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Epidémies de fièvre aphteuse et de salmonelle : incidence sur les prix

Économistes, commerçants, consommateurs et défenseurs des consommateurs s’attendent à une flambée du prix de la viande de bœuf, de la charcuterie et des poulets. Cela à cause de la pénurie causée par la fièvre aphteuse et la salmonelle.

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Vishal Ragoobur, économiste: «Le contrôle de prix sera plus strict»

Selon l’économiste Vishal Ragoobur, la situation n’est pas aussi alarmante. « Le marché du poulet n’est pas vraiment en danger pour le moment puisque ce sont les petits éleveurs qui sont les plus touchés. L’offre sera toujours là puisque la maladie ne touche pas les grandes compagnies », explique-t-il. L’importation n’est donc pas nécessaire. Toutefois concernant les bœufs et les porcs, la hausse de prix est inévitable. « La production locale de bœuf et de porc est faible. L’importation de bétail va augmenter, ce qui aura des répercussions sur le marché. La situation n’est pas près de s’améliorer de sitôt et il faudra importer sur le long terme. Le contrôle de prix sera plus strict et les prix vont être plus élevés ». Une hausse du prix concernant le poulet n’est pas à écarter. « Cette hausse peut être envisagée si le consommateur s’oriente plus vers la consommation de poulet plutôt que de la viande ou du porc. L’offre peut augmenter en fonction de la demande qui sera plus élevée. Tout dépendra de la capacité des producteurs à répondre à cette demande. S’ils ne parviennent pas à le faire, le prix du poulet sera plus élevé. »

Suttyhadeo Tengur, de l’APEC: «Le coût de la vie va augmenter»

Pour le président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), de manière générale la situation est assez inquiétante. « Ce que nous appelons la consommation de base est menacée par des maladies. Ainsi il n’y a pas véritablement de solutions. Les consommateurs devront donc être plus vigilants et trouver des alternatives en se tournant vers d’autres produits », explique-t-il. Pour Suttyhadeo Tengur, il n’y a pas de crise alimentaire à Maurice. « Notre pays a beaucoup de produits de substitution. Mais une chose est sûre, il faudra s’attendre à une augmentation du coût de la vie. Nous n’allons pas connaître de flambée des prix, mais une augmentation est assurée », estime-t-il. Les solutions envisagées par le président de l’APEC sont simples. « L’information est primordiale dans ce type de situation. Les autorités doivent communiquer. Il faut donner des informations aux consommateurs, afin de les éduquer, de leur donner confiance et de les responsabiliser. »

Bahim Khan Taher: «Pas d’augmentation de prix du poisson»

Les consommateurs craignant pour leur santé auraient donc tendance à se tourner vers le poisson et les fruits de mer. Toutefois Bahim Khan Taher, directeur de la compagnie Hassen Taher Sea Food, confie que la demande n’est pas à un stade aussi élevé. « Pour le moment, nous n’avons pas de demande accrue, mais nous avons connu une légère augmentation. Nos clients fidèles sont toujours là. Peut-être que la demande augmentera éventuellement ! », explique-t-il. « Le public va avoir peur de consommer le bœuf, le porc et le poulet. Je pense que la demande va augmenter graduellement et nous garantissons que l’offre sera présente. D’autant plus que nous entrons dans la haute saison de la pêche. En été, les poissons sont en abondance. De ce fait nous ne connaitrons aucune augmentation des prix », souligne-t-il. Le stock pourrait être écoulé plus vite. « Les prix pratiqués pourraient même être plus bas. D’autant plus que nous n’avons pas d’intermédiaire à payer. Ce qui constitue une bonne nouvelle pour les consommateurs. »

Jayen Chellen, président de l’ACIM: «Plus de problèmes pour ceux au bas de l’échelle»

« À cause de la fièvre aphteuse et de la salmonelle, la demande et le prix des aliments de substitution vont augmenter », explique le secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM).

