L’entrée en opération du Metro Express sur la ligne Curepipe-Port-Louis à partir de ce lundi est un véritable « game changer » pour le secteur du transport en commun à plus d’un titre. Elle comporte en effet des implications économiques et sociales.
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Implications économiques
Le Metro Express comprend un volet financier et économique non négligeable. Après avoir enregistré des pertes de Rs 500 millions pour l’année financière 2020-2021, Metro Express Limited (MEL) compte beaucoup sur la ligne Curepipe-Port-Louis pour se refaire une santé financière. C’est d’ailleurs l’argument mis en avant par les directeurs de la compagnie et le gouvernement à chaque fois que la viabilité financière de ce mode de transport faisait débat.
De plus, outre les pertes enregistrées, MEL aura aussi à mettre les bouchées doubles afin de procéder au remboursement des prêts totalisant Rs 1,1 milliard accordés par le gouvernement. Un montant de Rs 220 millions a été accordé en 2019, un autre de Rs 380 millions en 2020, puis Rs 300 millions pour 2021 et Rs 110 millions additionnelles pour l’année financière 2022-2023.
MEL dispose d’une période de 10 ans pour effectuer le remboursement. Selon la direction, avec l’entrée en opération de la ligne Curepipe-Port-Louis, il ne sera plus nécessaire d’avoir recours à d’autres prêts auprès du gouvernement.
L’économiste Manisha Dookhony est d’avis que MEL devra d’abord penser à atteindre un seuil de rentabilité (break even) avant de penser à faire des profits. « Ce sera d’ailleurs difficile de ‘break even’ uniquement en se reposant sur le ‘ridership’. Il est évident que le nombre de passagers utilisant le Metro Express va considérablement augmenter à partir de lundi, mais ce ne sera pas assez pour ‘break even’ », dit-elle.
Si l’économiste soutient que la stratégie de marketing de MEL est une bonne idée, il faudra aussi, selon elle, créer un espace économique autour des stations du Metro Express.
Se voulant cependant optimiste, Manisha Dookhony concède que MEL a, depuis son entrée en opération, beaucoup contribué en termes de « social good ». Le Metro Express a aidé à revaloriser différentes régions du pays. « La région de Curepipe, qui a, pendant des années, été privée de développement, sera revalorisée. De plus, le Metro Express a aussi aidé à faire apprécier la valeur de plusieurs propriétés car c’est aujourd’hui un atout d’être bien situé par rapport au Metro Express », souligne-t-elle.
Sécurité et décongestion routière
Un des plus importants impacts du Metro Express sur la ligne Curepipe-Port-Louis est le temps de trajet. Si en autobus, il faut compter au moins une heure pour faire le trajet Curepipe-Port-Louis à l’heure de pointe, cela prendra 40 minutes en métro. Autre atout non négligeable : la ponctualité de ce mode de transport. En effet, les trams seront disponibles chaque 10 minutes, alors que le manque que ponctualité et de clarté sur la fréquence des autobus a de tout temps été décrié vainement par les usagers. « Ce sera définitivement un soulagement pour les passagers », fait ressortir l’ancien policier et expert en sécurité routière, Barlen Munusami.
En revanche, le Metro Express pourrait poser problème pour les automobilistes au niveau des jonctions, souligne l’ex-policier. « Par exemple, à Floréal et à Vacoas, où il y a des feux de signalisation sur les jonctions, les automobilistes devront prendre leur mal en patience », affirme-t-il.
En termes de sécurité routière, le Metro Express reste le moyen de transport le plus sûr pour les usagers. « C’est cependant uniquement pour les automobilistes qui ne sont pas suffisamment concentrés sur la route que cela peut poser problème. Un moment d’égarement sur les feux de signalisation peut être fatal », prévient-il.
Emploi
L’entrée en opération du Metro Express sur la ligne Curepipe-Port-Louis aura un impact conséquent, et peut-être irréversible, pour les employés d’autobus. Les propriétaires de United Bus Services (UBS) ne se voilent d’ailleurs pas la face et ont, en plusieurs occasions, concédé que cela privera inévitablement la compagnie de ses clients habituels. Étant conscient de l’incapacité des autobus à rivaliser avec le Metro Express en termes de rapidité, de ponctualité et de confort, on semble craindre le pire pour les employés des autobus.
Le syndicaliste Ashok Subron, négociateur de l’Union of Bus Industry Workers, déplore le manque de communication entre le gouvernement et les employés de ce secteur. Un appel avait été lancé en 2017 pour un accord tripartite avec le patronat et le ministère. « Nous avons demandé des garanties pour les travailleurs, mais nous n’en avons obtenu aucune », regrette Ashok Subron.
Le syndicaliste fait aussi ressortir qu’une demande avait été faite au gouvernement pour restructurer le transport en commun à Maurice. Ou alors de proposer un « early retirement scheme ». Là encore, celle-ci serait restée lettre morte.
« J’ai toujours été en faveur d’un système de light railway, mais à condition de mettre sur pied un système national public intégré afin de connecter le Metro Express avec les autobus. Malheureusement, cela n’a pas été fait », dit-il.
Étant donné que le Metro Express va complètement restructurer le paysage du transport en commun, estime Ashok Subron, le gouvernement avait le devoir de proposer un plan pour les employés de ce secteur. « Nous allons à présent observer l’impact que le Metro Express aura, mais la balle est dans le camp du gouvernement. Sa gouvernman la, apart tir foto ek koup riban, pa mezir konsekans so bann aksion », dénonce-t-il.
Prochaine étape : le trajet Rose-Hill-Réduit
Après l’entrée en opération de la ligne Curepipe-Port-Louis, la phase 3 du Metro Express reliant Rose-Hill à Réduit devrait être complétée d’ici décembre.
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