Une patiente, décédée à l’hôpital Jeetoo, aurait reçu des traitements basés sur le dossier médical de son mari. C’est aussi le nom de ce dernier qui est inscrit sur le cadavre à la morgue. Le ministère de la Santé a ordonné une enquête approfondie.
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Phoolia Soborun, 89 ans, ne fêtera pas ses 68 ans de mariage avec son époux Pahalad, 91 ans, en décembre. Cette habitante de Coromandel est décédée à l’hôpital Jeetoo le jeudi 14 septembre après son admission la veille. Le plus grave, c’est que la famille Soborun parle de « négligence médicale ». En effet, les proches disent avoir constaté que Phoolia Soborun aurait reçu des soins à l’hôpital sur le dossier médical de son époux Pahalad ! Pire : à la morgue, le cadavre porte aussi le nom de son mari. En clair, c’est Pahalad Soborun qui est mort alors qu’il est toujours vivant !
Inséparables
La question qui taraude la famille Soborun : est-ce que la défunte a reçu des soins inappropriés basés sur le dossier de son époux ? Le couple Soborun, souffrant de maladies dues à la vieillesse, suivait des traitements à l’hôpital. Pahalad Soborun figure parmi les premiers résidents de la région de Coromandel. Il était planteur de cannes à sucre et il a été toujours épaulé par son épouse Phoolia qui travaillait dans leurs champs. Le couple a sept enfants, 17 petits-enfants et 13 arrière-petits-enfants. Ils étaient inséparables dans la vie et à la tâche jusqu’à ce que la mort les sépare.
Le 16 août 2017, jour de son anniversaire et alors qu’elle se prépare pour la prière, Phoolia fait une chute. Souffrant d’une entorse au pied gauche, elle est conduite à l’hôpital Jeetoo. Elle est plâtrée et gardée en observation pendant quelques jours avant d’être autorisée à rentrer chez elle. Le 4 septembre, ses proches remarquent que Phoolia a le visage et les mains enflés. Elle a aussi des nausées au moment des repas. Ils l’emmènent à l’hôpital Jeetoo où elle est admise pendant cinq jours à l’unité des soins intensifs. Puis, elle est transférée en salle avant de rentrer à la maison.
Natisha, la petite-fille de Pahalad et Phoolia Soborun, explique : « Nous avions remarqué que l’infirmière avait pris le dossier de mon grand-père quand ma grand-mère a été conduite en salle pour son admission. Nous avons attiré l'attention du personnel soignant mais l’infirmière a répondu ‘non dosye la bon’. Nous pensions qu’on allait s’apercevoir de l’erreur et la corriger… »
Après quelques jours, Phoolia Soborun rentre chez elle mais sa santé se détériore. Au matin du mercredi 13 septembre, elle souffre de graves troubles respiratoires et ses proches sollicitent l’aide du Samu pour la transporter à l’hôpital. « Nous avons demandé au médecin du Samu de s'assurer qu’il n’y ait pas d’erreur sur le dossier médical de notre grand-mère, confie Natisha. À l’hôpital, nous avons informé son médecin traitant que dès le départ, il y avait eu une confusion sur son dossier de la part des infirmières. »
Le jeudi 14 septembre, à 2 heures du matin, l’hôpital informe les proches de Phoolia Soborun de son décès. « Nous nous sommes immédiatement rendus à la salle D4 et sur un bureau, j’ai vu un dossier portant le nom de mon grand-père. J’ai demandé à l’infirmière responsable, ce jour-là, de quel dossier il s’agissait. Elle m’a répondu que c’était celui de ma grand-mère. Je l'ai ouvert et à ma grande surprise, j’ai vu qu’il contenait tous les antécédents médicaux de mon grand-père. En 2010, il avait aussi eu une fracture à la jambe gauche et j'ai remarqué que le dossier contenait des tests effectués au nom de ma grand-mère pendant son admission. J'ai demandé à voir le corps de ma grand-mère. Là encore, j’ai été stupéfaite de voir qu’il était étiqueté aux nom, âge et numéro de dossier de mon grand-père. Alors que mon grand-père est bien vivant et qu’il n’a pas été à l'hôpital pour des traitements depuis bien longtemps. »
Constat
Natisha sollicite alors l'aide de la police de l'hôpital pour un constat avant de faire une déposition au Line Barracks le même jour. Elle prend à témoin le policier venu constater l’erreur. « Nous avons adressé une plainte au ministère de la Santé, au Premier ministre et à la Human Rights Commission, indique-t-elle. Nous demandons des actions disciplinaires; car nous ne souhaitons pas que d’autres familles souffrent comme nous… »
Sollicité pour une réaction, un responsable du ministère de la Santé a dit être au courant de ce cas de négligence médicale alléguée. « Une enquête interne est en cours pour faire la lumière sur cette affaire et un rapport est attendu avant d’entamer la prochaine étape », soutient ce responsable.
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