Éric Guimbeau : une figure engagée et emblème du n°17

L’ancien parlementaire Eric Guimbeau est décédé tragiquement dans la soirée du mardi 5 mars après un accident de moto survenu dimanche. La disparition de celui qui a marqué la circonscription Curepipe-Midlands par son engagement et son dévouement provoque la consternation parmi les habitants. 

De son parcours politique au sein du MMM à son implication au Mouvement mauricien social-démocrate, en passant par son passage par le PMSD, Éric Guimbeau a incarné une force politique constante dans la circonscription n°17 (Curepipe/Midlands), où il a été élu à trois reprises.

 2000 : Dans les années 1997, le MMM est le premier parti politique à repérer le potentiel politique d’Éric Guimbeau, lorsque l’ancien ministre de la Culture, Motee Ramdass, l’approche. Il fera rapidement forte impression grâce à son engagement et à sa popularité, ce qui lui vaudra une candidature aux élections générales de 2000, où il est élu pour la première fois. 

Actif dans la circonscription n°17 sur les plans politique, social et sportif, le député s’impose rapidement comme une figure politique incontournable dans la région. Sa montée en puissance ne passe pas inaperçue, avec les autres formations politiques qui tentent par tous les moyens de le convaincre de changer de camp. En vain, il restera fidèle à la couleur mauve du MMM.

2005 : Sa présence continue à Curepipe lui permet de consolider son ancrage politique et de rester le candidat du MMM au n°17. Cependant, ce mandat sera marqué par les premières infidélités du député envers le MMM. En effet, suite à des tensions au sein de l’opposition après la défaite de la coalition MSM/MMM, Éric Guimbeau décide de s’éloigner des Mauves pour rejoindre le PMSD, alors dirigé par Maurice Allet. Les deux hommes finissent par intégrer les rangs de l’Alliance Sociale, menée à l’époque par le PTr. 

Cependant, le PMSD ne reste pas longtemps au sein de cette alliance en raison de divergences avec certains députés de la majorité gouvernementale. Par la suite, le PMSD continue son parcours dans l’opposition. Pendant ce mandat, le PMSD de Maurice Allet se réunit finalement avec le Parti Mauricien de Xavier-Luc Duval. Cet événement pousse Eric Guimbeau à prendre ses distances des Bleus et à créer son propre parti, symbolisé par un aigle, le Mouvement mauricien social-démocrate (MMSD).

2010 : L’année 2010 marquera la réconciliation d’Éric Guimbeau avec le MMM. Bénéficiant d’une nouvelle investiture avec le MMM, il parvient à être élu pour un troisième mandat consécutif. Cependant, de nouvelles tensions surgissent avec le MMM, et Éric Guimbeau décide de faire cavalier seul aux élections municipales de 2012. Il réussit ainsi à faire élire son unique candidat, l’ex-boxeur Mario Bienvenu.

Son influence sur la mairie de Curepipe

En réussissant l’exploit de faire élire son seul et unique candidat, Mario Bienvenu, aux municipales en 2012, le MMSD d’Eric Guimbeau devient une carte maîtresse. En effet, la coalition Remake 2000, composée du MSM et du MMM, parvient à faire élire sept candidats, tout comme l’alliance PTr/PMSD. Face à une situation où aucun bloc ne détient une majorité absolue, des négociations serrées ont lieu entre les différents acteurs politiques. Les émissaires du Remake 2000 et de l’alliance PTr/PMSD comprennent rapidement que le soutien du MMSD de Guimbeau est crucial pour obtenir le contrôle de la municipalité de Curepipe.
Dans le cadre de ces négociations, le Remake 2000 proposera que les deux premières années du mandat mairal soient attribuées à un élu du MMM. Cependant, le MMSD a, lui, pour ambition d’obtenir les cinq années complètes de mandat mairal à lui seul. Cette condition est acceptée par le PTr et le PMSD dans le but de garantir leur contrôle sur Curepipe.

