Les universités publiques perdent du terrain face aux institutions d’enseignement supérieur du privé, en nette progression ces deux dernières années. C’est ce qu’indique le dernier rapport de la Tertiary Education Commission (TEC) qui a analysé la participation dans le secteur pour 2016.
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Le public fait pâle figure, le privé monte en puissance. Le rapport ‘Participation in Tertiary Education 2016’, publié la semaine dernière, met en exergue les difficultés éprouvées par les Publicly Funded Institutions : Université de Maurice (UoM), Université de Technologie de Maurice (UTM) ou Université des Mascareignes (UDM), à attirer de nouveaux étudiants. Selon les chiffres publiés, le nombre d’admissions pour 2015 était de 18 222, et il est descendu à 17 406 en 2016. Parmi les universités publiques les plus importantes (UoM, UTM, (UDM) ou Open University of Mauritius (OUM), seule cette dernière a enregistré une croissance comparé à 2015, attirant 173 étudiants de plus. L’UoM enregistre une baisse de 5,2 %, l’UDM une baisse de 8,5 % contre 10,3 % de moins à l’UTM.
Les données viennent cependant faire état de la bonne santé des universités privées. Les enregistrements sont passés de 10 967 en 2015 à 12 303 en 2016, soit une croissance de 12,2 %. Parmi les institutions les plus prisées, on retrouve le London College of Accountancy qui a attiré 4 055 étudiants. En 2015, elle avait admis 3 485 étudiants. Charles Telfair Company Ltd a été la deuxième université la plus prisée avec 1 492 admissions en 2016. Elle en avait accueilli 1 364 en 2015. La troisième institution la plus prisée est la BSP School of Accountancy and Management Ltd avec 988 admissions contre 926 en 2015.
Constante progression
Depuis le début de ses opérations en 2007, la BSP School of Accountancy, spécialisée dans les cours de l’Association of Chartered Certified Accountants a connu une constante progression. Sa population estudiantine est passée de 400 au tout début, pour afficher le millier d’admissions depuis 2012.
Shiam Mathura, Chief Executive Officer et fondateur de BSP Group, soutient que la réussite de son institution et du secteur privé s’explique largement par le fait les besoins du marché du travail sont mieux pris en compte que dans le secteur public. « Outre d’enseigner la théorie, nous mettons l’accent sur la pratique afin de mieux préparer nos étudiants au monde professionnel», confie-t-il. Et d’ajouter que la BSP School of Accountancy a su se positionner dans un secteur où s’exerçait un monopole. « Nous avons décidé de nous imposer en proposant des prix plus accessibles au public. Nos cours sont à Rs 15 000, contre Rs 25 000 proposées en général.» Le fait d’offrir des admissions en différentes périodes de l’année a beaucoup contribué à ce succès : « Nos admissions se font en janvier, mars, juillet et septembre, autrefois elles se limitaient à janvier et juillet.»
Au top du classement des réussites dans le secteur de l’enseignement supérieur privé, depuis 2012, le London College of Accountancy : le nombre d’admissions n’a jamais été inférieur à 1 000. Pour 2016, il a atteint le chiffre record de 4 055. « La qualité des manuels offerts aux étudiants, son statut de Platinium Approved Learning Partner de l’ACCA, autant de facteurs qui en font l’établissement privé le plus prisé à Maurice », explique Sajeev Busawah, son Administrative manager. « L’établissement de Maurice figure parmi les seuls six pays de la région à bénéficier d’un tel statut, d’où la confiance des parents », dit-il.
Inquiétudes
Face à cette rude concurrence, le secteur public ne montre pas de grands signes d’inquiétude. Dinesh Somanah, directeur général de l’UDM, préfère relativiser. « Le rapport de la TEC ne tient pas compte les admissions de 2017 qui sont de meilleur augure pour le campus universitaire de Camp-Levieux. Je peux vous assurer que nous avons réalisé des progrès concernant les étudiants étrangers. En 2012, nous n’avions que deux étudiants étrangers sur le campus, nous avons reçu 100 demandes en 2017, mais nous n’avons accepté que 46, en raison de problème de visa », dit-il. C’est en basant sur cet élément que le No 1 de l’UDM se dit confiant pour l’avenir.
Suren Bissoondoyal, président du Board de la TEC, souligne qu’il « faut prendre le temps de commenter en profondeur les observations de ce rapport. L’avenir de l’enseignement supérieur dépend des cours qui seront dispensés. Ce sont de tels programmes d’études adaptés qui permettront aux étudiants de trouver du travail qui seront les plus prisés. »
L’employabilité des programmes d’études demeure l’enjeu essentiel du secteur de l’enseignement supérieur. Les universités publiques ont-elles perdu la bataille ? Le député du Muvman Liberater, Sangeet Fowdar, a, lors de son intervention au Parlement, mardi, sur l’Employment National Bill, tiré la sonnette d’alarme. « Il faut à tout prix empêcher les universités publiques, dont l’UoM, de dispenser des programmes d’études inutiles. »
Flexibilité et innovation, marque de fabrique du CTI
Flexibilité, innovation, une meilleure préparation au monde professionnel, autant de facteurs clés pour obtenir la confiance des étudiants et des parents. Une formule que le Charles Telfair Institute (CTI) a bien intégrée. Jeremy Charoux, directeur exécutif de l’institution explique : « C’est le fait d’offrir des diplômes qui permettent aux étudiants de décrocher du travail qui est à l’origine de notre succès. Nos programmes d’études incluent des learning opportunities, avec des intervenants externes (Industry guest speakers), des Industry Projects et des stages (internships). » Les rapports de la TEC confirment la réussite de cette formule : les admissions du CTI sont supérieures à 1 000 chaque année.
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