Actualités

Enquête sur les contrats de la NDU: les liens entre Hurrydeo Bholah et quatre firmes intriguent

Des conseils du State Law Office ignorés, des conditions de contrats non-respectées, la Public Procurement Act enfreinte… Autant d’éléments qui poussent aux soupçons. Hurrydeo Bholah est dans le collimateur des autorités. Des contrats de travaux d’urgence, octroyés sans appel d’offres à quatre firmes seulement, font l’objet de sévères critiques dans des rapports d’enquête. Elles sont Safety Construction Co Ltd, Best Construct Co Ltd, Super Builders Co Ltd et Naw-rang Co Ltd. Ces compagnies avaient décroché ces contrats après les inondations de février et mars 2013.
Concernant Safety Construction Co Ltd, elle a décroché neuf contrats en 2010, deux en 2011, 15 en 2012 et 29 en 2013. Best Construct Co Ltd a, pour sa part, obtenu 49 contrats en 2011, 17 en 2012 et 41 en 2013, alors que Super Builders Co Ltd s'est vu confier deux contrats en 2010, 14 en 2011, 35 en 2012 et 32 en 2013. La suspicion des autorités sur les liens entre Hurrydeo Bholah et ces firmes est fondée sur quatre zones d’ombre dans l’allocation d’urgence de contrats à la suite des inondations de février et mars 2013.

Valeur initiale

Primo, la NDU avait fait fi des conseils du State Law Office (SLO) pour un exercice d’appel de cotations restreintes dans un souci de transparence et de compétition. Alors qu’en 2011, des contrats pour des travaux d’urgence avaient été alloués à la suite d’un appel de cotations restreintes.
[panel contents="Le gouvernement va prendre une série de mesures en vue de redynamiser la NDU. À court terme, une Land Drainage Authority sera mise en place pour planifier, concevoir et superviser la construction de drains, et préparer et implémenter des projets et programmes d’urgence pour l’évacuation des eaux de surface. Un accord-cadre sera mis au point par le Procurement Policy Office relatif à la construction et l’amélioration des routes et autres travaux associés de génie civil. Un manuel de procédures sera finalisé afin de mieux préparer et faire le suivi des projets, plus particulièrement en ce qui concerne les travaux de variation, l’extension des délais, et les dommages-intérêts liquidés (liquidated damages).Un Fast Track Steering Committee sera institué pour la prompte mise en œuvre des projets." label="La NDU redynamisée ?" style="info" custom_class=""]
Secundo, il est reproché à la NDU d’avoir enfreint la Public Procurement Act (PPA) and Regulation 44(3) des Public Procurement Regulations (PPR) qui  stipulent que la limite des tra-vaux additionnels « through unforeseeable circumstances » est de 30 % de la valeur initiale du contrat. Or, dans certains cas, les travaux additionnels ont atteint jusqu’à 60 % de la valeur initiale. Tertio, dans certains cas, la NDU ne s’est pas assurée que les conditions de contrats soient respectées. Ainsi, la NDU a accepté des Performance Securities émises par une compagnie d’assurances, alors que le General Conditions of Contract (GCC) stipule qu’elles doivent être émises par une banque locale. Pour quelques contrats, le délai des Performance Securities n’avait pas été étendu, alors que les travaux avaient pris du retard. Dans d’autres cas, les Performance Securities n’avaient pas été ajustées aux travaux additionnels. Si le GCC stipule qu’un 'Programme of work' doit être soumis par un entrepreneur, pour aval, sept jours après l'émission du 'work order', dans certains cas, il a été soumis entre 4 et 11 mois après. Dans d’autres cas, il n'y a point eu de 'Programme of work'. Finalement, pour le retard dans les travaux, la NDU n’a pas réclamé de « liquidated damages » aux compagnies n'ayant pas respecté le délai. Les dommages sont de Rs 5 000 par jour, selon le ‘Particular Conditions of Contract’. Au sujet de l’extension de délai des travaux, dans certains cas, le ‘Project Manager’ n’en a pas été informé au préalable. Dans d’autres, aucune raison n’avait été fournie pour expliquer les retards. Au gouvernement, on persiste à croire que les contrats des travaux d’urgence auraient dû être alloués à un plus grand nombre de compagnies. Selon nos recoupements, une enquête technique sera commanditée sur tous les travaux de construction de drains à la suite des inondations de 2013.

