Environnement et tourisme - Île aux Bénitiers : un Master Plan pour un tourisme durable

L’Île aux Bénitiers se prépare à un tourisme durable. Le Master Plan encadre les visiteurs et les activités pour préserver sa biodiversité exceptionnelle, tout en offrant une expérience enrichissante et profitable aux opérateurs et artisans locaux.

En octobre, le Master Plan pour l’Île aux Bénitiers a été rendu public, offrant une feuille de route claire pour concilier tourisme et préservation de cet écosystème fragile. Face à l’afflux croissant de visiteurs et aux pressions exercées sur la biodiversité, les autorités mauriciennes ont présenté un plan structuré visant à organiser les activités touristiques, protéger les espèces endémiques et offrir une expérience de qualité aux visiteurs. Ce document détaille l’aménagement futur de l’île, mettant l’accent sur la durabilité, la conservation et l’implication des communautés locales.

Située à 1,5 kilomètre de La Gaulette, sur la côte ouest de Maurice, l’Île aux Bénitiers couvre 155 arpents et attire chaque année des milliers de visiteurs. La fréquentation intense, particulièrement en haute saison, a entraîné une saturation des infrastructures, la présence de structures illégales et des problèmes de gestion des déchets. Le site, bas et exposé aux inondations et à l’érosion, possède une biodiversité terrestre et marine remarquable, mais vulnérable, ce qui a rendu urgente la mise en place d’un plan directeur pour protéger l’île.

État du site avant le plan

En mars 2025, 242 opérateurs économiques étaient actifs sur l’île, comprenant des bateaux de transport, des vendeurs ambulants et des installations de restauration. Les flux de visiteurs pouvaient atteindre 3 000 à 4 000 personnes par jour lors des pics saisonniers, et 171 structures étaient installées sans autorisation. La combinaison de la fréquentation élevée et des infrastructures insuffisantes engendrait une dégradation progressive du site. 

Pour faire face à cette situation, une zone temporaire de 9 200 m² a été créée, accueillant 57 opérateurs autorisés, avec des installations sanitaires limitées. Les autorités ont constaté une amélioration notable de la propreté et de l’état général de l’île.

Biodiversité : richesse et vulnérabilité

Une enquête menée en juin 2025 par le Service National des Parcs et de la Conservation (NPCS) a confirmé la richesse biologique de l’île. Elle a recensé 11 espèces d’oiseaux, y compris une endémique et deux migratrices. La flore comprend 129 espèces, dont environ 70 % sont exotiques. Parmi les espèces indigènes ou endémiques, plusieurs sont classées en danger critique, telles que le Phyllanthus revaughanii et le Lycium mascarenense. L’île abrite également les plus grandes populations recensées de certaines espèces endémiques à Maurice.

La faune terrestre inclut des chauves-souris frugivores, des musaraignes invasives et deux chats sauvages, qui représentent des menaces pour la faune indigène. Les reptiles endémiques et invasifs cohabitent, et la diversité des invertébrés observée indique des microhabitats variés. Deux zones humides constituent des habitats pour les libellules et les demoiselles, contribuant à la biodiversité de l’île.

Aménagement et gestion

Le Master Plan organise les activités touristiques et commerciales en quatre zones principales. La Beachfront Zone est dédiée aux activités de plage avec des installations minimales et écologiques comme les parasols et les chaises en bois. La Service Zone regroupe des commerces régulés, des kiosques alimentaires, des stands d’artisanat, un amphithéâtre et des espaces de restauration, intégrant des toilettes sèches, des cabines de douche en bois, des récupérateurs d’eau de pluie et des panneaux solaires. 

La Eco-Park Zone comprendra des kiosques, des aires de jeux, un marais restauré et des panneaux éducatifs sur la faune et la flore. La zone maritime sera équipée d’une jetée flottante et comprendra des zones de baignade et de mouillage.

Pour limiter l’impact environnemental, le plan fixe un maximum de 500 à 600 visiteurs par jour et 70 opérateurs terrestres. Un système de réservation en ligne permettra de gérer les flux. La gouvernance reposera sur un organisme dédié réunissant représentants du gouvernement, opérateurs économiques et communauté locale. Les activités seront surveillées en continu et adaptées en fonction des observations et retours collectés.

Le Master Plan vise à protéger l’écosystème fragile de l’Île aux Bénitiers, tout en développant un tourisme durable générateur de revenus pour les opérateurs locaux et les artisans.

L’expérience proposée aux visiteurs sera améliorée grâce à des infrastructures écologiques et des aménagements éducatifs. Ces mesures permettront à Maurice de se positionner comme un modèle de gestion durable des îles, conciliant préservation de la biodiversité et développement économique.