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Entrepreneuriat : ceux qui ont réussi sans faire de grandes études

Sunilduth Sunilduth, qui a quitté l’école après le CPE, a son propre atelier de garnissage à La Caverne.

Ils ne possèdent pas de prestigieux certificats académiques ou techniques. Certains ont abandonné leurs études après le primaire. Mais ils ont réussi grâce à leur détermination et leur courage. Rencontre avec des personnes qui ont réussi alors que rien n’était gagné. 

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Ahmed a étudié jusqu’à la cinquième. « Je n’ai jamais été doué pour les études », confie-t-il. Mais les échecs scolaires ne l’ont jamais empêché de réussir. Aujourd’hui propriétaire de deux vans scolaires, qui lui assurent une rentrée d’argent appréciable, il a aussi une belle maison dans un quartier chic de Vacoas. 

Mais tout cela n’est pas tombé du ciel. Il a dû trimer dur. À l’âge de 10 ans, ses parents décident de le placer comme apprenti chez un tailleur. Il passera une dizaine d’années dans cet atelier avant de se faire embaucher dans une usine textile au début des années 80. Il explique avoir dû quitter le métier de tailleur car les gens préféraient le prêt-à-porter. 

Ahmed se remémore les moments durs de travail, étant souvent appelé à travailler le soir. « La vie était difficile. J’ai regretté à cette époque de ne pas avoir poursuivi mes études », confie-t-il. Mais déterminé comme jamais, il ne s’avoue pas vaincu. « Je savais que je devais travailler à mon compte si je voulais m’en sortir. Mon faible niveau d’éducation académique ne me permettait pas de décrocher un bon emploi », poursuit-il. 

C’est ainsi que l’idée lui est venue de se lancer dans le transport scolaire. Mais un seul petit bémol : où trouver l’argent ? Si ce n’est que par son travail à l’usine. Ahmed change complètement d’attitude. Avec désormais un objectif, il décide de faire des heures supplémentaires. « Je confectionnais des pantalons, des chemises et des casquettes que j’écoulais dans le voisinage pour arrondir mes fins de mois. »

Sans bagage intellectuel

Étant à ce moment-là célibataire et soutenu par ses parents, il parvient à économiser une grande partie de son argent. Finalement, au prix d’énormes sacrifices, Ahmed réalise son rêve. Il achète un van et devient son propre patron. Des années plus tard, il vend le véhicule et s’en achète un flambant neuf. Grâce au travail acharné, il a pu assurer l’avenir de sa famille, et ce bien qu’il n’ait pas fait de grandes études. Son fils aîné est comptable dans une importante firme de la capitale et sa fille fait des études de management en Angleterre. 

Le chemin vers la réussite a été tout aussi compliqué pour Devi. Ayant échoué aux examens du Certificate of Primary Education (CPE) dans les années 80, elle était employée comme femme de ménage avant de travailler dans une usine où elle a rencontré Anand, celui qui allait devenir son époux. « Avec l’arrivée des enfants, nos salaires n’ont plus suffi à subvenir à nos besoins », relate-t-elle. Le pays traversait alors une grave crise économique, agrémentée par un fort taux de chômage. Parmi les chômeurs, on retrouvait de nombreux diplômés. 

Durant le week-end, Devi faisait la lessive et les travaux de repassage dans le voisinage. Anand effectuait de petits boulots pour joindre les deux bouts. Ils arrivaient à s’en sortir au prix d’énormes sacrifices. Mais le malheur les attendait au tournant. Anand est décédé dans un accident de la route. La mère de famille s’est retrouvée seule avec des enfants à sa charge. « J’ai senti mon monde s’écrouler. » 

Elle a continué à travailler à l’usine et à faire des petits boulots le week-end. Jusqu’au jour où une voisine lui a conseillé de se lancer dans la vente de légumes et lui a proposé une somme d’argent pour démarrer son business. Elle s’est alors rendue dans les champs pour prendre des légumes qu’elle vendait devant sa maison. L’initiative a porté ses fruits. 

Tout doucement le business a grandi, devenant un des petits « bazars » les plus connus de la localité. La mère de famille est parvenue à investir dans l’ouverture d’une boutique gérée par son fils. « La vie ne m’a pas fait de cadeau. J’ai travaillé dur pour me faire une place au soleil et laisser un héritage à mes enfants », explique Devi qui aura bientôt 60 ans. Elle a eu l’occasion de visiter plusieurs pays, dont l’Inde et Singapour. Elle recommande aux jeunes de faire preuve de patience et d’honnêteté car on ne sait jamais ce que nous réserve l’avenir. 

Sunilduth peut en témoigner. Il a quitté l’école après le CPE pour travailler comme apprenti dans un atelier de garnissage. Après des années à pratiquer, il a ouvert son propre atelier à La Caverne, Vacoas. Il y fait des travaux de garnissage complet de sièges de voiture, de camion, d’autobus et de bateau. Il remet à neuf de vieux fauteuils et chaises en changeant le tissu ou en refaisant le rembourrage, selon les demandes de la clientèle. Sunilduth s’est fait un nom dans le domaine. Les gens viennent des quatre coins du pays pour profiter de son savoir-faire. 

De nombreuses personnes ont réussi dans l’entrepreneuriat sans avoir de bagage intellectuel. Parmi on compte des cordonniers, des planteurs, des pêcheurs, des commerçants et même certains artistes connus. Ils ont réussi car le sens de l’entrepreneuriat est inné chez eux. Ils ont réussi là où d’autres, plus qualifiés, ont échoué.

 

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