Après avoir été tour à tour agent de vente et opérateur dans l’électroménager pendant dix ans, Rishi Bissessur change son fusil d’épaule. Il cible le marché des snacks, en proposant des chips à base de banane, de pomme de terre et de fruit à pain. Son souhait : davantage de visibilité et réaliser une percée dans les grandes surfaces.
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Rishi Bissessur dit pouvoir maintenir la tête hors de l’eau. Le chef d’entreprise de 42 ans estime cependant qu’entre les discours pour la promotion des produits locaux et l’accès aux grandes surfaces, il reste encore beaucoup à faire en faveur des petites entreprises. Marié et père de deux filles, l’habitant d’Ilot a, au fil des années, acquis des galons en tant qu’employé et patron d’entreprise. Depuis avril 2016, il est à la tête de Golden Chilli Limited, une société employant cinq personnes et dédiée à la production de chips de banane, de pomme de terre et de fruit à pain.
Avant de se hisser au statut d’entrepreneur, Rishi Bissessur a connu un cheminement habituel. Après des études au London College, à Port-Louis, en 1998, il prend de l’emploi dans un magasin de produits électroménagers en tant qu’agent de vente. Il occupera le même poste chez un concurrent. Durant cette décennie, il a droit à des voyages de formation qui lui permettent d’élargir ses horizons et de cerner les opportunités.
Après deux ans comme superviseur dans une société de distribution, il jette l’éponge. « J’en avais assez d’être employé et de faire tant d’efforts sans qu’aucune récompense n’arrive », dit-il. Fort de son expérience dans l’électronique et l’électroménager de même qu’avec le soutien financier de ses proches, Rishi Bissessur s’investit dans l’importation et la distribution de ces produits. Mais pas pour longtemps. « La compétition est très rude dans ce domaine. Les marges ont chuté et les pertes se sont enchaînées. Je devais trouver un secteur plus stable et pérenne. Au cas contraire, tous les profits accumulés de ce business auraient disparu, engloutissant, dans la foulée, tout le capital », explique-t-il.
Difficile percée
La conversion dans les casse-croûte intervient par hasard. Dans sa cour se dressent des arbres de fruit à pain. Un ami lui demande s’il en consomme sous forme de chips. Il répond ‘non’. L’ami en question s’y met. Au final naîtront de fines tranches frites de fruit à pain, assaisonnées de sel et de poivre. C’est comme cela que Rishi Bissessur démarre son long chemin de reconversion, en suivant chaque étape que lui dictent les autorités.
Après un passage chez SME Mauritius, il est dirigé vers le Food and Agricultural Research and Extension Institute, à Wooton. Il y apprend des techniques sur la préparation des chips et la méthode de cuisson. Il est formé sur les additifs qui peuvent être utilisés et sur l’importance de l’hygiène alimentaire. L’entrepreneur dit avoir ajouté sa touche personnelle en proposant des chips sans gluten.
Et le financement ? Il l’affirme sans ambages : son projet décolle grâce au financement de la MauBank. Son projet est accepté. Les emprunts sont sanctionnés. Les équipements sont importés. Pendant environ un an, Rishi Bissessur, ainsi que ses proches collaborateurs et partenaires, se dotent d’une chaîne de production moderne. Ils obtiennent tous les permis et certificats des administrations locales et centrales. En janvier 2018, les premiers paquets de chips sortent au grand jour.
Entrepreneur et directeur d’entreprise, Rishi Bissessur joue aussi le rôle de chauffeur pour sillonner le pays afin de distribuer ses produits dans des boutiques et des supermarchés. Il travaille à crédit, mais les recettes lui permettent de rentrer dans ses frais, ce qui inclut les salaires et les intrants.
Après 16 mois, il concède que la situation aurait pu être meilleure si les grands supermarchés jouaient le jeu. « Dès le démarrage de la production, je me suis tourné vers les grandes surfaces pour la promotion de mes chips. Bien qu’on m’ait dit que la qualité, les saveurs et l’emballage y sont, Golden Chilli n’a jamais été commercialisée par ces enseignes », déplore Rishi Bissessur. Pourtant, il affirme avoir suivi tous les conseils : une marque enregistrée, un packaging en aluminium et des code-barres pour chaque variété de chips. « Des organisations étatiques ne doivent-elles pas intervenir pour que nous, entrepreneurs, puissions avoir une meilleure visibilité sur le marché et pour que nous puissions apporter notre apport à l’industrie locale ? »
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