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Entretien accordé au Défi Media Group en 2012 - Kailash Purryag, ex-président : «Le défi est immense, mais je suis prêt»

Ce cliché de 2012 capture la complicité entre Kailash Purryag et son épouse Aneetah, qui a été son pilier pendant plus d’un demi-siècle.

Kailash Purryag laisse derrière lui un héritage d’intégrité, de simplicité et de dévouement patriotique. En 2012, à la veille de sa prise de fonction de président de la République, il avait ouvert les portes de son intimité au Défi Media Group pour l’émission People. Retour avec des éléments inédits de cet entretien, sur le parcours exceptionnel d’un homme d’État à visage humain.

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21 juillet 2012. Camp-Fouquereaux. Devant une maison modeste, mais chaleureuse, Kailash Purryag reçoit les journalistes comme il accueille ses amis : avec un grand sourire, une poignée de main franche, et surtout… une tasse de thé. À ses côtés, son épouse Aneetah, femme discrète, mais d’un soutien indéfectible, veille au bon déroulement de l’entrevue.

L’homme qui s’apprête alors à devenir président de la République rayonne de simplicité. « C’est l’un des jours les plus merveilleux de ma vie », confie-t-il. « J’ai servi mon pays sous différentes casquettes. Aujourd’hui, c’est un honneur de le faire à ce niveau. » Il parle avec le cœur, sans langue de bois. Ce jour-là, il est déjà pleinement conscient du poids de sa nouvelle fonction : « Le défi est immense, mais je suis prêt. »

Des racines modestes, une ascension méritée

Né le 12 décembre 1947 à Camp-Fouquereaux, dans une famille modeste de sept enfants, Kailash Purryag n’avait jamais oublié d’où il venait. Son père, Ragoonanan, était laitier, et sa mère, Deehantah, femme au foyer. La vie n’était pas facile, mais les valeurs familiales étaient solides : travail, respect et honnêteté.

« Ma mère me disait toujours : ‘Dans la vie, il faut foncer, ne jamais reculer devant un obstacle’ », se souvenait-il avec émotion. Quant à son père, il disait qu’il lui avait appris à toujours faire les choses avec le cœur. Ces fondations morales avaient bâti l’homme qu’il était devenu.

Élève brillant, il avait effectué sa scolarité primaire à la Shree Shamboonath Government School, puis intègre le Mauritius College. Il avait décroché son diplôme d’avoué en 1973. La même année, il avait rejoint le Parti Travailliste. Le début d’un engagement politique qui allait durer plus de 40 ans. Fidèle au Parti Travailliste, il incarnait le parfait exemple du soldat discipliné et loyal.

Derrière l’homme politique se tient une femme : Aneetah. Épouse dévouée, complice discrète, elle est celle qui partage l’ombre et la lumière. Ils s’étaient mariés le 8 décembre 1973. Ensemble, ils avaient fondé une famille avec leur fille Anuradha, aujourd’hui avocate, et deux petits-enfants que Kailash Purryag adorait.

« C’est un homme généreux, simple, très attentionné », témoignait Aneetah dans l’entretien. « Chaque jour passé avec lui est un apprentissage. » La famille, pour Kailash Purryag, représentait un socle. Malgré ses responsabilités, il trouvait invariablement le temps de partager un repas, une chanson, une prière ou un moment de lecture avec ses proches.

L’homme derrière la fonction présidentielle

Peu de présidents avaient autant laissé entrevoir leur humanité. C’était un mélomane passionné, amoureux des classiques hindis. Il avait un faible pour les chansons de Lata Mangeshkar, admirait Raj Kapoor et écoutait religieusement les morceaux de Mohammed Rafi. Son actrice favorite ? Rekha.

Il lisait beaucoup. Le livre qui l’avait le plus marqué : Reinventing Government, de David Osborne et Ted Gaebler. Il croyait fermement aux réformes, à la modernisation de l’État, mais toujours dans le respect de l’homme.

Son animal préféré ? Le chien. Sa fleur : la rose. Son fruit favori : le letchi. Il aimait le « margoze » pour ses vertus thérapeutiques. Son chiffre fétiche : 111. Ces détails, qu’il avait confiés en toute sincérité, faisaient de lui un président proche du peuple.

La spiritualité au cœur de l’homme public 

Kailash Purryag était un homme profondément croyant. La prière faisait partie intégrante de son quotidien. Elle était pour lui une source de paix et d’énergie. « Même avec un agenda très chargé, je prends toujours le temps de prier. C’est ce qui m’aide à garder les pieds sur terre », disait-il.

Son plus beau voyage avait été un pèlerinage en Inde, en 1991. Il en était revenu transformé. Plus qu’un homme d’État, Kailash Purryag était un homme de valeurs, de spiritualité et de rigueur morale.

À la fin de son mandat présidentiel, il avait consacré son temps à ses lectures, à ses petits-enfants et à son épouse. Il méditait. Il priait. Il lisait. Mais il restait attentif à l’évolution de son pays.

Le dernier adieu

Le 21 juin 2025, Kailash Purryag s’est éteint à l’âge de 77 ans. La nouvelle est tombée comme une onde de choc dans le paysage politique mauricien. Les hommages affluent, unanimes et émouvants. Tous saluent la droiture, la simplicité et l’intégrité d’un homme d’exception.

De nombreux citoyens se sont rendus à Camp-Fouquereaux pour lui rendre un dernier hommage. Des anonymes, des voisins, des enfants. Tous ont une anecdote à partager : un geste, un sourire, une parole. Car Kailash Purryag n’était pas seulement un homme d’État. Il était avant tout un homme du peuple.

Son parcours est un hymne au mérite. Il démontre qu’avec des valeurs, de la persévérance et du cœur, on peut gravir les sommets sans pour autant renier ses racines. Il aura traversé les décennies sans jamais se compromettre, ni trahir ses idéaux. C’était un homme modeste devenu président, mais resté profondément humain. L’héritage qu’il laisse est celui d’un mari fidèle, d’un père affectueux, mais aussi et surtout d’un patriote inlassable.

Ajagen Koomalen Rungen et Azeem Khodabux

  • Nou Lacaz

 

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