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Étude de Kantar : un sondé sur deux n’a d’affinités avec aucun parti politique

Dans son étude annuelle sur la confiance des Mauriciens dans les institutions et la classe politique, Kantar (Indian Ocean) révèle que « les partis traditionnels et leurs leaders semblent ne plus répondre à leurs aspirations ». Par contre, les radios privées et la presse sont les institutions auxquelles les Mauriciens font le plus confiance.

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L’étude annuelle indépendante de Kantar sur la confiance des Mauriciens dans les institutions et la classe politique indique que 54 % des sondés affirment qu’ils ne sont proches d’aucun parti politique. L’étude révèle aussi que « la quasi-totalité pense que des réformes doivent être menées ». 
Il se trouve d’ailleurs que 71 % des sondés sont carrément en faveur d’une réforme du système électoral. Que peut-on en conclure ? Que « cette situation engendre une déconnexion entre la classe politique et la population ». 

Tout comme c’est le cas pour les institutions publiques, les politiciens souffrent d’un déficit de confiance. « Ces derniers sont surtout perçus comme agissant pour leur propre intérêt plutôt que pour celui des Mauriciens. Les Mauriciens, surtout les plus jeunes, s’accordent à dire que de nouveaux leaders politiques, plus jeunes, devraient s’affirmer dans les mois et les années à venir, confirmant ainsi leur envie de changement », peut-on lire dans le rapport. 

Par contre, les radios privées et la presse sont les institutions en lesquelles les Mauriciens ont le plus confiance. 

Méthodologie utilisée 

Kantar (Indian Ocean) a réalisé son étude à partir d’un échantillon national de 500 individus âgés de plus de 18 ans, représentatifs par région, âge et catégorie socio-professionnelle ainsi que groupe ethnique. Afin de garantir la qualité et la représentativité des réponses, une sélection aléatoire est opérée. Les interviews ont été menées au téléphone et conduites en kreol du 1er au 30 octobre 2020.

Le Premier ministre est-il à la hauteur ? 

Une des questions portait sur la capacité du Premier ministre, Pravind Jugnauth, à pouvoir relever les défis actuels. Les avis des personnes interrogées sont mitigés. Ils sont seulement 9 % à être confiants. Trente-deux pourcents des sondés sont plutôt confiants que le chef du gouvernement sera à la hauteur. En revanche, 30 % n’ont pas confiance en ses aptitudes et 16 % ne sont plutôt pas confiants. Les 13 % restants ont préféré ne pas se prononcer sur le sujet.

2020 : une année compliquée pour les Mauriciens

L’année 2020 a été particulièrement compliquée en raison de la COVID-19. D’un côté, la plupart des Mauriciens sont plutôt positifs sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement. Ils sont 44 % à approuver la manière dont cette crise a été gérée, tandis que 30 % des sondés ne l’approuvent pas. Quant aux 26 % restants, ils ne se prononcent pas. 

De l’autre côté, les consommateurs sont financièrement affectés par la pandémie. Leur confiance a d’ailleurs chuté de près de 40 points en huit mois. « Les Mauriciens semblent évidemment très inquiets pour l’avenir, mais surtout à court terme. Ils sont très prudents ou sélectifs dans leurs dépenses », conclut Kantar.

L’autre grand événement qui a marqué l’année est la marée noire provoquée par le MV Wakashio, vraquier japonais qui s’est échoué au large de Pointe-d’Esny le 25 juillet dernier. Ils sont seulement 15 % des sondés à approuver le « response » du gouvernement mauricien. L’immense majorité, soit 67 %, ne l’approuve pas. Le reste préfère ne pas se prononcer sur la question. 

Unanimité autour de la nécessité d’apporter des réformes 

Il est grand temps qu’il y ait des réformes. C’est ce qu’estiment les sondés. Pour eux, la priorité devrait être de réformer le système économique et le système éducatif, suivis de près par la santé et la politique.

% des Mauriciens qui citent cette réforme à apporter en priorité

reform

Les partis politiques jouissent d’une plutôt mauvaise opinion 

Le Mouvement militant mauricien (MMM) bénéficie d’un léger avantage d’opinions positives, suivi du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), du Parti travailliste (PTr), du Reform Party et de Rezistans ek Alternativ. Le Mouvement socialiste militant (MSM) est le dernier de la classe. 

Par contre, les écarts ne sont pas significatifs. Le MSM, bon dernier, a une note de 2,36 alors que le MMM, premier du classement, score 2,8. Autre constat : plus de 20 % des sondés n’ont pu donner une opinion sur ce qu’ils pensent des partis politiques. Aucun parti politique ne jouit cependant d’une bonne opinion. 

