Enquête sur la vente de câbles - cuivre de MT : l’étau se resserre autour des protagonistes

L’enquête de police sur les câbles en cuivre de Mauritius Telecom saisis en avril dans une fonderie de Tradeway International Ltd a abouti à trois arrestations. Elle pourrait mener à une série de convocations cette semaine. 

La semaine à venir s’annonce cruciale dans l’enquête de police sur la vente de câbles en cuivre de Mauritius Telecom (MT) à Tradeway International Ltd. Après 41 jours d’investigations pour comprendre le fonctionnement de ce vaste trafic, la police prévoit de convoquer tous les acteurs liés à l’affaire. Des procédures judiciaires seront même engagées afin d’empêcher tout suspect de prendre l’avion pour quitter le pays. 

Plusieurs membres du personnel de la compagnie nationale de télécommunications, affectés au Procurement Department, devront se présenter dans les locaux des Casernes centrales dans les jours à venir. Ils devront s’expliquer sur l’appel d’offres lancé en 2019 par MT pour la vente de cuivre. Les enquêteurs souhaitent vérifier s’ils ont reçu pour instruction de modifier certaines spécifications dans le document de l’appel d’offres en vue de favoriser Tradeway International Ltd. La police tente surtout de comprendre les raisons qui ont pu conduire les soumissionnaires à posséder une fonderie, une exigence qui n’a jamais fait partie des conditions des appels d’offres habituels de MT dans le passé.

Ce week-end a été marqué par la convocation des représentants des firmes ayant participé à l’appel d’offres. Cela fait suite à des informations fournies par le journaliste Rajen Valayden, un témoin-clé de l’affaire. Il a expliqué aux enquêteurs comment plusieurs soumissionnaires ont été écartées au profit de Tradeway International Ltd, et ce bien que leurs offres étaient meilleures que celle de cette entreprise.

Trois individus, soupçonnés d’être impliqués dans ce trafic, ont déjà été arrêtés. Parmi : Rakesh Persand, directeur de Tradeway International Ltd. Il a été arrêté après que les enquêteurs ont établi son implication dans ce trafic de cuivre évalué à plusieurs centaines de millions de roupies. Samedi, il a comparu devant la Bail & Remand Court. Il est provisoirement inculpé de complot en vue de blanchir de l’argent. 

Cependant, il a été pris d’un malaise alors qu’il se trouvait dans le box des accusés. Il a été conduit à l’hôpital où le personnel soignant a recommandé son admission. Son épouse a toutefois choisi de signer son attestation de sortie contre avis médical, demandant qu’il soit transféré dans une clinique privée. Après avoir reçu des soins, il a été confié aux enquêteurs qui l’ont incarcéré au centre de détention d’Alcatraz. 

Deux autres arrestations ont eu lieu : celles de Rajhree et Vishal Bundhoo. Les enquêteurs soupçonnent ce couple d’être impliqué dans ce trafic. Ils pensent aussi qu’il est étroitement lié à Tradeway International Ltd en tant que prête-nom. Après leurs interrogatoires, Rajhree et Vishal Bundhoo ont été libérés sous caution. Ils seront traduits en justice ce lundi pour faire face à d’autres procédures judiciaires. 

Autre aspect qui pourrait s’avérer embarrassant pour Sherry Singh : la quantité réelle de cuivre vendue durant son mandat. L’ex-Chief Executive Officer (CEO) de MT a soutenu que 7 000 à 8 000 tonnes avaient été vendues. Or, les éléments fournis par Rajen Valayden aux enquêteurs ce week-end font plutôt état de 50 000 tonnes. Informations issues d’une enquête menée par des techniciens de MT. Si elles sont exactes, la police voudra déterminer ce qu’il est advenu des dizaines de milliers de tonnes qui n’auraient pas été déclarées. 

De plus, la police soupçonne des cas de blanchiment d’argent par rapport à l’exportation d’importantes quantités de lingots de cuivre à l’étranger, lesquels sont estimés à plusieurs centaines de millions de roupies. Rajen Valayden a aussi attiré l’attention des enquêteurs sur le mode de paiement utilisé par Tradeway International Ltd. Dans les conditions de MT, il est stipulé que le règlement total devait se faire d’une seule traite. Au cas contraire, une pénalité de 10 % serait appliquée. Or, les enquêteurs pensent que cette clause a été contournée au détriment de MT mais au profit de Tradeway International Ltd.