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Enlevée, bâillonnée et ligotée : 26 heures d’enfer pour une fillette de 10 ans

La petite refaisant le trajet pour une reconstitution des faits, accompagnée d'officiers de la Brigades des mineurs et de la police.

Les enfants à cette époque pensent à la fête de Noël, la petite Christabelle, elle, doit suivre un traitement avec un psychologue. Durant 26 heures, du lundi 9 au mardi 10 décembre, elle s’est retrouvée à la merci de Satyam Goodhur, 40 ans. Ce célibataire, qui habite à quelques mètres de chez elle à Cité Sainte-Catherine, Saint-Pierre, a reconnu les faits.

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« Pa kone si linn manze, ou mem si linn gayn enn ver delo pou li bwar », lâchait en pleurs Marie Nasta, la mère de la petite victime, mardi, quelques heures avant de retrouver sa fille. Elle craignait alors le pire. Dans son récit aux officiers de la Brigade des mineurs, de la Child Development Unit et à la police, l’enfant explique que le kidnappeur qu’elle connaît lui avait  d’abord demandé de venir le voir. Mais la petite avait refusé de le suivre. Il l’a pourchassée, est parvenu à  l’immobiliser et l’a emmenée dans sa maison.

Pour éviter qu’elle ne prenne la fuite, il l’a ligotée et bâillonnée puis placée sur une chaise. Paniquée, la petite ne pouvait que lui obéir. L’homme ne cessait de la menacer. « Pa krye, pa fer tapaz, sinon mo touy twa », répétait sans cesse le suspect à l’adresse de sa proie.  Selon la version de Christabelle, elle aurait également été victime d’attouchements. 

Comme la maison est également occupée par sa mère, le ravisseur a caché la fillette dans une armoire. Elle y a passé la nuit dans le noir et en pleurs. Le lendemain, l’homme aurait de nouveau commis des gestes déplacés envers elle. Puis, dans l’après-midi, il est parti et a une fois de plus placé la petite dans l’armoire. 

Après l’alerte donnée par la maman de la fillette, des policiers et des voisins ont ratissé le quartier. La police a visionné les images enregistrées par des caméras de surveillance installées dans le voisinage. 

Une des images captées durant la journée de lundi montre la fillette suivie de près par un homme, qui serait par la suite le ravisseur. La petite se rendait alors à la boutique du coin à la requête de sa maman. 

Mardi, alors qu’il marchait dans la rue, l’homme a croisé des policiers. Comme il n’avait pas la conscience tranquille, il a paniqué et s’est mis à courir pour se réfugier à son domicile, suivi par des policiers. En arrivant près de la maison de l’intrus, des policiers ont entendu des bruits étranges. Ils ont pénétré la maison et ont découvert l’enfant enfermée dans l’armoire.

Elle pleurait. Une policière s’est chargée de la réconforter. La petite a été conduite au poste de police avant d’être confiée à la Child Development Unit. Elle a également été examinée par un médecin légiste. 

Dur retour à la vie normale

La petite Christabelle, du haut de ses 10 ans, est passée par une épreuve traumatisante. De retour dans sa famille, elle tente de retrouver le sourire.
« Se kinn arrive li pou mark li a vi », confie tristement son père Pascal. La famille compte six enfants. Christabelle est décrite comme une fillette joyeuse, souriante et débrouillarde. Mais le traumatisme causé durant son enlèvement a laissé des séquelles. Entourée de ses proches, la petite est désormais surveillée de près. Les parents se sentent soulagés après ces interminables heures d’angoisse. 

« Nous sommes tous ravis qu’elle soit là. Elle est encore sous le choc. Ce qui m’inquiète, c’est que, depuis son arrivée, elle ne s’alimente plus. Li zis bwar delo. Linn gayn medsinn pou li bwar, sa osi apre dé trwa seconn li rande li », déclare son père. Jeudi, la petite est sortie avec son père.

Cependant, pour se rendre à l’arrêt d’autobus, ils doivent emprunter le même chemin où la fillette avait été enlevée. « Nous n’avons pas de chemin alternatif et nous sommes obligés d'emprunter cette même rue. Kan pass laba, so figir sanze. Avant, kan nou sorti, li koze, li riye, nou badine, aster non », poursuit Pascal. Une fois hors du quartier, il en a profité pour l’emmener en promenade : « Nous avons visité le Caudan Waterfront et Bagatelle. J’ai pu la voir sourire à nouveau. » Vendredi, la fillette et sa mère avaient rendez-vous avec un psychologue. « A chaque fois qu’elle empruntera ce chemin, elle se souviendra de son enlèvement. De plus, c’est un trajet qu’elle effectue tous les jours pour se rendre à l’école », ajoute Pascal. Pour ce dernier, une solution serait de déménager du quartier. « Nous pensons à son bien-être. Je crois que la meilleure chose à faire est d’aller vivre ailleurs », avoue-t-il.


«Pa konne ki vré ki menti», lâche la mère du suspect

satyamSatyam Goodhur, 40 ans, est revenu sur cet enlèvement. C’est la première fois qu’il fait face à la justice. Lors de son interrogatoire par des limiers de la Major Crime Investigating Team, il a reconnu les faits. « Mo regrete ce ki monn fer », devait-il déclarer aux enquêteurs. Il a été présenté devant le tribunal de Moka et a été inculpé pour abus sexuel sur une mineure et pour séquestration. Il demeure en détention policière. « Pa konne ki vre ki menti », lâche la mère du suspect. Elle explique que son fils est une personne réservée mais qui, par moment, peut s’emporter. « Parfwa li fer la raz apre li korek. Mo pa dir ou ki li move, me li pa pou batte. Li en koler pou enn ti mama apre fini », ajoute Sarita Goodhur. Son fils exerce comme maçon et s’occupait des travaux de crépissage de l’escalier de la maison familiale.


L’angoisse grandissante au fil des heures

Lundi 9 décembre : 

  • 11 h 15 – la petite sort de la maison, un sac à la main, pour se rendre à la boutique afin d'acheter des nouilles et du poulet.
  • 11 h 19 - elle emprunte le chemin qui la mène au commerce. Sur la vidéo de surveillance, elle est précédée par le suspect, portant une casquette grise. On voit ensuite la fillette sortir de la boutique, puis aucune trace d’elle.
  • 12 h 00 - sa mère, s’inquiétant de ne pas la voir revenir, part à la boutique. Elle est informée que sa fille est déjà partie. Les recherches débutent. Les proches sont alertés.
  • 17 h 07- toujours aucune trace de la petite. Sa mère se rend au poste de police de Saint-Pierre pour signaler sa disparition.
  • 18 h 00 - la maman quitte poste de police. Des voisins et des policiers enclenchent les recherches.
  • 19 h 30 - une équipe de la Dog Handling est mandée pour participer aux recherches.
  • Mardi 9 décembre 4 h00 - la police et des habitants sont toujours mobilisés pour retrouver l’enfant.
  • 13 h 19 - diverses unités de la police investissent la cour du suspect et pénètrent dans sa maison. Ils retrouvent l’enfant en état de choc, ligotée et bâillonnée.
  • 13 h 20 - une foule hostile s’en prend au suspect contenue par les policiers.
 

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