
Lors de l’enquête judiciaire sur la mort de douze patients dialysés durant la pandémie, Kisnah Ramsamy a livré un témoignage poignant devant le tribunal de Curepipe. Il dénonce de graves négligences médicales qui ont conduit, selon lui, à la mort de son épouse.
Publicité
L’enquête judiciaire pour faire la lumière sur la mort de douze patients dialysés pendant la pandémie de covid-19 s’est poursuivie le jeudi 29 mai devant le tribunal de Curepipe. À la barre des témoins, Kisnah Ramsamy a livré un témoignage bouleversant. Il est revenu sur les circonstances de la mort de son épouse, Sarodjnee Ramsamy, qui était en quarantaine à l’hôtel Tamassa.
Ce jour-là avait une portée émotionnelle particulière pour le témoin. Le 29 mai marque l’anniversaire de son mariage avec la défunte. D’une voix nouée, Kisnah Ramsamy a raconté en détail ce que son épouse a vécu jusqu’à sa mort, quelques jours après son admission en quarantaine. « J’ai été malade en rentrant chez moi après avoir raconté tout ce qui s’est passé jusqu’à sa mort », a-t-il confié par la suite.
Selon lui, son épouse Sarodjnee Ramsamy n’a pas bénéficié d’une prise en charge médicale appropriée. Les séances de dialyse n’auraient pas été correctement assurées. Et les repas étaient inadaptés à son état de santé. « Li pann gayn bon manze », a-t-il déclaré. L’hôtel Tamassa, transformé en centre de quarantaine, n’aurait pas du tout été préparé à accueillir des patients dialysés. Il estime qu’il y a eu plusieurs manquements, tant à l’hôpital de Souillac qu’à l’hôtel.
« Elle a été dialysée pendant douze ans sans jamais avoir de graves problèmes. Mais après 26 jours en quarantaine, elle est morte. Il faut croire que c’est à cause de la mauvaise prise en charge », dit-il.
Le veuf a expliqué que sa femme a été testée positive à la covid-19 une quinzaine de jours après son placement en quarantaine. Il déplore qu’elle n’ait pas été vaccinée alors qu’elle était sous la responsabilité des autorités sanitaires.
Au fil de sa déposition, Kisnah Ramsamy a aussi évoqué les échanges téléphoniques qu’il avait avec son épouse. Celle-ci lui décrivait son quotidien. Pour lui, il y a eu un manque de transparence et une série de décisions discutables de la part des autorités. L’objectif de son témoignage : que justice soit rendue. « Ceux qui ont fauté doivent répondre de leurs actes », a-t-il déclaré.
Me Veda Baloomoody, qui accompagne les familles, partage ce sentiment. Absent de l’audience pour des raisons de santé, l’avocat nous a néanmoins expliqué que les familles endeuillées attendent des réponses concrètes. Il est satisfait du déroulement de l’enquête jusqu’ici. « Pour le moment, les familles racontent ce qu’elles ont entendu ou appris par téléphone. Ce que nous attendons maintenant, c’est de pouvoir contre-interroger les médecins, les infirmiers, les paramédicaux et les décideurs. »
Il précise que d’autres témoignages sont attendus et que les rapports médicaux devront encore être examinés avant de tirer des conclusions. Les auditions se poursuivront à raison de deux sessions par semaine.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !