
Cinq ans après la mort de son époux retrouvé calciné dans un champ de canne, Simla Kistnen voit renaître l’espoir avec l’annonce de la réouverture de l’enquête.
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Les images ne la quittent jamais, tournent en boucle. Cinq ans après, les photos du cadavre calciné de son époux continuent de hanter Simla Kistnen. Le 18 octobre 2020, le corps de Soopramanien Kistnen, 55 ans, ancien agent du MSM, était retrouvé dans un champ de canne à Telfair, Moka. Deux jours plus tôt, « Kaya » – le nom affectueux que lui donnait sa femme – avait disparu.
Vendredi 10 octobre 2025, cinq ans presque jour pour jour après le drame, le Premier ministre Navin Ramgoolam a annoncé la réouverture de l’enquête policière à partir de novembre 2025. Pour Simla Kistnen, c’est un soulagement immense, un espoir qui renaît après des années d’attente et de doute. « Dernie tan mo ti perdi lespwar, me la monn regagn enn ti lespwar ki nou bizin trouv laverite », confie-t-elle à Le Dimanche/L’Hebdo.
Dans la maison familiale, l’absence de « Kaya » se fait sentir chaque jour. « Li pa fasil perdi enn misie, mo misie ti enn poto dan mo lakaz », lâche Simla Kistnen. Cette mère de famille pense quotidiennement à son époux, qu’elle a connu en 1993 et épousé en 2002, après neuf ans de relation. « Mo konn li pandan 27 an. Dimounn kouma li inposib swiside », martèle-t-elle.
Car c’est bien là le cœur du drame : initialement la mort de Soopramanien Kistnen a été considérée comme un suicide par la police. Une thèse que Simla Kistnen n’a jamais acceptée. « Mo konn mo misie, li inposib swiside », répète-t-elle avec conviction. Elle dit avoir une pensée spéciale pour ses avocats, sans qui l’affaire aurait, selon elle, terminé dans un tiroir comme un banal suicide.
Le dossier a pris une autre tournure à la suite de révélations-chocs et de la mise en place d’une enquête judiciaire en parallèle avec l’enquête policière. Près de cinq ans après, l’affaire demeure non élucidée.
« He was indeed murdered »
Répondant à une Private Notice Question du leader de l’opposition Joe Lesjongard concernant le nombre de cas d’agressions signalés depuis janvier 2025, ainsi que les affaires non résolues, Navin Ramgoolam a été catégorique, vendredi au Parlement : la mort de Soopramanien Kistnen n’était ni accidentelle ni « self-inflicted ». Il s’agissait d’un meurtre. « He was indeed murdered. Government will not allow the murderer to rest undisturbed in their beds », a martelé le Premier ministre.
Cette reconnaissance officielle résonne comme une victoire pour Simla Kistnen, même si elle reste amère. « Ziska zordi okenn polisie pann vinn dir mwa frac ki se enn ‘meurtre’ », déplore-t-elle. C’est à travers les médias qu’elle dit avoir entendu des déclarations de hauts gradés de la police confirmant que la mort de son époux est bien une affaire de foul play.
Ce qui hante Simla Kistnen, au-delà des images du drame, c’est le pourquoi. Pourquoi un tel acte ciblant son époux ? Les questions sans réponses s’accumulent : « Kifer inn touy li ? Problem ti ena me touletan li ti pe trouv solision. » Pour elle, ceux qui ont assassiné son époux n’ont pas réfléchi aux répercussions de leurs actes.
Ces cinq dernières années, entre les enquêtes policières, l’enquête judiciaire et les multiples va-et-vient entre les tribunaux et les Casernes centrales, n’ont pas été de tout repos. « Semenn prosenn fer sink-an… Mo pou res atann lazistis ziska trouv asasin mo misie », dit Simla Kistnen.
Aujourd’hui, requinquée par l’annonce du Premier ministre, elle lance un appel pour accélérer l’enquête. « Bizin akselere ar lanket-la, finn ariv sink-an. » Elle dit remercier ses proches pour leur soutien dans cette épreuve qui n’en finit pas.
Sollicitées, le samedi 11 octobre, sur la réouverture de l’enquête, les Casernes centrales, via la cellule de communication, se sont abstenues de tout commentaire pour le moment. Selon nos recoupements, l’équipe de l’ancien surintendant de police Daniel Monvoisin travaille depuis quelque temps déjà avec Scotland Yard, en parallèle avec les investigations continues de la Major Crime Investigation Team.
Pour Simla Kistnen, l’espoir renaît enfin. Après cinq années d’errance judiciaire, la vérité sur la mort de « Kaya » pourrait enfin émerger.

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