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Examens : l’angoisse des parents

Examens Photo SOC examens.

Les examens sont en cours et ils sont pris très au sérieux par de nombreux parents et élèves. Mais pas par certains. Les parents font de leur mieux pour cacher leur crainte en vain. Comment surmonter cette étape ?

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«Parce que certains élèves ne prennent pas leurs études au sérieux, leurs parents s’inquiètent. Nous ne savons pas s’ils auront de bonnes notes... », déplore Ramesh. Comme lui, beaucoup de parents sont inquiets.

Certains élèves profitent des moments libres pendant les examens pour se retrouver entre amis, afin de s’amuser, au lieu de réviser...»

Lindsay, qui a une fille en School Certificate, s’assure qu’elle ne manque de rien tant sur le plan émotionnel qu’académique. Toutefois, en tant que père, il soutient être inquiet lorsque sa fille est en salle d’examens. « Les jours d’examens, j’essaie autant que possible de ne pas aller travailler, d’accompagner et d’attendre ma fille. Cela me permet d’être proche d’elle... »

L’enseignant Patrick Freynaud est d’avis que tous les parents souhaitent que leurs enfants réussissent brillamment à leurs examens. « C’est un fait que tous les enfants n’ont pas le même potentiel. Certains sont à l’aise académiquement, alors que d’autres le sont dans d’autres filières comme la musique, la menuiserie et la mécanique. Le parent a le devoir de reconnaître le potentiel de son enfant avec l’aide des enseignants… »

Par ailleurs, le psychologue Cayum Jahangeer avance que les parents ne doivent pas montrer de signes d’inquiétude prononcée. Il explique que les examens font partie de la vie et ne méritent pas une focalisation particulière.

Ceux pour qui les études ont une grande importance ne sont qu’une poignée aujourd’hui»

Indifférence des élèves

Patrick Freynaud

Pour Patrick Freynaud, les élèves sérieux sont de plus en plus rares. « Ceux pour qui les études ont une grande importance ne sont qu’une poignée aujourd’hui. Pour la grande majorité, les jours d’évaluation sont comme les autres jours. Ils prennent tout à la légère... »

Le directeur de Labourdonnais College, Houmayoun Soobadar, relate le cas d’un élève qui ne s’est pas présenté en classe, parce qu’il préférait dormir. Un autre élève s’est absenté, parce qu’il préférait réviser chez lui.

« Les élèves présentent toute sorte d’excuses pour justifier leurs absences. Certains élèves profitent des moments libres pendant les examens pour se retrouver entre amis, afin de s’amuser, au lieu de réviser... »

Pour beaucoup d’élèves, le mot examen ne fait plus peur. Patrick Freynaud avance que cette situation rend le parent vulnérable. « Plusieurs parents sont angoissés dès la publication des dates d’examens du troisième trimestre. Ils savent que l’enfant ne s’intéresse pas à ses études et que malgré tous les efforts de leur part, il continuera à agir de la sorte », dit-il.

L’enseignant ajoute que les temps ont changé. Selon lui, « autrefois, échouer dans une matière était mal vu. Maintenant, c’est extraordinaire de réussir brillamment dans une matière ».

Houmayoun Soobadar.

Houmayoun Soobadar rappelle qu’il ne faut pas attendre la veille des examens pour réviser. Cela doit se faire durant toute l’année. « Nous voyons que plusieurs parents attendent la veille des examens pour confisquer le portable et accorder une attention particulière à leurs enfants en leur donnant un bon petit-déjeuner. La discipline de vie doit être une habitude quotidienne... »

C’est un fait que tous les enfants n’ont pas le même potentiel»

Assistance

Faut-il revoir le système d’étude ? Les objectifs du Nine-Year Continuous Basic Education sont là pour aider l’élève à donner le meilleur de lui-même. Ceux qui sont en situation difficile peuvent bénéficier de classes de rattrapage. De nouvelles matières sont introduites, afin de les intéresser à étudier autrement et selon les nouvelles tendances. À ce propos le Mauritius Institute of Education procède à la formation des enseignants pendant les vacances scolaires.


Cayum Jahangeer : «C’est une épreuve normale de la vie...»

Le psychologue Cayum Jahangeer estime que la période des examens est une période normale de la vie. Il indique également que le parent ne doit pas s’inquiéter pendant les examens.

Est-il normal qu’un parent s’inquiète alors que son enfant est en période d’examen ?
C’est normal pour un parent de se soucier du bien-être de son enfant en période d’examen et durant le reste de l’année. Cela ne doit pas être accentué pendant la période des examens. C’est une épreuve normale de la vie qui ne nécessite pas une focalisation particulière. Ce n’est pas normal que les parents soient plus inquiets que d’habitude, il n’y a pas de justification pour avoir plus d’appréhension ou de préoccupation pendant la période d’examens.

Quelle influence l’inquiétude des parents peut-elle avoir sur l’enfant ?
Il pourrait y avoir un transfert et cela ne sera pas à l’avantage du candidat. L’enfant a besoin du soutien habituel et tout signe d’inquiétude apparent résulterait en un apport de confusion et de faiblesse.

Que faire pour que l’enfant ne sente pas l’inquiétude de ses parents ?
Il faut tout simplement ne pas montrer de signe d’inquiétude prononcée.

Est-ce que le stress des examens peut avoir des conséquences graves sur un candidat ?
Cela dépend. Le stress peut être bénéfique dans certains cas, une petite dose pouvant stimuler constructivement une personne. Mais trop de stress peut nuire à l’élève.

