire du gouvernement sur ce sujet. C’est une affaire qui concerne toute la nation mauricienne. Je suis attristé par le temps qu’on a perdu. Le Premier ministre n’a pu présenter la question des Chagos à l’agenda des Nations Unies et on est venu avec des excuses pour négocier et renvoyer l’échéance à l’année prochaine. Il n’y a pas eu de rencontre avec Obama, pas de rencontre avec les candidats Clinton et Trump, pas de rencontre avec le Premier ministre britannique. Je suis révolté en tant que Mauricien. Cette attitude colonialiste de l’Angleterre persiste. Attitude qui est tolérée par la grande démocratie que sont les États-Unis. Il faut qu’on puisse une fois pour toutes enclencher la machinerie pour aller vers la victoire finale. Il est important de nous mettre ensemble pour alerter l’opinion internationale. Il faut ramener la bataille sur le territoire américain. Il faut rencontrer les membres du Congrès, du Sénat qui viennent d’être élus. Il faut être partout pour que le monde puisse comprendre qu’on doit mettre un terme à l’ère coloniale. »
Paul Bérenger réserve ses commentaires
Le leader de l’opposition n’a pas souhaité commenter ces développements. Joint au téléphone, il a déclaré ne pas avoir encore pris connaissance des détails et qu’il attendrait donc avant de se prononcer.
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