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Enregistrement auprès de la MSAW : le micro-puçage obligatoire des chiens peine à convaincre 

Un des objectifs de cette nouvelle mesure est de lutter contre la prolifération des chiens errants.
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L‘enregistrement des chiens avec micro-puce est en vigueur à Maurice depuis hier. Si l’objectif est de limiter les chiens errants et responsabiliser les propritétaires, le coût et les lacunes logistiques suscitent la colère.

Depuis ce mercredi 1er octobre, l’enregistrement obligatoire des chiens est vigueur à Maurice, conformément à l’article 31(1) de l’Animal Welfare Act 2013. Tout propriétaire est désormais tenu de faire enregistrer son animal auprès de la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) et de le faire équiper d’une micro-puce, moyennant Rs 350. L’objectif affiché est double : responsabiliser les maîtres et limiter la prolifération des chiens errants, dont la présence sur les routes et dans les villages pose depuis des années des problèmes de santé publique et de sécurité. 

Tinagaren Govindasami, directeur de la MSAW, parle de responsabiliser les propriétaires.
Tinagaren Govindasami, directeur de la MSAW, parle de responsabiliser les propriétaires.

La MSAW insiste sur le caractère pratique du dispositif : la micro-puce, injectée sous la peau, contient un numéro unique associé aux coordonnées du propriétaire. Elle facilite l’identification des animaux, le retour des chiens perdus et la lutte contre les abandons. Le procédé, précise l’organisme, est sûr et conforme aux normes internationales.

Sollicité pour Le Défi Quotidien, le directeur de la MSAW, Tinagaren Govindasami, explique que l’objectif n’est pas de sanctionner mais de responsabiliser. « Selon la loi, une personne a deux mois pour enregistrer son chien. Cela ne signifie pas que si elle ne parvient pas à le faire dans ce délai, elle écope immédiatement d’une amende », précise-t-il. « C’est seulement si le propriétaire ne se conforme pas au règlement, malgré plusieurs avertissements, que la pénalité entre en jeu. » Le but, ajoute Tinagaren Govindasami, est d’encourager une responsabilité collective ».

Pour l’heure, poursuit le directeur de la MSAW, tout se fait encore sur papier. Mais des démarches sont déjà engagées pour moderniser le système : « Nous travaillons avec le Data Protection Office pour que plus tard, l’enregistrement puisse se faire en ligne et sans contrainte. »

Concernant la logistique, Tinagaren Govindasam reconnaît que le siège de Rose-Hill et la station de Plaine-Magnien ne peuvent accueillir seuls tous les propriétaires. La MSAW entend donc décentraliser l’opération. « Le lundi 6 octobre, nous serons à Plaine-Magnien pour l’enregistrement et dans les jours à venir, nous allons établir un calendrier pour les autres régions. J’encourage les propriétaires à enregistrer leurs chiens au plus vite, pour éviter des désagréments mais aussi pour la sécurité de leur animal de compagnie », soutient-il. Une campagne de communication est également prévue pour mieux informer le public sur le calendrier et les modalités.

La mesure se veut une réponse ferme à un problème ancien. Mais à peine lancée, elle fait déjà l’objet de contestations. De nombreux citoyens dénoncent une décision « déconnectée » du quotidien. Ils estiment que le gouvernement aurait dû lancer cette campagne gratuitement dans un premier temps, avant de la rendre payante, afin d’encourager l’adhésion. Beaucoup déplorent un « véritable désordre » dans la mise en œuvre.

MESURE CONTRE-PRODUCTIVE

Du côté des défenseurs du bien-être animal, les critiques sont nombreuses. Pour Sandia Mathoora, promotrice du bien-être animal, l’application précipitée de cette loi pourrait aggraver le problème au lieu de le résoudre. « Dans un pays déjà confronté à un grave problème de chiens errants, cette mesure risque d’inciter davantage de gens à abandonner leurs animaux », estime-t-elle.

Elle souligne que le coût, fixé à Rs 350 par chien, représente une charge conséquente pour certains foyers. « Une personne ayant dix chiens devra débourser Rs 3 500, ce qui est insoutenable pour beaucoup. Ce système ne doit pas être perçu comme une sanction, mais comme une aide à la responsabilisation des propriétaires », insiste-t-elle.

Pour éviter cet effet pervers, elle propose que l’enregistrement soit gratuit pour les foyers modestes et ceux qui possèdent plusieurs animaux. Elle met aussi en avant la situation des personnes âgées et ceux qui rencontrent déjà des difficultés pour transporter leurs chiens car ces derniers sont malades, âgés, agressifs ou stressent pendant le trajet. « Un trajet avec un pet-taxi peut coûter entre Rs 500 et Rs 2 500, ce qui s’ajoute encore à la facture. » Elle plaide pour un service porte-à-porte afin d’alléger les contraintes et d’encourager la participation.

Au-delà de l’aspect financier, Sandia Mathoora pointe des lacunes dans la stratégie. Selon elle, la priorité aurait dû être la mise en place d’une base de données numérique nationale. En 2024, la MSAW avait déjà numérisé son système d’enregistrement, mais le processus est revenu au papier. Or, explique-t-elle, « un fichier papier peut se perdre, et retrouver un document est bien plus difficile qu’accéder à une base numérique ».

Elle insiste : avec la construction prochaine d’un hôpital pour animaux, une base numérique est indispensable. La micro-puce, assimilable à une carte d’identité de l’animal, permettrait aux vétérinaires de suivre son historique médical et d’améliorer la gestion des soins.

Elle estime enfin qu’une période de transition de deux à trois ans aurait été nécessaire pour permettre aux propriétaires de s’adapter. « Gouverner, c’est prévoir. Le gouvernement avait-il prévu un plan B en cas d’abandons massifs de chiens, aggravés par l’annonce d’une amende de Rs 100 000 en cas de non-conformité ? » s’interroge-t-elle.

 

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