Mise à jour December 28, 2025, 4:04 pm

"Et Dieu... créa la femme": quand Bardot bousculait les tabous

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Brigitte Bardot collage

Et un film... créa un mythe ! En décembre 1956, Brigitte Bardot, 22 ans, devient un sex-symbol, incarnation de la révolution des moeurs qui s'annonce : dans "Et Dieu... créa la femme", elle est Juliette, à la fois ingénue et provocante.

Le tournage à Saint-Tropez de ce film devenu culte restait l'un des grands souvenirs de cinéma de l'actrice, "dans un village authentique encore loin de la foule déchaînée, plein de charme, de pêcheurs et d'accent du Midi", confiait-elle à l'AFP pour les 60 ans du film de Roger Vadim.

Son pire souvenir ? "Quand le film s’est arrêté et que le rêve prenait fin avec ma séparation d’avec Vadim...".

Jupe ouverte jusqu'à la taille, chevelure en pagaille, Brigitte Bardot y danse un mambo fiévreux et suggestif, faisant chavirer les prétendants joués par Jean-Louis Trintignant, Christian Marquand et Curd Jürgens.

Pour la première fois au cinéma, une femme exprime son désir à l'égal d'un homme. Les ligues de vertu crient au scandale mais B.B. devient le modèle de nombreuses Françaises.

Des scènes sont coupées par la censure, notamment celle explicite d'un cunnilingus, qu'Arte a dévoilé pour la première fois en 2016, lors d'une soirée anniversaire.

Dans la vie, B.B. affichera la même liberté que son personnage, "une fille de son temps, affranchie de tout sentiment de culpabilité, de tout tabou imposé par la société", selon Vadim.

"Brigitte Bardot n'est pas Simone de Beauvoir, mais avec son personnage libre, et libre de son corps, elle a parlé aux femmes de cette époque. B.B. a été l'un des signes forts dans une période d'ascétisme, avec la volonté de faire bouger les choses", estimait Françoise Picq, historienne du féminisme, au moment de l'anniversaire du film en 2016.

Soixante ans après sa sortie, Brigitte Bardot s'amusait encore du scandale provoqué dans les milieux conservateurs : "C’était rigolo parce qu’en fin de compte, il n’y a rien de choquant!"

'Je me fous' de la condition féminine

"Le mambo que je danse a été totalement improvisé. J’ai laissé libre cours à mon instinct. J'ai dansé comme j’en avais envie, envoûtée par la musique, c’est tout! Ça vous épate hein ?", ajoutait B.B., assurant être restée indifférente au grand mouvement d'émancipation suscité par le film. "Je n'ai jamais eu l'esprit tarabiscoté, et j'ai adoré ce rôle écrit sur mesure pour moi, point barre!"

Quid de la condition féminine, soixante ans après le film ? "Je m'en fous! La condition animale est beaucoup plus préoccupante", répondait l'actrice.

Quant au phénomène B.B. qui a suivi, "il m'est tombé dessus comme à Gravelotte!", affirmait-elle. Le succès aussi: "On ne s'y attend jamais, car on doute toujours".

Dans un portrait télévisé consacré à Roger Vadim, le réalisateur Olivier Nicklaus définissait le cinéaste comme le premier à avoir érigé l'hédonisme en vertu, à la scène comme à la ville. Vadim assurait avoir laissé B.B. "jouer avec ses défauts et ses qualités un personnage pas exactement le sien, mais correspondant à sa nature".

"J'ai trouvé Vadim sublime de beauté, mais je n'aurais jamais pensé qu'il tomberait amoureux de moi. Tout ce que j'ai appris, je l'ai appris avec lui", confiait pour sa part l'actrice.

"Et Dieu créa... la femme" scellera la fin de leur amour. Ils divorcent le 6 décembre 1957, un an après la sortie du film.

Pendant le tournage, Brigitte Bardot est tombée amoureuse de Trintignant. "Le film a été notre enfant artistique. Ce fut une façon merveilleuse de rompre!", commentait Vadim.

Avec plus de 4 millions d'entrées en France et le double aux Etats-Unis, malgré la censure, "Et Dieu... créa la femme" rapporta plus de devises que la Régie Renault, selon Antoine Pinay, alors ministre des finances du général de Gaulle.

AFP

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