Score d’opinion sur les partis politiques proposés 

Parti politique Score 
MMM 2,8
PMSD  2,6
PTr 2,5
Reform Party 2,5
Rezistans ek Alternativ 2,4
MSM 2,36

Calcul des scores 

5 : Très bonne 
4 : Plutôt bonne 
2 : Plutôt mauvaise 
1 : Très mauvaise  
0 : Ne sait pas

Un sondé sur deux ne se sent proche d’aucun parti politique 

Dans leur très grande majorité, les sondés ne se sentent pas proches d’une formation politique en particulier. Selon Kantar, 54 % des sondés n’ont aucune affinité avec quelque parti que ce soit. 

Par contre, parmi ceux qui se sentent proches d’un parti politique, le Mouvement socialiste militant (MSM) arrive en première position et le Mouvement militant mauricien (MMM) est second. Les scores sont cependant très faibles. Seulement 14 Mauriciens sur 100 se sentent proches du MSM et 11 sur 100 proches du MMM. Le Parti travailliste (PTr) ferme le trio de tête avec 8 Mauriciens sur 100. 

parti

Une réforme électorale s’impose 

Soixante et onze pourcents des sondés se disent en faveur d’une réforme du système électoral, alors que 14 % seulement sont pour le statu quo. Quant aux 15 % restants, ils n’ont aucune opinion à ce sujet.

vote

Joanna Bérenger, Shakeel Mohamed et Arvin Boolell joueront un rôle à l’avenir 

« Mo pou dir ou bann nom bann politiciens. Eski ou panse sa bann dimounn la pou kontribiye dan lavenir Maurice pou bann mwa ek lane a venir ? » C’est la question posée par les enquêteurs de Kantar aux participants de l’étude. En priorité, ces derniers ont pensé à Joanna Bérenger, à Shakeel Mohamed et à Arvin Boolell. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, se place à la sixième position. Paul Bérenger est en septième position et de loin le dernier est Navin Ramgoolam. 

Politicien Oui Non Ne sait pas
Pravind Kumar Jugnauth 43% 43% 15%
Xavier-Luc Duval 48% 34% 17%
Paul Bérenger 41% 44% 15%
Navin Ramgoolam 22% 61% 16%
Arvin Boolell 63% 21% 16%
Shakeel Mohamed 63% 23% 15%
Joanna Bérenger 66% 19% 15%
Roshi Bhadain 46% 37% 17%

 

Perte de confiance dans les institutions « Pas étonnant », selon des observateurs 

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Selon Jean Claude de l’Estrac, observateur politique, cela fait plusieurs années que les sondages indiquent cette perte de crédibilité dans les institutions publiques. Pour lui, cela n’a rien de surprenant. Il souligne qu’il n’est pas surpris que peu de gens disent ne pas avoir d’affinités avec un parti politique. « Nous sommes entre deux élections. Les gens se sentiront proches d’un parti uniquement lorsqu’ils seront pris par la fièvre électorale, soit à quelques mois des élections », explique-t-il. 

Il ajoute qu’un sondage jauge la perception d’une personne sur le moment, alors qu’il reste quatre ans avant les prochaines élections et que beaucoup de choses peuvent changer. « Il faut aussi tenir compte du fait que des sondages ont la capacité de changer la perception. Les gens ont tendance à se ranger du côté gagnant. »

L’observateur Jocelyn Chan Low est catégorique. L’étude de Kantar est, selon lui, un reflet de ce qui se passe dans la société. Le gouvernement peut se retrouver en difficulté lors des prochaines joutes électorales si la tendance se poursuit. 

Il dit qu’il ne faut pas oublier qu’il y a eu des manifestations contre un gouvernement élu par environ 38 % des votants. « Les gens ne se méfient pas d’un gouvernement mais du système, des institutions comme la police, de l’Icac et même de la commission électorale. C’est pour cela qu’ils sont nombreux à réclamer des réformes… Ce sondage peint un bon tableau de la situation et les élections villageoises le confirment », conclut l’observateur. 

Confiance dans les institutions 

Les radios privées et les banques s’en sortent bien

  • Le GM, les partis politiques et à la MBC sont au bas du tableau 

Il y a un déficit de confiance des Mauriciens dans les institutions. La première place est tenue par les radios privées avec une note de 7,01 sur 10, suivi des banques (6,4) et de la presse (6,05). 

