- Ces entreprises ont obtenu des contrats de plusieurs centaines de millions de roupies entre 2015 et 2022
- Le train de vie et les dépenses de l’ex-CEO de Mauritius Telecom passés au crible
Au moins trois entreprises ayant remporté des contrats de plusieurs centaines de millions de roupies auprès de Mauritius Telecom (MT) font l'objet d'une enquête des autorités. Ces compagnies ont été signalées par d'anciens employés de la société de télécommunications nationale, qui affirment qu'elles seraient impliquées dans la construction de la résidence de l’ex-Chief Executive Officer (CEO), Sherry Singh, dans le morcellement « Au Bout du Monde » à Ebène. La police cherche à déterminer si ces entreprises ont bénéficié de faveurs de l'ancienne direction de MT et si elles ont en retour contribué gratuitement à la construction de cette demeure luxueuse, qui fera bientôt l'objet d'une évaluation.
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La première entreprise est spécialisée dans l'installation de structures métalliques. Entre 2015 et 2022, elle a obtenu plusieurs gros contrats de MT pour l'installation d’antennes. Selon un témoignage recueilli par la police, la même compagnie aurait aidé à installer différentes structures métalliques dans la résidence de Sherry Singh.
La deuxième entreprise, dénoncée aux Casernes centrales, opère dans le domaine de la décoration intérieure et de la rénovation. Les éléments d'information présentés à la police révèlent qu’elle a décroché plusieurs contrats pour la décoration intérieure de Telecom Shops à travers le pays. Elle a également été chargée par l'ancienne direction de MT de rénover des étages de la Telecom Tower à Port-Louis. Les enquêteurs soupçonnent que cette entreprise a aussi assuré tous les travaux de décoration intérieure dans la maison de l’ex-CEO.
Enfin, une entreprise de sécurité suscite l'intérêt de la police. Dans ce cas précis, deux enquêtes distinctes ont été ouvertes, l'une par la direction de MT et l'autre par la police. Elles visent principalement à déterminer si Sherry Singh a tiré profit de services de sécurité qui étaient financés par MT. Les allégations suggèrent que les agents de sécurité de cette société étaient aussi au service de Sherry Singh, au détriment de MT. Une référence est faite à un vol survenu sur un site de MT à Cassis en 2020. Normalement, la surveillance de ce site devait être assurée par six agents de sécurité, mais seuls deux étaient présents le jour du vol. La direction de MT souhaite savoir si les autres agents se trouvaient alors au domicile de l’ancien directeur.
La Financial Intelligence Unit (FIU), qui s'intéresse également de près au cas de Sherry Singh, mène une enquête sur son train de vie. Celle-ci permettra de faire la lumière sur les sources de financement ayant contribué à la construction de sa résidence. Plusieurs éléments sont pris en compte. Tout d'abord, le salaire mensuel de Sherry Singh, qui s'élevait à Rs 700 000. Ensuite, ses dépenses mensuelles de Rs 90 000 pour la location d'une villa à Anahita Gold & Spa Resort, ainsi que l'acquisition d'un bâtiment à Rose-Hill pour plusieurs millions de roupies. La FIU souhaite comprendre comment l'ancien directeur général de MT a pu se permettre la construction de sa résidence haut de gamme à « Au Bout du Monde » tout en ayant de telles dépenses courantes.
Enfin, lors de l'évaluation de la demeure de Sherry Singh, une attention particulière sera accordée à l'origine de divers objets et ustensiles de cuisine. Il s'agirait de pièces uniques provenant d'une entreprise spécialisée basée en Italie.
La semaine mouvementée des Singh
Lundi 29 mai. Sherry Singh et son épouse sont arrêtés par la PHQ Special Striking Team (SST). Les policiers perquisitionnent la résidence de l’ex-CEO de MT, située dans le morcellement « Au Bout du Monde » à Ébène.
Mardi 30 mai. Comparution devant la justice du couple Singh. Pas de libération sous caution et deuxième jour en cellule.
Mercredi 31 mai. La police ne s'oppose pas à la libération sous caution de Sherry Singh et de son épouse. Lors de sa comparution au tribunal, Sherry Singh maintient qu’il est innocent et accuse le gouvernement de mener une cabale politique contre lui. Plus tard, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, commente l'affaire en soulignant que Sherry Singh devra fournir des explications supplémentaires aux autorités.
Jeudi 1er juin. Descente des éléments de la SST au domicile du père de Sherry Singh à Rose-Hill. Il est auditionné aux Casernes centrales et relâché au terme de son interrogatoire.
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