Cette période sera principalement marquée par de nombreuses manifestations d’hostilité entre le MMM et le parti d’Éric Guimbeau. Mécontents du fait que son ancien allié ait préféré accorder son soutien au PTr/PMSD, le MMM lancera une campagne hostile contre le MMSD. Cette confrontation entre les deux partis sera régulièrement visible lors des réunions du conseil municipal, où les élus du MMM et du MSM s’efforcent de déstabiliser le néophyte Mario Bienvenu, qui rencontre alors de grandes difficultés, notamment concernant les règles de procédure du conseil.

Conscient des défis auxquels est confronté son protégé et dans un souci de voir les projets municipaux se concrétiser, Éric Guimbeau se rend souvent aux réunions pour apporter son soutien à Mario Bienvenu. Parallèlement, sur le terrain politique, les hostilités ne faiblissent pas. Des affiches et des slogans anti-MMSD seront largement diffusés dans toute la ville, témoignant de la polarisation politique intense qui règne à l’époque.

Cette escalade politique aura profondément blessé Éric Guimbeau, qui, souvent en se confiant à ses proches collaborateurs, exprimera le profond impact des attaques de son ancien parti contre sa personne. Le mal étant fait, cette période marquera la rupture définitive entre le MMM et Guimbeau. Après les élections de 2010, il s’est toujours présenté seul aux élections générales.

Témoignages 

Jean-Claude Pitchen : « Une personnalité sensible »

« Une personnalité sensible qui ne pouvait rester les bras croisés face au sort des plus démunis. Éric ne pouvait voir une personne sans travail ou avec une facture d’électricité qu’elle n’arrivait pas à payer. Sur le plan politique, il a toujours été quelqu’un qui a privilégié le travail d’équipe avec ses collègues. »

Bertrand Evremont : « Il est plus qu’un père pour moi »

« Il a beaucoup fait pour moi. J’ai trouvé du travail à la municipalité grâce à lui. J’ai obtenu un logement grâce à lui également. Il n’a pas hésité à venir voir ma femme à l’hôpital quand elle était malade. Eric est plus qu’un père pour moi, je le connais depuis plus de 25 ans. »

Johnny Perraud : « Il n’y a pas son égal sur le plan social »

« Curepipe perd une grande figure. C’était un homme actif politiquement et socialement. Je ne vois pas son égal sur le plan social. Il a créé des fondations pour aider les pauvres, il payait les factures des gens dans le besoin. Il était un homme bon et dévoué. »

Rose François : « Un frère et un père »

« J’ai perdu un frère et en même temps un père. C’était un grand combattant, il nous montrait toujours comment agir avec bienveillance. Il nous a appris beaucoup de choses. »

Ivan Collendavelloo : « Un grand travailleur »

« Je suis affligé par la nouvelle du décès d’Éric Guimbeau. Je le connais depuis le temps où nous étions au MMM, il y a très longtemps. Il était un grand travailleur, surtout sur le plan social. Il était également très actif au niveau du secteur privé. Je lui rends hommage et je présente mes sympathies à sa famille et à tous les Curepipiens et Curepipiennes. Il avait un attachement particulier pour ses habitants. »

Steven Obeegadoo : « Éric était déterminé à faire son retour en politique »

« Depuis l’année dernière, nous avons souvent discuté de l’opportunité de nous présenter ensemble aux prochaines élections générales. Éric était motivé et déterminé à faire son retour en politique. C’est un choc terrible de voir qu’il a été victime de sa grande passion pour la moto. Il laisse derrière lui l’image d’une personne qui a toujours aimé Curepipe et ses habitants. »

Xavier-Luc Duval : « Une profonde tristesse »

« C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris le décès de l’ancien parlementaire et figure engagée de notre pays, Eric Guimbeau. Mes sincères condoléances vont à sa famille et à ses proches en cette période de deuil. Que son âme repose en paix. »