Tout au bas du tableau, on retrouve les partis politiques avec 3,64 points et la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) avec 3,6 points. Le gouvernement ne fait guère mieux avec sa note de 4,11. 

Kantar note que la génération des moins de 25 ans « est la plus confiante, sûrement parce qu’elle est celle qui est la moins expérimentée aussi ».  

Institutions ayant un niveau de confiance assez élevé

Institution Note (sur 10)
Les radios privées 7,01
Les banques 6,4
La presse  6,05

 

Institutions ayant un niveau de confiance moyen

Institution Note (sur 10)
Le système d’éducation 5,9
Les responsables religieux 5,8
Les grandes entreprises privées 5,8
Les associations 5,7
Les hôpitaux/système de santé 5,7
La sécurité sociale 5,6
Les réseaux sociaux  5,5
Les petites et moyennes entreprises 5,4
Les grandes entreprises publiques 5,4
La police 5,4
Les syndicats 5,3
La justice et le système judiciaire 5,0

 

Institutions ayant un niveau de confiance en-dessous de la moyenne

Institution Note (sur 10) 
Autorités locales et municipales 4,72
Système électoral 4,43
Gouvernement 4,11
Radios publiques (MBC) 4,02
Partis politiques 3,64
Télévision publique (MBC) 3,6

 

Qui sont les plus influents ? 

Les Mauriciens considèrent que les politiciens sont les plus influents. Puis il y a les journalistes et les religieux. En revanche, les moins de 26 ans sont d’avis que les réseaux sociaux sont plus influents que les religieux. Ceux qui sont considérés comme étant les moins influents sont les représentants sociaux et les experts sollicités par les médias. 

Pourcentage des sondés qui citent ce groupe en premier

pourcentage

«Les politiciens roulent pour eux-mêmes» 

Environ trois tiers des Mauriciens (68 %) pensent que les politiciens travaillent surtout pour leur propre intérêt. Seulement 18 % des sondés sont d’avis que les hommes et les femmes politiques agissent dans l’intérêt des Mauriciens. Le reste, c’est-à-dire les 14 %, n’a aucun avis sur la question.

Mauvais fonctionnement de la démocratie 

Pas moins de 57 % des Mauriciens interrogés « pensent que le système démocratique fonctionne plutôt mal à Maurice ». Ils ont l’impression que leurs « idées ne sont pas bien représentées ». Trente pourcents estime que le système démocratique fonctionne « plutôt bien » et 13 % ne se sont pas prononcés.

Nathalie Job, Joint CEO Indian Ocean Islands chez Kantar : «Les radios privées et les journaux sont perçus comme des contre-pouvoirs» 

nathalieUne étude de la perception de la population se prépare scientifiquement et les données sont analysées pour refléter au maximum la réalité. C’est ce que nous fait comprendre Nathalie Job, Joint Chief Executive Officer (CEO) Indian Ocean Islands chez Kantar. 

Durant quelle période l’étude a-t-elle été menée ?
Elle a été réalisée entre le 1er et le 30 octobre 2020 sur un échantillon de 500 personnes. 

Est-ce que les résultats de vos études annuelles du passé se sont reflétés dans les joutes politiques (élections, entre autres) ?
Oui. Les sondages réalisés par Kantar sont des études de confiance. Nous ne publiions pas d’études politiques avant. Mais en 2014, nous avons mené une étude et au troisième trimestre, l’indice de confiance de la population dans le gouvernement était au plus bas. 

Ces résultats se sont reflétés dans ceux des élections qui ont suivi avec un changement de gouvernement. Aujourd’hui, il faut comprendre qu’en ce moment, les Mauriciens subissent les effets de la COVID-19 et cela explique le manque de confiance dans le gouvernement.

Comment qualifieriez-vous la fiabilité de l’étude ?
Ces résultats comportent une fiabilité à 95 %. Nous avons inscrit dans les graphes des marges qui démontrent le pourcentage obtenu et la fourchette dans laquelle il se trouve. Vous noterez que la marge n’est pas aussi grande. Cela démontre qu’il y a un contrôle qualité des données et un traitement scientifique des réponses.

4,98 % des sondés réclament des réformes. Ne trouvez-vous pas cela impressionnant ? 
Les gens sont toujours en attente de changement. L’idée derrière l’étude est de voir ce qu’ils attendent. Pour une première fois où nous posons ce type de questions, c’est impressionnant qu’autant de gens réclament des réformes au sein de certaines institutions. 

C’est inquiétant aussi. Le fait que les gens doivent avoir recours aux médias en cas de problème démontre un dysfonctionnement au niveau du système.

 

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