Épidémie - Dengue : 349 cas enregistrés, dont 173 actifs

Une épidémie de dengue particulièrement virulente frappe Maurice cette année, marquée par le premier décès dû à la maladie. Les autorités lancent un appel pressant à la vigilance, exhortant la population à prendre des mesures préventives pour endiguer la propagation des moustiques.

L’épidémie de dengue qui a éclaté le 11 décembre 2023 est nettement plus virulente que celle remontant à la période du 3 juin au 4 août 2023. En seulement sept semaines, soit du 11 décembre 2023 au samedi 3 février, le pays a enregistré 349 cas de dengue, contre 168 cas sur environ neuf semaines entre le 3 juin et le 4 août 2023.

La région de Port-Louis et ses environs sont particulièrement touchés, avec 96 cas enregistrés (voir encadré). Actuellement, le pays compte 173 cas actifs et a enregistré un décès le vendredi 2 février. La victime, une femme de 48 ans résidant dans un village du Nord, avait contracté le virus le 30 janvier et avait été hospitalisée à l’hôpital SSRN à Pamplemousses.

La dengue pouvant donc être fatale dans certains cas, le Dr Ashwamed Dinassing, directeur des services de santé au ministère de la Santé, souligne l’urgence pour la population de prendre des mesures préventives contre la prolifération des moustiques. « La dengue est un virus susceptible de déclencher une fièvre intense. La transmission de la maladie se fait par l’intermédiaire de moustiques qui, après avoir piqué une personne infectée, propagent le virus en piquant d’autres individus à leur tour », explique le Dr Dinassing.

C’est le moustique Aedes Albopictus, communément appelé moustique tigre, qui est présent dans les pays tropicaux et qui agit comme vecteur de la maladie. Environ 400 millions de personnes contractent la dengue chaque année dans le monde. La maladie est répandue en Inde, dans plusieurs pays d’Asie du Sud, en Afrique, ainsi que dans certains pays d’Amérique du Sud.

Selon le Dr Dinassing, les fréquentes périodes de pluie et les épisodes de forte chaleur observés ces dernières semaines à Maurice ont contribué à une reprise de la prolifération des moustiques. Il attribue également cette augmentation à un décalage dans la période pluvieuse, qui a commencé dès février 2023 au lieu de la période habituelle entre juin et août, déclenchant ainsi l’épidémie qui a débuté en juin 2023.

Le même scénario semble s’être reproduit pour l’épidémie actuelle, qui a débuté en décembre 2023 et qui se poursuit jusqu’à présent. Le mois d’octobre 2023 a été marqué par des températures particulièrement élevées, suivies de périodes de pluie. Ces précipitations ont entraîné des accumulations d’eau dans diverses régions, favorisant l’éclosion des œufs de moustiques et la création de gîtes larvaires, propices à la multiplication des moustiques au bout de quelques semaines.

Selon le Dr Diana Iyaloo, responsable de la Vector Biology and Control Division, les œufs de moustiques prennent une semaine pour éclore en été, contre environ deux semaines en hiver. Les moustiques peuvent pondre entre 50 et 1 000 œufs au cours de leur période de vie, qui dure de 30 à 35 jours.

« Les moustiques ont une préférence pour les zones humides et peuvent déposer leurs œufs dans de petites quantités d’eau, que ce soit sur les toits des maisons ou dans les daleaux, entre autres. Ils peuvent également être présents dans des réservoirs d’eau non couverts ou dans des piscines négligées ou mal entretenues, devenant ainsi des sites de reproduction larvaire », souligne le Dr Dinassing. Les autorités ont également observé que des terrains abandonnés ont contribué à la prolifération des moustiques.

Il demande donc à la population de prendre les mesures nécessaires. « Si les gens ne suivent pas ces recommandations, les autorités sanitaires seront contraintes de prendre des mesures strictes et de sanctionner les contrevenants par des amendes », prévient-il. Pour le Dr Dinassing, il est inconcevable de permettre aux moustiques de se reproduire de la sorte.