Les compagnies qui ont décroché des contrats:

[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]

Safety Construction Co. Ltd

  • Enregistrée le 20 février 1996
  • Actionnaires : Ajit Kumar Kowlessur (4 690 actions) et Lalita Kowlessur (335 actions)
  • Directeurs : Ajit Kumar Kowlessur et Lalita Kowlessur
  • Secrétaire : Goolabchund Goburdhun
  • Chiffre d’affaires : Rs 234 millions (2014), Rs 209 millions (2013), Rs 167 millions (2012), Rs 111 millions (2011), Rs 131,5 millions (2010)
  • Profits après impôt : Rs 11 millions (2014), Rs 11 millions (2013), Rs 13 millions (2012), Rs 11 millions (2011), Rs 10 millions (2010)
 

Naw-rang Co. Ltd

  • Enregistrée le 10 février 2005
  • Actionnaires : Basist Bundhoo (49 actions) et Rajeshwaree Rampersad (1 action)
  • Directeur : Basist Bundhoo
  • Secrétaire : Laila Takooree
  • Chiffre d’affaires : Rs 48 millions (2014), Rs 21 millions (2013), Rs 13 millions (2012), Rs 11 millions (2011), Rs 20 millions (2010)
  • Profits après impôt : Rs 6 millions (2014), Rs 2 millions (2013), Rs 291 546 (2012), Rs - 26 281 (2011), Rs 291 546
 

Super Builders Co. Ltd

  • Enregistrée le 26 octobre 2001
  • Actionnaire et directeur: Narain Vunka Jungum (500 actions)
  • Secrétaire: Ashwin Adhin
  • Chiffre d’affaires: Rs 234 millions (2014), Rs 242 millions (2013), Rs 70 millions (2011), Rs 40 millions (2010), Rs 58 millions (2009)
  • Profits après impôt : Rs 3 millions (2014), Rs 15 millions (2013), Rs 2 millions (2011), Rs 2 millions (2010), Rs 153 064 (2009)
 

Best Construct Co. Ltd

  • Enregistrée le 6 mai 2002
  • Actionnaire et directeur: Dayen Murden (50 000 actions)
  • Secrétaire : Meriligne Murden
  • Chiffre d’affaires : Rs 502 millions (2014), Rs 391 millions (2013), Rs 291 millions (2012), Rs 134 millions (2011), Rs 134 millions (2010)
  • Profits après impôt : Rs 65 millions (2014), Rs 12 millions (2013), Rs 7,5 millions (2012), Rs 7,8 millions (2011), Rs 7,8 millions

 

