Live News

Entre «brain drain» et «mismatch»

Bhavish Jugurnath.

L’économiste Bhavish Jugurnath met en avant que la pénurie de main-d’œuvre découle d’un problème fondamental. « Il y a un problème de ‘mismatch’ entre l’offre de formation et les besoins du marché du travail. Depuis des années, nous formons des diplômés en masse dans des filières académiques qui ne correspondent pas toujours aux demandes du marché. Ce décalage crée une pénurie à tous les niveaux, en particulier pour les travailleurs qualifiés dans les métiers manuels », déclare l’économiste. 

Publicité

Bhavish Jugurnath explique que, bien que le nombre de diplômés universitaires ait augmenté ces dernières années, il y a moins de travailleurs qualifiés dans des métiers techniques comme la plomberie ou l’électricité. « Ces métiers manuels, souvent perçus comme moins prestigieux, sont aujourd’hui mieux payés que certaines professions académiques, mais ils peinent à attirer de nouveaux talents », soutient ce dernier.

Il évoque également que la fuite des talents vers des pays comme l’Australie, le Canada, ou encore le Luxembourg aggrave la situation. « Les jeunes diplômés mauriciens, surtout dans des secteurs comme la comptabilité, préfèrent partir à l’étranger où les salaires sont plus attractifs. À Maurice, un diplômé en comptabilité commence avec un salaire de Rs 18 000 à Rs 20 000, alors qu’au Luxembourg, il pourrait commencer à Rs 45 000 », avance ce dernier.

Des solutions structurelles

Pour l’économiste, la solution à cette crise de la main-d’œuvre passe par une réforme en profondeur du système éducatif. « Il est essentiel que le curriculum des universités et des écoles techniques corresponde aux besoins du marché. Par exemple, dans des secteurs comme la comptabilité, les employeurs recherchent des compétences en intelligence artificielle et blockchain. Les formations doivent être mises à jour pour répondre à ces exigences », plaide notre interlocuteur. 

Il insiste également sur l’importance d’intensifier les campagnes de sensibilisation sur les métiers manuels. « Aujourd’hui, un plombier ou un électricien peut gagner plus qu’un avocat ou un médecin, mais ces métiers ne sont pas suffisamment valorisés. Il est crucial que le ministère du Travail joue un rôle actif dans l’orientation professionnelle et veille à ce que les jeunes choisissent des carrières en adéquation avec la demande du marché », préconise Bhavish Jugurnath.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !