Les examens pré-internat ont livré leur verdict. 58 % des aspirants médecins ont échoué. Le niveau général inquiète les professionnels de la Santé car la plupart des recalés ont échoué à deux reprises.
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150questions à choix multiples. Un pass mark placé à un accessible 50 %. Pas d’élément clinique, ni d’éthique dans tout cela. Ce sont les critères auxquels doivent répondre les aspirants médecins lors de leurs examens pré-internat avant de pouvoir commencer leur internat dans les hôpitaux publics. Des critères qui devraient être à la portée de tous, estime-t-on au Medical Council. Pourtant, 78 des 134 candidats ont échoué, 65 étant à leur deuxième tentative. Un résultat que le président du Medical Council, Kailesh Jagutpal, a qualifié de « choquant. » Parmi ceux qui ont échoué, un point commun : des études dans les pays de l’Est. Le ministre de la Santé, Anwar Husnoo, leur a tout de même laissé l’opportunité de faire leur internat mais sans allocation de l’État.
« Pourquoi faire des examens dans ce cas ? Quel est le niveau de ces types qui ont échoué deux fois ? » se demande un membre du conseil des médecins, interrogé par Le Défi Plus. La décision du ministère de la Santé laisse perplexe compte tenu du niveau des aspirants médecins concernés. Un examen plus approfondi des données concernant ceux qui ont réussi et ceux qui ont échoué permet de dresser un portrait plutôt inquiétant de la situation.
Un médecin donne une idée du niveau : « Le meilleur candidat n’a atteint que 120 points et le pire a obtenu 40 ou 42 points. La majorité des candidats se trouvent dans la fourchette des 75-100 points. » Cette même source révèle que parmi ceux qui avaient déjà échoué une première fois à ces examens, cinq ont choisi de ne pas y participer et seuls quatre ont réussi à passer la barre des 75 points de justesse. Les 65 autres ont été une nouvelle fois recalés. « C’est un échantillon du niveau de ces candidats, explique ce médecin. Il faudrait encore rehausser le niveau afin d’éliminer les mauvaises graines. »
Les aspirants médecins ont toutefois trouvé la parade. Le niveau des questionnaires est trop élevé, arguent-ils. Le Medical Council n’accorde que peu de crédit à ces explications, mais il a fait une demande officielle auprès du National Board of Examinations de l’Inde, chargé de la préparation du questionnaire, pour en avoir une copie. « Il faut attendre le questionnaire avant de pouvoir se prononcer sur ce sujet », explique une source officielle. Certains n’attendent pas cela pour démolir l’argument des aspirants médecins. « Le questionnaire original contenait 300 questions et nous l’avons ramené à 150, explique ainsi le médecin siégeant sur le board du Medical Council, et 50% de bonnes réponses dans un ‘multiple choice’, sans même de ‘case study’, devraient être à la portée de tous ! » Une opinion partagée par plusieurs autres médecins du service public.
Les universités où ont étudié ces aspirants médecins peuvent donner un élément de réponse sur leur qualité. « La Chine a produit certains des meilleurs médecins, mais certaines de leurs universités ont formé un grand nombre de ces recalés et la Southern Medical University est une des pires », confie le médecin du Medical Council. Le Wunzhou Medical University, Nanjing Medical University et Daliam Medical University figurent aussi dans ce hit parade peu glorieux.
Comment améliorer la qualité des futurs candidats ? Les sources interrogées par Le Défi Plus apportent deux réponses : enlever les universités de bas niveau de la liste d’institutions reconnues ou changer complètement le système de « reconnaissance qui ne sert à rien » pour utiliser comme critère l’enregistrabilité du médecin dans le pays où il a étudié.
Quatre ans d’échec continu
Loin d’être exceptionnel, le taux d’échec aux examens d’entrée pour les aspirants médecins est une constante depuis leur création en 2013. Au départ, il n’y avait qu’un examen pour ceux en fin d’internat avant qu’ils ne soient admis sur le registre officiel des médecins reconnus de Maurice. La première édition a été une hécatombe et a provoqué une onde de choc. L’introduction d’un deuxième examen avant de démarrer l’internat n’a pas donné de résultats différents.
En 2013, il n’y avait que sept candidats. Parmi, seuls deux ont réussi. Ce qui donne un taux d’échec de 71,4%. S’agissant de six candidats aspirants dentistes, la totalité a échoué. Parmi les cinq recalés, deux ont obtenu leur diplôme de l’Ukraine et deux autres en Roumanie. Le cinquième a étudié en Inde. Les deux qui ont réussi l’épreuve de justesse, passant tout juste au dessus de la barre requise des 50 %, avaient étudié en Inde et au Pakistan. Cependant, certaines voix se sont élevées pour dire que l’échantillon était trop restreint pour en tirer des conclusions.
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