Les biens immobiliers du couple Bholah

  Les biens immobiliers de Hurrydeo Bholah et son épouse Prateebah Koomaree, née Purgus (ancienne PPS), comprennent plusieurs terrains obtenus en héritage. 24 juillet 1982 Un prêt contracté par Hurrydeo Bholah et Prateebah Koomaree Purgus auprès de l'Anglo Mauritius Insurance Society Limited pour la construction d’une maison. Montant : Rs 400 000. 6 avril 1992 Acquisition faite par M. et Mme Hurrydeo Bholah auprès du Médine Sugar Estates Company Limited d’un terrain de 375m2 (lot 135), situé à Wolmar, Flic-en-Flac. Prix : Rs 138 180. 17 décembre 1993 Succession : acquisition faite par Mme Hurrydeo Bholah auprès de Manilall Purgus d’un terrain 2119 m2 (lot no 4) situé à Pointe-aux-Piments, Pamplemousses. Prix : 300 000. Ce terrain est vendu à Padmawat Juggurnuth (Veuve de S. Seetal) pour la même somme. 22 novembre 1996 Acquisition par le couple Hurrydeo Bholah, Rajsingh Purgus, Oudeysingh Purgus et  Satyendradutt Purgus d’un emplacement commercial de 73m2 et un appartement à usage résidentiel ou professionnel de 93,5m2 se trouvant au ‘Mystic Complex’, situé à Mon-Desir (Candos), Quatre-Bornes. 15 mars 1997 Un prêt contracté par le couple Bholah auprès de la Bank of Baroda. Montant : Rs 100 000  Garantie offerte : Un terrain de 375m2 situé à Wolmar, Flic-en-Flac 27 mai 1997 Un prêt contracté par le couple Bholah auprès de la Bank of Baroda. Montant : Rs 150 000.  Garantie offerte : un terrain de 375m2 situé à Wolmar, Flic-en-Flac. 13 janvier 1998 Succession : acquisition faite par Mme Hurrydeo Bholah auprès de M. et Mme Manilall Purgus d’un terrain vague de 453 et 74/100e m2 (lot 3), situé à Fond-du-Sac, Pamplemousses. Prix : Rs 180 000. Ce terrain est vendu à Premila Chummun (épouse de Seewooduth Padaruth). 14 juillet 1998 Succession : acquisition faite par Shiam Bholah, Hurrychandr Bholah et Hurrydeo Bholah auprès de leur mère, Sooknanun Bholah (après partage en nature) d’un terrain vague de 3883 et 2/10e m2 (92 perches) situé à Petit-Raffray, Rivière-du-Rempart. Prix : Rs 80 000. 22 décembre 1998 et 18 janvier 1999 Vente par Hurrydeo Bholah et Harrychandr Bholah à la compagnie ‘Le Superbe Co Ltd’ de deux terrains vagues de 1 181,84m2 (lot 1) et de 1 266,26m2 (lot 2) respectivement, situés à Petit-Raffray, Rivière-du-Rempart. Prix : Rs 100 000 (Rs 50 000 pour chaque terrain). 30 avril 2001 Un prêt contracté par le couple Bholah auprès de la State Bank of Mauritius (SBM). Montant : Rs 200 000. Garantie offerte : un terrain de 375m2 situé à Wolmar, Flic-en-Flac. 13 mai 2005 Succession : acquisition faite par Prateebah Koomaree Bholah auprès de Manilall Purgus d’un terrain de 2050 et 65/100e m2 situé à la rue Lamadi, Champville, Ste-Croix (Port-Louis). Prix : Rs 485 835. 28 septembre 2005 Un prêt contracté par Hurrydeo Bholah en présence de Prateebah Koomaree Purgus auprès de l’Employees Welfare Fund (EWF). Montant : Rs 400 000 (pour le financement des études d’un de leurs enfants à l’étranger). Garantie offerte : un terrain de 375m2 situé à Wolmar, Flic-en-Flac 13 juin 2006 Vente par M. et Mme Hurrydeo Bholah à Manilall Purgus d’un terrain de 426m2 situé à 16 rue Lamadi à Champville, Ste-Croix (Port-Louis). Prix : Rs 102 250 7 mars 2012 Succession : acquisition faite par Prateebah Koomaree Bholah auprès de ses parents, M. et Mme Manilall Purgus, d’un terrain de 70 2/3 toises (268,45 m2) situé à Monseigneur Leen, Port-Louis Prix : Rs 4 millions. 14 mars 2013 Acquisition faite par les époux Bholah auprès de M. et Mme Anundpriyay Neewoor un terrain de 98  ½ perches (4157,55m2) situé à Belle-Vue Pilot, Pamplemousses. Prix : Rs 450 000.
 

L’enquête suspendue à l’hospitalisation de Hurrydeo Bholah

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"3854","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-5827","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"350","height":"438","alt":"Hurrydeo Bholah"}}]] Le Central Criminal Investigation Department (CCID) devra prendre son mal en patience. L’équipe de l’assistant commissaire de police Heman Jangi aura à attendre que l’état de santé de Hurrydeo Bholah s’améliore pour pouvoir l’interroger sur les contrats alloués sans appel d’offres par la NDU au plus fort des inondations de février et mars 2013. Le chef de projet de cet organisme tombant sous le ministère des Infrastructures publiques a été interpellé à son domicile, rue Monseigneur-Leen, Port-Louis, parce qu’il n’avait pas répondu favorablement à une convocation du CCID. Il s’était pourtant excusé pour des raisons de santé et soumis un certificat médical pour expliquer qu’il souffre de douleurs aux cervicaux et au dos. Malgré ce document, au moins huit enquêteurs ont débarqué chez l’époux de l’ex-Private Parliamentary Secretary pour le tirer de son lit. L’état de santé de l’ingénieur comptant plus de trois décennies d’expérience au sein de la fonction publique s’est détérioré et il a été admis dans la même soirée. Sur l’intervention de son avocat, Me Viren Ramchurn, la direction de l’hôpital a ordonné à la police d’enlever la chaîne qui retenait Hurrydeo Bholah à son lit. L’homme de loi déplore que le CCID se soit empressé d’interpeller son client alors qu’il avait saisi la Cour suprême dans l’après-midi de mercredi pour interdire à l’équipe de l’ACP de l’arrêter au vu de son état de santé. Un ordre avait été émis à la fermeture de la cour mais n’a cependant pu être servi au Commissaire de police. Hurrydeo Bholah déjà arrêté, l’ordre est maintenant caduc. Après son interrogatoire, les enquêteurs devront se tourner vers un autre fonctionnaire ainsi que l’ex-vice Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques, Anil Bachoo.

<
Publicité
/div>
Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !