L'intelligence artificielle, qui trouve de plus en plus sa place chez les humains, changera complètement le paysage du monde du travail dans les prochaines années. Cependant, certains appréhendent le remplacement graduel des humains pars de robots.
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L'intelligence artificielle (IA) se définit comme l'ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l'intelligence humaine. Il ressort qu'en 2017, les compagnies dans le monde ont dépensé autour d'USD 22 milliards sur l'IA, soit une somme 26 fois supérieure à celle de 2015. Ce qui nous amène à une réflexion sur l'univers du travail de demain ?
Reeaz Chuttoo, président de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), explique que l'IA a déjà intégré le monde du travail. Il cite la machine de découpe industrielle entièrement informatisée, utilisée dans les compagnies de confection et qui exige peu de main-d'œuvre, contrairement au début des années 80. Le président syndical cite aussi l'enregistrement automatique de la présence des employés au travail, grâce aux pointeuses digitales.
L'IA a déjà fait son entrée dans le monde du travail
Le syndicaliste parle de l'informatisation des services, tant dans le secteur privé que les services gouvernementaux. « Aujourd'hui, on peut, par exemple, faire une demande de permis à travers l'e-Service. C'est plus rapide, tout comme les guichets automatiques dans les banques où l'on peut effectuer une transaction plus vite que dans le passé. Toutefois, on ne se rend pas compte que plusieurs emplois ont été supprimés après l'introduction de telles machines. »
Si Reeaz Chuttoo reconnaît qu'on ne peut barrer la route au progrès technologique, il appréhende toutefois que dans leur quête de produits de bonne qualité et à bas prix, des entreprises limitent au maximum l'intervention humaine dans les différents niveaux de production, en investissant davantage dans l'IA. Il cite l'exemple du Japon qui utilise des robots (humanoïdes) pour faire le travail jusqu'ici effectué par les humains. Il explique que contrairement aux humains, les robots n'ont pas de vie sociale et ils sont programmés pour travailler des heures durant.
Ajay Baijnath, directeur de BBCWYSE, société de service en ingénierie, explique, tout comme Reeaz Chuttoo, que l'IA a déjà fait son entrée dans le monde du travail, à Maurice, sans qu'on s'en rende compte. Il prévoit d'autres chamboulements dans le monde du travail aussi bien que dans la société.
Magnetic Resonance Imaging
Le directeur explique que les fabricants d'automobiles utilisent de plus en plus de robots dans le montage d'une voiture et que le travail se fait plus rapidement. Ajay Baijnath a lui-même écrit des logiciels qui commandent des robots pour le montage des voitures de la marque Mercedes en Afrique du Sud. Ajay Baijnath avance que l'IA envahira inexorablement toutes les sphères de la vie humaine, notamment dans le domaine du travail, de soins médicaux et de la sécurité. Dans l'univers de la santé, il parle du Magnetic Resonance Imaging (MRI) qu'on retrouve dans les hôpitaux et qui se fait entièrement à travers un ordinateur. Il cite aussi les paiements et autres transactions qu'on peut effectuer à travers les téléphones portables.
Concernant la sécurité, Ajay Baijnath mentionne les dispositifs composés d'une caméra qui contrôlent l'accès aux maisons et dans les bureaux à travers la reconnaissance faciale, et qui sont aussi capables d'identifier les plaques d'immatriculation des voitures. Selon lui, dans les années à venir, les compagnies de sécurité s'appuieront davantage sur la technologie pour assurer la surveillance et de moins en moins sur l'intervention humaine.
Si Ajay Baijnath reconnaît que l'IA comporte plusieurs avantages, il parle aussi des désavantages qui y sont liés. Outre le remplacement graduel des humains par des robots, il explique que, contrairement à l'homme, l'IA, étant dénuée d'émotion et programmée pour agir, elle pourrait prendre des actions dans des situations où des êtres humains seraient susceptibles de faire preuve d'hésitation. Il reconnaît que les autorités doivent bien réfléchir avant d'introduire l'IA dans certains secteurs d'activité.
L'univers du travail de demain
L'intelligence artificielle (IA) peut rendre le monde du travail plus juste ou même plus oppressif, selon le magazine The Economist. D'abord, il y a la crainte que l'IA favorise l'émergence d'une poignée de compagnies dominantes au niveau de chaque industrie.
On craint également une transformation en profondeur du monde du travail avec la direction des entreprises qui pourrait exercer plus de contrôle sur leurs employés.
Il est aussi fait mention d'un bracelet breveté par Amazon, lui permettant de détecter les mouvements des mains de ses salariés dans ses entrepôts. Le bracelet émet des vibrations pour guider les employés et les rendre plus efficaces.
Toujours selon ce magazine, une start-up a mis au point un ID Badge qui peut surveiller le mouvement des employés au bureau et dire comment ils interagissent avec leurs collègues. Il parle d'autres logiciels capables de mieux contrôler les salariés.
Revendications
Reeaz Chuttoo, président de la CTSP, reconnaît qu'on ne peut lutter indéfiniment contre l'avancement technologique. Il estime que le gouvernement peut prendre des décisions pour protéger la société contre l'envahissement de l'intelligence artificielle. Le président syndical propose l'imposition d'une taxe basée sur les profits sur chaque machine installée dans les entreprises pour remplacer la main-d'œuvre humaine. Cette taxe, dit-il, servira à soutenir financièrement les personnes condamnées au chômage. Le syndicaliste invite les syndicats à conjuguer leurs forces pour réclamer l'introduction dans le budget d'un revenu universel en vue de soulager les personnes qui arriveront difficilement à trouver un emploi.
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