Après les récents cas de corruption survenus dans les centres de contrôle technique automobile du pays (fitness), des responsables réagissent. Ils affirment que les examens des véhicules se déroulent dans des conditions strictes.
Publicité
Forest-Side, 11 heures. Le centre de contrôle technique automobile SGS Limited grouille de véhicules. Des examinateurs s’affairent à la vérification d’une centaine de véhicules. Selon Jean-Paul Sin Chan, l’« Operations Manager », l’examen des véhicules « se fait de façon informatisée, conformément aux normes depuis la privatisation des centres de ‘fitness’. » Il dira aussi que le « risque de corrompre est de zéro pourcent » en raison de la numérisation du système, des caméras de surveillance installées dans les divers points de vérification et de la double supervision effectuée par les examinateurs (Vehicle testers) après la vérification complète des véhicules. Le centre SGS Limited dispose aussi d’un système informatisé de contre-vérification.
Au centre de contrôle technique Autocheck, situé dans la zone industrielle de Plaine-Lauzun, c’est le même scénario. Selon Rajen Narainsamy, « Centre Manager », les procédures sont rigoureuses en dépit du nombre de véhicules qui sont examinés quotidiennement. Le nombre de véhicules examinés quotidiennement est entre 300 à 500. « Le centre dispose d’une trentaine de caméras de surveillance et toutes les procédures sont suivies en présence de régulateurs basés auprès de la NTA », a-t-il déclaré.
Et de poursuivre : « Notre mode d’opération est simple. Des enregistreurs vidéo sont installés sur l’alignement des véhicules, motocyclettes, camions et voitures, et les clients n’ont aucun contact avec le personnel du centre. Ils sont mis à l’écart lors de l’examen du véhicule. »
Vérification stricte
Akilesh Juggoo, un représentant du centre de contrôle d’Eastern Stone Crusher, situé à L’Aventure, abonde dans le même sens : « Nous sommes strictes lors de la vérification des véhicules. Aucun détail n’est laissé au hasard. Les défaillances qui sont généralement détectées se situent au niveau des freins. Mais le client est appelé à effectuer les modifications nécessaires dans son véhicule afin d’avoir son certificat. »
Le centre de contrôle de L’Aventure est doté d’importants dispositifs pour traquer tout corrupteur. Une cinquantaine d’enregistreurs vidéo ont été installés à l’intérieur, à l’extérieur du centre et même dans la cantine. « Des ‘sting operations’ sont également organisées en vue de piéger ceux qui chercheraient à de soudoyer les examinateurs », a fait ressortir Akilesh Juggoo.
Et est-il possible que des employés de la National Transport Authority (NTA) soient mêlés à des cas de corruption, malgré la privatisation des centres ? L’« Operations Manager » de SGS Limited se montre dubitatif à ce propos : « Ces derniers influenceraient peut-être les examinateurs ou les clients à donner des pots de vin pour falsifier des documents. Qui sait ? »
Rajen Narainsamy, lui, condamne toute transaction louche visant à falsifier les certificats de fitness. Et de renchérir : « Croyez-vous que les examinateurs seraient suffisamment imbéciles pour s’adonner à des transactions suspectes dans les centres ? Si quelque chose se trame, tout se fera en dehors. Mais comment pouvons-nous déjouer les plans du corrupteur et de la personne corrompue ? »
« Toute est une question d’éducation. Les instances concernées, telles que l’ICAC, doivent sensibiliser les examinateurs et le public sur la corruption », a ajouté, pour sa part, Akilesh Juggoo.
Des officiers trouvés coupables
Des officiers affectés dans certains centres de contrôle ont été mis à la porte, car ils ont été trouvés coupables d’avoir réclamé des pots de vins aux conducteurs. La NTA a été mise au courant de la situation. Les mesures s’intensifient. Ainsi des enregistreurs vidéo numériques seront bientôt placés dans certains points stratégiques des centres. Ils seront également installés à Rodrigues. De plus, une salle de contrôle sera installée pour superviser les activités dans les centres.
Herold Louise, un client : « Rien ne prouve que les enregistreurs vidéo sont opérationnels »
Rencontré au centre de SGS Limited, Herold Louise, habitant Chemin-Grenier, dira que c’est la deuxième fois qu’il procède à la vérification de son véhicule. « Je suis satisfait du service, car tout est professionnel. C’est dommage que la NTA ait décelé des cas de fraude malgré la privatisation des centres. Pourtant tout paraît sécurisé. Je commence à me poser des questions sur l’efficacité des dispositifs de sécurité. D’ailleurs, rien ne prouve que les enregistreurs vidéo situés dans les centres sont opérationnels », note-t-il.
Les raisons de la privatisation
La privatisation des centres de contrôle automobile fait suite au démantèlement, en janvier 2016, d’un réseau de fraudeurs impliquant des officiers de la NTA. Des véhicules qui n’avaient jamais été contrôlés circulaient avec de faux « horsepower ». Afin de mettre fin à cette situation, le gouvernement avait décidé de privatiser les centres de contrôle. La NTA, qui est l’entité régulatrice, a pour tâche d’assurer que les véhicules examinés soient conformes aux normes routières. Depuis août 2016, trois centres de contrôle technique, basés à Plaine-Lauzun, Forest-Side et L’Aventure, sont opérationnels.
Les procédures dans l’octroi du fitness certificate :
L’analyse d’un véhicule est un véritable travail de fourmi, car toutes les pièces doivent être examinées. Huit points sont testés sur les véhicules. Les étapes de vérification sont les suivantes :
- L’analyse de la fumée émanant du conduit d’échappement.
- L’inspection visuelle de l’état de la ceinture de sécurité, de l’extincteur et du pare-brise
- L’examen de l’alignement des quatre roues du véhicule.
- L’analyse de la suspension et autres amortisseurs du véhicule.
- Le contrôle des roues avant/arrière et du système de freinage.
- L’examen des roulements usés. Un « Axle play detector » est utilisé.
- L’inspection de l’intensité de la lumière et l’alignement des phares.
- Le degré de la teinte du pare-brise, des « sunbars » et des vitres des véhicules sont examinés par un « tint meter. » À noter que le degré de la teinte des voitures d’origine est de 20 %. La loi mauricienne permet un degré n’excédant pas 25 %.
- Le bruitage produit par le véhicule est ensuite analysé.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !