En début de semaine, Ashwini Hazurfutty de la National Coast Guard (NCG) a été interpellé par l’Adsu. Il avait en sa possession du haschich, estimé à Rs 7,7 millions. Cette énième arrestation met en lumière la connivence entre les policiers et les trafiquants de drogue. Le Défi Plus est en présence d’informations selon lesquelles 91 officiers de police de diverses unités ont été épinglés pour trafic de drogue entre 2015 à ce jour.
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Le constat est accablant. 91 officiers de police ont été arrêtés par les limiers de l’Anti Drug and Smuggling Unit (Adsu) pour trafic de drogue entre 2015 et mi-mai 2022. 16 policiers ont été arrêtés en 2017 contre 18 autres en 2021. Ces données démontrent clairement que de plus en plus de policiers travaillent de concert avec des trafiquants de drogue.
« Auparavant, l’arrestation d’un policier était une exception à la règle. Cependant, depuis ces dernières années, c’est devenu un phénomène courant », déplore Ranjit Jokhoo, ancien haut gradé de la force policière. Reste à déterminer comment et pourquoi ces policiers, dont le rôle est de maintenir l’ordre, se laissent séduire par les barons de la drogue.
Recrutement qui n’est pas assez strict
Selon Ranjit Jokhoo, plusieurs raisons expliquent cette situation, notamment l’argent facile. « La majorité des policiers font leur travail convenablement, mais certains se laissent appâter facilement. Il semblerait que la tentation est beaucoup plus forte que l’engagement de servir la police. En ce faisant, ils optent pour le mauvais créneau pour s’enrichir », poursuit notre intervenant. Ce dernier pointe du doigt le recrutement qui n’est pas assez strict. « Certains officiers n’ont pas leur place au sein des forces de l’ordre en raison de leurs fréquentations. La police est une institution extraordinaire et il est dommage que certains éléments soient en train de la ternir », ajoute-t-il.
Ally Lazer est le président de l’association des travailleurs sociaux de l’ile Maurice (ATSM). Il affirme que les « marsan la mor » bénéficient de la complicité d’un bon nombre de policiers ». Il ne mâche pas ses mots envers ces derniers. « Vous savez, il y a beaucoup de brebis galeuses au sein des forces de l’ordre. Pour briser le lien incestueux entre les policiers et les trafiquants de drogue, il faut avant tout mener un combat sans relâche contre la corruption », indique-t-il.
Selon lui, les officiers de mèche avec les trafiquants de drogue opèrent au sein des diverses unités de la force policière. « Il suffit d’analyser les différents rapports de l’Audit afin de constater le nombre de policiers suspendus. Je vous assure que plus de la moitié sont mêlés au trafic de drogue », poursuit le travailleur social.
Danny Philippe, le chargé de prévention à l’association Développent, Rassemblement, Information et Prevention (DRIP), reste pantois en constatant le nombre croissant de policiers qui se font arrêter par l’Adsu. « L’arrestation d’autant d’officiers pour trafic de drogue démontre à quel point les narco-trafiquants sont puissants. Les policiers sont censés combattre le trafic de substances illicites, mais il s’avère qu’un bon nombre d’entre eux trempent dans des affaires louches », déclare-t-il.
Il faut « sanctionner sévèrement les policiers trouvés coupables de trafic de drogue, car ils sont avant tout le bras de la loi », affirme-t-il. « Ces policiers zot dan ene position pa pou capave trap zot parseki zot lapolis. Certains d’entre eux ont tendance à se réfugier derrière leurs uniformes et leurs postes », précise Danny Philippe. Il tient à « féliciter » les policiers qui procèdent à l’arrestation de leurs collègues.
Nombre de policiers arrêtés de 2015 à ce jour :
2015 : 3 policiers
2016 : 5 policiers
2017 : 16 policiers
2018 : 8 policiers
2019 : 10 policiers
2020 : 9 policiers
2021 : 18 policiers
2022 : 2 policiers
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