Le mood électoral se fait déjà sentir avec des mesures populaires. Néanmoins, les économistes tirent la sonnette d’alarme. La possibilité d’un ralentissement économique mondial est imminente et Maurice en ressentira les effets. Tour d’horizon.
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Des experts en économie et des observateurs laissent entendre que la récession est peu probable pour 2019, mais qu’il y aura sans doute un ralentissement économique. Dans de telles circonstances, le gouvernement peut-il proposer des mesures populaires ?
Selon l’économiste Swadicq Nuthay, le gouvernement devrait maintenir une politique budgétaire relativement expansionniste pour 2019. Il estime que les prévisions de recettes publiques devraient être sous pression, en raison d’une croissance économique plus faible que prévue. Ce qui résulte d’un potentiel de baisse de la croissance d’exportation.
De plus, il note que le déficit budgétaire est déjà élevé, à 3,2 % du Produit intérieur brut (PIB) pour 2018-2019, et qu’il devrait encore augmenter, si la croissance est inférieure aux prévisions. Cela en raison du ralentissement économique causé par nos principaux partenaires commerciaux.
« Le gouvernement doit adopter une approche prudente à l’égard de ses politiques budgétaires, car la structure économique actuelle ne sera pas en mesure de supporter davantage de dettes », indique-t-il.
Pour sa part, le Dr Vinaye Ancharaz, économiste et consultant, estime que, récession ou pas, il est essentiel que les décideurs politiques restent sur leurs gardes. Malheureusement, à l’approche des élections, les gouvernements ont effectivement recours à des mesures populistes susceptibles de causer beaucoup de dommages économiques à long terme. Et le gouvernement actuel ne fait pas exception.
« En fait, selon les tendances actuelles, il y a un risque de dérèglement économique, si le gouvernement continue de se soumettre à une ‘politique bon marché’. Rien n’est gratuit dans ce monde. L’enseignement et le transport gratuits ne sont absolument pas gratuits. Ces services coûtent très cher au gouvernement et ce sont les contribuables qui paient la note. Fournir des services gratuitement à tous entraîne un gaspillage de ressources et va à l’encontre des principes fondamentaux d’équité et de justice », dit-il.
De son côté, Rajiv Servansingh, président de MindAfrica et observateur économique, explique que, dans toutes les démocraties, le gouvernement en place présente des mesures populaires pour séduire l’électorat. Mais, selon notre interlocuteur, un gouvernement responsable doit veiller à un équilibre entre de telles dispositions et la nécessité de garantir la stabilité économique.
« Il faut faire ressortir que le gouvernement n’a pas attendu l’année électorale pour prendre des mesures visant à réduire la misère de ceux au bas de l’échelle. Mais la menace d’une récession ne peut être prise à la légère. Le gouvernement devra donc équilibrer les éventuels effets négatifs d’un tel ralentissement de l’économie mondiale sur notre contexte local et prendre les mesures appropriées pour, au moins, atténuer ses effets les plus néfastes », avance-t-il.
Récession
Le Wall Street Journal a récemment interrogé 60 économistes du secteur privé et leur prévision était plutôt sombre. À Maurice, on est optimiste. Le secrétaire général de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), Barlen Pillay, affirme qu’il n’y aura pas de récession en 2019 et que la croissance économique devrait être d’environ 3,7 %, soit similaire à celle de 2017 et de 2018.
« On ne prévoit pas de baisse de la production mondiale en 2019. Le PIB devrait augmenter de 3,7 %, selon les chiffres du Fonds monétaire international. Ces dernières années, Maurice a montré une certaine résistance au ralentissement économique mondial. Néanmoins, le taux de croissance mauricien est passé d’une moyenne de plus de 5 % avant la crise à une croissance moyenne d’environ 3,5 % après 2008. Maurice sera inévitablement touché par tout ralentissement de la croissance économique mondiale », ajoute-t-il.
Pour Rajiv Servansingh, il est impossible de penser que Maurice sera capable de résister à un ralentissement de l’économie mondiale. « Pour une petite économie insulaire en développement comme la nôtre, un redéploiement intelligent des ressources et des politiques économiques imaginatives et proactives, associées à une diplomatie économique, devraient nous permettre de garder la tête hors de l’eau », explique-t-il.
Le Dr Vinaye Ancharaz révèle que ceux qui prédisent une récession mondiale en 2019 ne lisent probablement pas correctement les données économiques ou ne font pas confiance aux rapports de certaines institutions réputées. Cependant, il explique que les risques pour la croissance mondiale en 2019 sont nombreux, à l’instar de l’escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, de la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis, d’un accord défavorable sur le Brexit et de l’incertitude politique en Europe, ainsi que du lourd endettement de la Chine. « Nous espérons que tout ira pour le mieux, mais gardons à l’esprit que tout événement indésirable pourrait ralentir la croissance mondiale », fait-il ressortir.
De son côté, l’économiste Swadicq Nuthay est d’avis que les perspectives de l’économie mondiale se sont détériorées et que de nombreux économistes prévoient maintenant un ralentissement mondial en 2019, à cause de la situation entre les États-Unis et la Chine, de la hausse de la dette et de la détérioration des indices économiques.
« Cependant, nous ne parlons pas d’une récession économique mondiale semblable à celle de 2008, mais plutôt d’un ralentissement mondial. Dans son dernier rapport, la Banque mondiale a révisé à la baisse ses prévisions concernant l’économie mondiale, les faisant passer de 3,1 % à 3,0 % en 2018, de 3,0 % à 2,9 % en 2019 et de 2,9 % à 2,8 % en 2020 », ajoute-t-il.
Selon lui, le ralentissement économique mondial aura un impact négatif sur nos recettes d’exportation déjà touchées par la chute du prix du sucre. « Un ralentissement de la croissance économique américaine et les incertitudes entourant le Brexit auront également un impact sur la croissance du secteur manufacturier, qui fait déjà face à des conditions difficiles, en raison de la hausse des coûts et de la baisse de la productivité », fait-il remarquer.
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