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Entre consommation et investissement : le nouveau pari pour l’économie mauricienne

La consommation est aujourd’hui un moteur important de croissance à Maurice.

L’expansion des grandes surfaces à Maurice a stimulé la consommation qui est devenue un moteur essentiel de la croissance économique. Cette dynamique profite à l’État par l’augmentation des recettes fiscales. Toutefois, les économistes soulignent l’importance d’équilibrer cette consommation avec des investissements productifs, comme le prône le gouvernement actuel, pour assurer la stabilité économique à long terme.

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Le secteur de la grande distribution à Maurice continue d’afficher une dynamique positive, avec une croissance évidente de son chiffre d’affaires. En 2023, ce secteur a réalisé un chiffre d’affaires combiné de Rs 47,5 milliards, marquant ainsi une augmentation par rapport aux Rs 41,31 milliards enregistrées en 2022 selon les données du Top 100 Companies 2024. De plus, la rentabilité du secteur a également progressé, passant de Rs 1,26 milliard en 2022 à Rs 1,43 milliard en 2023. 

Cette hausse des résultats témoigne de l’essor de la consommation stimulée par des politiques précédentes axées sur l’encouragement de la demande intérieure. En effet, le gouvernement précédent a mis l’accent sur la stimulation de la consommation pour dynamiser l’économie. Cette stratégie a porté ses fruits dans le secteur de la grande distribution.

Cependant, avec l’arrivée du gouvernement actuel, une nouvelle orientation semble émerger : celle de privilégier l’investissement pour soutenir la croissance économique. D’ailleurs, il a exprimé son intention de concentrer ses efforts sur l’encouragement des investissements, qu’ils soient nationaux ou étrangers, afin de stimuler la création de richesses et d’emplois. Ce changement de cap pourrait entraîner des répercussions sur le secteur de la grande distribution.

Expansion des grandes surfaces

L’économiste Manisha Dookhony explique que le secteur de la consommation a considérablement évolué ces dernières années avec l’arrivée de nouvelles enseignes sur le marché. « D’une part, les enseignes internationales s’implantent progressivement sur le territoire mauricien. D’autre part, les enseignes locales étendent leur présence dans plusieurs régions de l’île, qu’elles soient urbaines ou rurales », souligne-t-elle. 

L’économiste Ibrahim Malleck abonde dans le même sens. Il affirme que la consommation a été l’un des principaux moteurs de l’économie mauricienne ces dernières années. Les grandes enseignes du secteur en ont largement bénéficié, enregistrant une augmentation significative de leur chiffre d’affaires et de leurs profits. « D’ailleurs, l’expansion du nombre de grandes surfaces à travers l’île souligne la rentabilité de ce secteur », indique-t-il.

La consommation en hausse

Qui dit grande distribution dit augmentation de la consommation. Manisha Dookhony observe qu’avec l’essor des grandes surfaces, les Mauriciens ont tendance à dépenser davantage, ce qui stimule encore plus la consommation. « Grâce aux grandes surfaces, les consommateurs bénéficient d’un large choix de produits de qualité provenant d’Europe, d’Asie, du Moyen-Orient et d’autres régions, à des prix compétitifs. Cela représente donc un atout pour leur mode de vie », explique-t-elle. 

Avec l’arrivée du gouvernement actuel, une nouvelle orientation semble émerger, celle de privilégier l’investissement pour soutenir la croissance économique».

Pour sa part, Ibrahim Malleck reconnaît une certaine concurrence entre les acteurs, comme en témoignent les remises sur certains produits. Cependant, la forte proportion de biens importés et la dépréciation continue de la roupie mauricienne depuis 2020 (près de 50 % depuis 2014) entraînent une hausse constante des prix.

Cela, poursuit-il, a un impact négatif sur la compétitivité réelle des entreprises en termes de prix finaux. « Un autre phénomène courant est celui de la ‘shrinkflation’, où les produits en rayon conservent des prix similaires, mais avec une quantité ou un poids réduit », précise-t-il.

Source de revenus pour l’État

Ibrahim Malleck rappelle que le précédent gouvernement, notamment après la crise de la Covid-19 en 2020, a mis l’accent sur les aides sociales et les augmentations salariales, favorisant ainsi le secteur de la consommation. « La hausse des recettes de TVA de près de 40 % entre 2022/23 et 2024/25 (estimations) illustre bien comment la consommation privée a soutenu l’économie. Elle a permis à l’État de collecter des taxes indirectes pour financer ses dépenses », indique-t-il. 

Il affirme que la consommation restera un élément clé de la croissance du produit intérieur brut. Les enseignes de la grande distribution continueront à être rentables, en particulier celles spécialisées dans les denrées alimentaires et les produits de première nécessité. « Toutefois, leur taux de croissance en termes de rentabilité pourrait légèrement ralentir. Ce sera surtout vrai si le ministère du Commerce décide d’intervenir sur les marges pour lutter contre l’inflation », nuance-t-il. 

Un avis que partage Manisha Dookhony. « La consommation est aujourd’hui un moteur important de croissance à Maurice, il sera difficile de la détrôner. Elle restera un pilier central de notre économie », reconnaît-elle.

Trouver l’équilibre entre la consommation et l’investissement

Toutefois, Manisha Dookhony estime que la stimulation de la consommation ne doit pas être la seule direction prise par l’économie locale. Elle insiste sur la nécessité de diversifier les investissements. « Il est essentiel de développer de nouveaux secteurs pour attirer les investissements. Un effort significatif doit être fait dans ce sens », dit-elle. 

De son côté, Ibrahim Malleck rappelle que le rapport State of the Economy, publié en décembre dernier, met en évidence les limites de la consommation. Celle-ci favorise l’inflation importée, exerce une pression sur les réserves en devises étrangères et aggrave un déficit courant déjà préoccupant dans la balance des paiements.

Ainsi, l’économiste estime qu’il est essentiel de trouver un équilibre, en faisant de l’amélioration de la productivité et de l’efficacité de la production une priorité. « L’investissement dans des secteurs stratégiques et productifs, tant privés que publics, combiné à une meilleure gestion des dépenses publiques, semble être l’orientation privilégiée par le nouveau gouvernement. Nous espérons voir cette transition se concrétiser dans le prochain budget », affirme-t-il. 

Pour lui, une politique favorisant les investissements productifs aurait des retombées positives sur l’économie, en améliorant la productivité et la qualité des produits, tout en réduisant la pression sur la roupie. « Un équilibre entre consommation et investissement renforcerait indéniablement les fondamentaux macroéconomiques du pays, tout en améliorant le pouvoir d’achat global », conclut-il

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