Domiciliary Monitoring Unit

Face à la situation préoccupante de la dengue, le ministère de la Santé a instauré un protocole de triage et de suivi pour les patients atteints de la maladie. Chaque hôpital régional est doté d’une Domiciliary Monitoring Unit dans le but de proposer des visites à domicile et de traiter les patients atteints de la dengue qui ne présentent pas de symptômes graves.

Le ministère de la Santé recommande aux personnes suspectant une infection de se rendre dans un dispensaire ou dans un hôpital pour subir un test rapide. En cas de résultat positif, un test PCR sera effectué dans un hôpital régional. Le médecin décidera de l’admission du patient ou de son suivi par la Domiciliary Monitoring Unit, en se basant sur les résultats des tests sanguins et d’autres paramètres.

Phase active des moustiques

Selon une étude réalisée par le Dr Diana Iyaloo, les moustiques sont plus actifs entre 5 heures et 7 heures et de 16 à 19 heures. Il est ainsi conseillé d’être particulièrement vigilant durant ces horaires en portant des vêtements à manches longues et en appliquant des produits répulsifs. Ceux qui ont un faible système immunitaire devraient éviter de sortir pendant ces horaires. 

Symptômes

La dengue se manifeste par des symptômes caractéristiques, tels qu’une forte fièvre, des maux de tête intenses localisés à l’arrière de l’œil (douleur rétro-orbitale), des douleurs articulaires et musculaires, ainsi qu’une fatigue extrême. Au bout de quelques jours, certains individus peuvent présenter la diarrhée, des vomissements, des rougeurs et des caillots de sang.

Deux à cinq jours après le début de la fièvre, les patients infectés peuvent observer des traces de sang caillé et des rougeurs cutanées. Au fur et à mesure de l’infection, des saignements peuvent survenir au niveau du nez et des gencives, parmi d’autres symptômes. Ces saignements peuvent être graves, entraînant une importante perte de sang et une diminution du nombre de plaquettes, nécessitant des transfusions sanguines. Dans certains cas, plusieurs pintes de sang peuvent être nécessaires pour aider les patients à se rétablir.

Le virus de la dengue peut également affecter le foie, entraînant un élargissement de cet organe et des problèmes de circulation sanguine. Le Dr Dinassing met en garde contre le « dengue shock syndrome », une complication potentiellement fatale. Il exhorte les personnes les plus vulnérables, en particulier celles souffrant de comorbidités, à prendre des précautions supplémentaires, car elles présentent un risque accru de développer des complications en cas d’infection par le virus.

Le traitement de la dengue est principalement symptomatique. La mesure la plus cruciale consiste à se protéger des piqûres de moustiques en maintenant un environnement propre dans la cour et en évitant les accumulations d’eau, même dans les pots de fleurs ou le jardin. Il n’existe pas de vaccin ni d’antibiotiques pour lutter contre les infections liées à la dengue. 

Port-Louis et ses environs particulièrement touchés

La population en général est fortement encouragée à faire preuve de la plus grande vigilance et à mettre en place des mesures strictes afin de prévenir la prolifération des moustiques, surtout les habitants des régions mentionnées ci-dessous.

• Baie-du-Tombeau ; Cassis ; Cité La Cure ; Cité Vallijee ; Terre-Rouge ; Les Salines, Ste-Croix ; Vallée-des-Prêtres ; Pailles ; Tranquebar ; Vallée-Pitot ; Abercrombie ; et Baie-des-Dames.
• Poudre-d’Or ; Poudre-d’Or-Hamlet ; Plaine-des-Roches ; Mon-Choisy ; The Vale ; Pointe-des-Lascars ; Péreybère ; Grand-Baie ; Morcellement St-André ; Triolet ; Pointe-aux-Canonniers ; Goodlands ; Petit-Raffray ; Arsenal ; et Fond-du-Sac.
• Grande-Rivière-Nord-Ouest ; Pointe-aux-Sables ; La-Tour Kœnig ; Petite-Rivière ; Bambous ; Tamarin ; et Rivière-Noire.
• Coromandel ; Chebel ; Beau-Bassin ; Mare-Gravier ; Rose-Hill ; Quatre-Bornes ; et Curepipe.
• Flacq ; Moka ; et Rose-Belle.