Selon lui, pour empêcher les abus, il faudrait l’intervention du ministère du Commerce et de la Protection du consommateur. « Ce sont les consommateurs au bas de l’échelle qui auront le plus de problèmes. Le gouvernement doit faire attention à ce qu’il n’y ait pas de pénurie et pratiquer des prix abordables », dit-il. Un autre aspect très important est à prendre en compte, celui de la santé. « Le gouvernement doit revoir son service vétérinaire, mais surtout son système de gestion concernant la sécurité alimentaire au niveau de la qualité », souligne-t-il.

Jayen Chellen estime qu’on est déjà dans une crise alimentaire. « Elle touche les foyers au bas de l’échelle qui ont l’habitude de se procurer leurs aliments au marché ». La solution est simple, il faudra se tourner vers les légumes. Mais là aussi d’autres problèmes surviendront. « Il faudra s’attendre à une augmentation des prix. Le ministère devra contrôler la flambée des prix. L’accent devra être mis sur la sécurité alimentaire, car de nombreux planteurs utilisent des pesticides et vont en abuser pour répondre à la demande. »

Epizootie de fièvre aphteuse oblige : les vétérinaires de l’Agro-industrie sur le qui-vive

Depuis plus d’un mois, les vétérinaires du ministère de l’Agro-industrie sont sur le pied de guerre. D’abord contre la fièvre aphteuse qui a affecté bétails et porcs et ensuite contre la salmonelle dans les poulaillers. Un vide sanitaire vient d’être instauré à l’Animal Production Division (APD) à Réduit.

Le directeur des services agricoles du ministère de l’Agro-industrie, Raj Punchoo explique que Maurice compte 20 vétérinaires et Rodrigues 2 seulement. Mais avec la fièvre aphteuse une dizaine des vétérinaires de Madagascar sont venus prêter main forte à leurs collègues mauriciens. Les vétérinaires travaillent tous les jours de 8h à 20h. « Deux vétérinaires sont de garde dans la nuit. En cas d’urgence ce sont eux qui se déplacent » dit-il. Il affirme aussi qu’il y a une surveillance accrue au port et à l’aéroport afin que des produits non autorisés n’atterrissent pas sur le marché mauricien. Sur le terrain, les officiers du Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI) donnent un sacré coup de main aux vétérinaires. « Ces personnes vont à travers le pays en ce moment quand il y a une plainte. Par la suite, les vétérinaires  vont faire les vaccins qui sont gratuits » dit-il.

Enfants et vieilles personnes plus vulnérables

Concernant la salmonelle, Raj Punchoo explique qu’elle est toujours présente dans l’air. « Mais cette fois-ci elle a eu une condition propice et le virus s’est multiplié. Le virus a un impact considérable sur les enfants et les vieilles personnes. Avant de consommer du poulet il faut qu’il soit bien cuit et il n’est pas conseillé de manger du kebab où même des grillades » affirme-t-il. Il  ajoute aussi que certains sont réticents à l’idée que les vétérinaires viennent chez eux pour voir leur élevage.

Il y a un protocole à suivre quand on détecte de la salmonelle indique le directeur des services agricoles. « Il fallait prendre une décision et on l’a pris. Il fallait abattre les pondeuses et « broilers » à l’Animal Production Division (APD) de Réduit. On a fait un vide sanitaire. Il fallait tout désinfecter. Maintenant c’est après 8 mois qu’on va reproduire des poussins à Réduit » précise-t-il. 

Maladies des animaux : Gare à la contamination

Dr Arshad Peerbux.

Les animaux peuvent transmettre des maladies à l’homme si certaines précautions ne sont pas observées. C’est ce que soulignent le Dr Swaley Abdoolah, vétérinaire, et le Dr Arshad Peerbux, spécialiste en médecine interne à l’hôpital Apollo Bramwell.

Bacillus anthracis (maladie qui se développe chez les moutons, chèvres et bovidés), Brucellose (présente chez les bovins), Salmonellose (présente dans les œufs, les produits laitiers, les viandes…), Leptospirose (qui touche les rongeurs sauvages, porcs, bovins), Ringworm (dermatophyte), Toxoplasmose (chats) sont des maladies qui affectent les animaux et qui peuvent être transmises à l’homme.