Quelle doit être la bonne attitude d’un candidat en période d’examen ?
Prendre l’examen avec optimisme. L’élève doit avoir été bien préparé et avoir bien révisé. Le travail en amont contribuera à établir un climat de confiance chez le candidat qui pourra prendre part aux examens sereinement.

Quelle attitude doit adopter un parent, lorsque son enfant a un examen ?
La préparation de son enfant pour un examen se fait en amont. Les parents doivent établir une relation qui visera à créer un climat de confiance, de responsabilité et d’autonomie chez l’enfant. Ce n’est surtout pas la peine de se montrer plus disponible ou plus concerné pour l’enfant seulement pendant les examens. Un enfant est très rusé et décèlera tout changement d’humeur et de comportement des parents. Cela ne veut pas dire que les parents doivent être indifférents.


Témoignages

Prisca Robertson : « Je suis inquiète, parce que mon fils est malade »

L’objectif du Primary School Achievement Certificate est d’être moins stressant pour les élèves. Or, tel n’est pas le cas pour Lucas, le fils de Prisca Robertson. « Je fais tout mon possible pour rassurer mon fils. Je lui ai dit de ne pas s’inquiéter et de travailler selon ses possibilités. Malgré cela, il est angoissé à tel point qu’il est fiévreux depuis quelques jours. Je suis inquiète parce que mon fils est malade... », dit sa mère qui est la présidente de la Parent-Teacher Association de l’école André-Bazerque. Elle fait observer que les épreuves de 2017 sont stressantes, puisque personne ne connaît le nouveau système. « Nos enfants sont des cobayes. Après les épreuves d’histoire-géo et de science au mois d’août, quand les enfants n’ont pas pu travailler, il y a de quoi s’inquiéter... », explique-t-elle.

Naushad Fatehmamode : «Je ne m’inquiète pas»

Naushad Fatehmamode est père de deux filles et d’un garçon. L’aînée est en Lower VI, la cadette est en Form IV et le benjamin en Grade II. Il insiste sur la préparation des enfants aux obstacles qu’ils pourraient rencontrer dans leur vie et la meilleure façon est à travers l’éducation. « En tant que père, il est de mon devoir de faire le suivi à la maison du travail en classe. Cela se fait tout au long de l’année et pas à la veille des examens. Donc, je ne m’inquiète pas », explique ce dernier qui est le président de la PTA de Renganaden Seeneevassen SSS. Il souligne qu’il fait comprendre à ses enfants qu’ils doivent travailler selon leur capacité.

Premchand Ramroop : « C’est un peu stressant »

Le bien-être de son enfant est l’objectif de tout parent. La fille de Premchand Ramroop est une candidate aux examens du Higher School Certificate et il s’assure qu’elle ne manque de rien. « Cette période des examens est un peu stressante pour nous parents. À notre époque, personne ne nous guidait, mais maintenant les parents font de leur mieux pour tout mettre à la portée des enfants... », fait ressortir Premchand Ramroop qui est le président de la PTA du Droopnath Ramphul State College. « Certains jours d’examen, je ne suis pas allé au travail. Je m’assure qu’elle prenne son petit-déjeuner. Je la dépose à temps pour qu’elle prenne ses examens et qu’elle soit à l’aise. Par-dessus tout que nous sommes à ses côtés. Même si nous sommes stressés, nous devons nous assurer qu’elle ne l’est pas... », indique-t-il.

Marie-Noëlle Jacob : «Nous ne savons pas ce qui nous attend»

Le fils de Marie-Noëlle Jacob est en Grade V. Cette mère se dit particulièrement stressée, parce qu’elle n’a pas toutes les informations sur les changements qui ont eu lieu en cette année. « Lorsque j’étais au travail, je pensais à mon fils Matis. C’est un enfant et je ne sais pas comment il affronte son questionnaire », relate-t-elle. Marie-Noëlle déplore la nouvelle formule de comptabilisation des épreuves d’histoire-géographie et de science pour l’année prochaine. « Nous ne savons pas ce qui nous attend. Les bulletins de notes que nous allons recevoir vont nous donner les points de certaines matières et nous pourrons faire le nécessaire pendant les prochaines vacances. Tel ne sera pas le cas pour l’histoire-géo et science. Cela n’est pas juste », fait-elle remarquer.

Zaina Lallmahamood : «Le stress est présent...»

« Tout parent souhaite le meilleur pour son enfant. Le stress est donc présent, nous voulons que l’enfant devienne un adulte indépendant et débrouillard », indique Zaina Lallmahamood. Enseignante de profession, elle assume qu’elle est stressée non pas parce que sa fille n’est pas prête pour les examens, mais parce que c’est encore une enfant. « Parfois, elle ne s’applique pas comme nous le souhaitons. Nous sommes aussi conscients que chaque enfant a son potentiel et nous attendons qu’elle donne le meilleur d’elle-même... » En suivant les efforts de sa fille, elle ne peut pas s’empêcher de surveiller ses faits et gestes. « À notre époque, nos parents étaient là et nous suivaient de loin. Maintenant on se demande pourquoi nous devons rester à côté des enfants ? Mais il y a toujours quelque chose qui va distraire l’enfant, qui va faire qu’il ou qu’elle ne restera pas concentrée. Je ne sais pas si ce que je fais est bien, mais je fais de mon mieux », dit-elle.

 

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