Eventuel retour de Collendavelloo au Cabinet - Jean Claude de l’Estrac : «Ce serait la preuve absolue que l’État instrumentalise l’Icac»

La récente convocation à l’Independent Commission Against Corruption (Icac) d’Ivan Collendavelloo dans l’affaire Saint-Louis est perçue comme la dernière ligne droite avant qu’il ne fasse son retour au cabinet des ministres. Le sujet a été débattu lors de l’émission « Au Cœur de l’Info » avec Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul et leurs invités. 

Pour Jean Claude de l’Estrac, ancien ministre et observateur politique, qui intervenait par visioconférence, il ne faut pas aller trop vite dans les spéculations entourant un éventuel retour d’Ivan Collendavelloo, leader du ML, au cabinet des ministres. Selon lui, si ce dernier est « blanchi » prochainement dans l’affaire Saint-Louis, cela équivaudra à prouver que l’Icac ne serait qu’un outil dans la main de l’État. « Ce serait la preuve absolue que l’État instrumentalise l’ICAC et ce sera un discrédit supplémentaire pour l’institution. Il n’y aurait alors pas eu une illustration aussi claire et nette que cela », estime-t-il. 

Pour lui, ce serait une « grossière stratégie » de la part du gouvernement, du Premier ministre et de l’Icac. « Il faut être vraiment fou pour qu’ils fassent une histoire aussi cousue de fil blanc que cela. C'est pourquoi je garde un certain recul, car je me demande quelles pourraient être les intentions du gouvernement », dit-il. 

Subash Gobine, journaliste de carrière et éditorialiste, estime qu’Ivan Collendavelloo sera appelé à jouer un rôle important aux prochaines élections, notamment dans les villes. « Le MSM doit s’assurer que l’opposition n’obtienne pas tous les sièges dans les villes. Déjà qu’au niveau des régions rurales, le MSM peut se retrouver en difficulté avec les votes ‘coupe-trance’, communaux et 'castéiste' », indique-t-il.

Selon lui, l’ancien No. 2 du gouvernement pourrait être un atout. « Donc le MSM est en train d’investir en lui. C’est une tentative de grignoter autant de votes possibles dans l’électorat du MMM. Il l’a fait en 2014 et renouvelé en 2019, même avec quelques problèmes », dit-il. 

Quant à Bernard Saminaden, journaliste et observateur politique, Pravind Jugnauth serait en train de créer une autre dynamique en rappelant Ivan Collendavelloo au cabinet des ministres, suite à sa victoire au Privy Council. « C’est quelqu’un de charismatique avec une puissance des mots et qui a l’art de convaincre. Des caractéristiques que ne possèdent pas tous les politiciens et qui seraient très utiles pour convaincre pendant des élections », fait-il ressortir.

Il estime qu’Ivan Collendavelloo sera appelé à jouer un rôle « commando » en allant chercher les mécontents et les exclus des partis de l’opposition. Le fait qu’il soit resté discret ces trois dernières années jouerait également en la faveur du leader du ML, à en croire Bernard Saminaden. Il est lui aussi d’avis qu’Ivan Collendavelloo devra convaincre l’électorat des villes. « Le MSM sait pertinemment qu’il est faible dans les régions urbaines. Il met donc toutes ses chances de son côté afin de limiter les dégâts », dit-il.