L’homme peut contracter ces maladies en consommant ou en ingérant un aliment sur lequel ces animaux auraient uriné et qui n’aurait pas été lavé convenablement. Le contact avec leur excrément peut aussi être une source de contamination. Il est donc important de bien se laver les mains, après s’être occupé d’un animal domestique ou d’élevage, explique le Dr Swaley Abdoolah.

La salmonellose, qui a infecté les poules de certaines fermes, peut causer une gastro-entérite. Mais cette maladie peut aussi s’attraper en consommant des aliments crus ou pas assez cuits (viande ou poulet), œufs ou produits à base d’œufs (mayonnaise faite maison par exemple). Parmi les symptômes qui peuvent surgir : nausée, vomissement, crampe abdominale, diarrhée, mal de tête et fièvre.  La contamination peut aussi se faire par le contact des aliments non cuits avec d’autres aliments comme les légumes. Il est ainsi recommandé d’avoir deux planches à découper pour éviter ce genre d’incident et de séparer les aliments crus et cuits.

Il est judicieux également de les placer dans des récipients hermétiques avant de les ranger dans le réfrigérateur explique le Dr Arshad Peerbux. La cuisson des viandes ne doivent en aucun cas être saignante et il conseille la plus grande vigilance en ce qu’il s’agit des grillades. 

Mais il n’y a pas que les animaux comestibles dont on doit se méfier. Les animaux domestiques tels les chiens et les chats sont aussi porteurs de certaines maladies. Là encore, des précautions sont à observer. La toxoplasmose, par exemple, est présente particulièrement chez le chat. C’est un parasite qui peut affecter tout le monde, mais certains sont plus vulnérables que d’autres. Les femmes enceintes, en particulier, doivent être prudentes, quant aux morsures ou griffures des chats. La toxoplasmose peut affecter le fœtus et causer des malformations neurologiques et provoquer une fausse couche, explique le médecin.

Il est parfois difficile de reconnaître les signes de la maladie chez certains animaux, explique le Dr Swaley Abdoolah. Ainsi une personne peut être contaminée par une maladie sans le savoir. C’est pour cela qu’il est important de bien se laver les mains, après avoir manipulé un animal. Les fruits et légumes doivent être bien lavés avant d’être consommés.

Anjeeta Soonooa:«Une crise alimentaire est possible»

« C’est possible, qu’il y aurait  une crise alimentaire  si  la maladie continue de sévir. Car, beaucoup de gens consomment de la viande  bovine  et du poulet. Cela va certainement profiter aux importateurs. Personnellement, je ne consomme que  des légumes.»

Hansini Gooria: «Il faut prendre ses précautions»

« Oui, j’avoue que cela me fait  peur, vu la tournure prise par ces maladies. Il faut aussi prendre ses précautions et ne pas prendre cette maladie de salmonelle à la légère. Le gouvernement doit veiller à ce que les poulets  porteurs  de ce virus ne soient mis en vente au public ».

Lindsay Antoine: «Il faut importer des légumes»

« La crise est déjà là. Déjà  les gens hésitent à acheter de la viande  ou du poulet. Je pense  qu’il est encore temps que le gouvernement pense à l’importation des légumes avant qu’il n’y ait un manque sur le marché »

Marilyne Falta: «Ne pas céder à la panique»

« Franchement,  cela me fait peur, vu la tournure des choses. Nous allons vers une crise alimentaire en ce qui concerne  de la viande et du poulet. Mais  il ne faut pas céder  à la panique ».

Harris Hurpersad: «Il faut éviter les risques»

« Oui, et  comment ne pas avoir peur, vu le nombre de poulets  qui ont été affectés par la maladie de  salmonelle. Et  comment va-t-on savoir si les poulets qui sont mis en vente ne sont pas porteurs de cette maladie. Et pour éviter des risques, je ne consomme plus du poulet jusqu’à nouvel ordre »

Karisma Phagalee: «Des dispositions pour contrer cette maladie»

« Oui, et je pense qu’il faut agir vite pour contrer cette maladie.À Maurice nous consommons du poulet.  Aussi je pense que le ministère concerné a déjà pris des dispositions nécessaires pour contrer cette maladie »

 

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