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Énième réforme de l’examen en fin de cycle primaire : vers des changements envisagés à la rentrée 2027

Plusieurs modifications au syst☺ème sont étudiées notamment les critères de notation.

Dès janvier 2027, les règles du jeu changeront au niveau du Primary School Achievement Certificate (PSAC). De la notation aux critères d’admission, en passant par le format des épreuves, les changements seront progressifs, mais structurants. Cap sur 2027, avec une première étape enclenchée dès cette année.

Le Primary School Achievement Certificate (PSAC) tel qu’il est connu actuellement va évoluer et sa mise en application est prévue pour la rentrée de janvier 2027. Avant cette réforme, plusieurs étapes sont à respecter, dont une présentation publique et une publication officielle dans The Government Gazette Of Mauritius.

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À la suite des Assises de l’Éducation tenues au mois d’avril dernier, des changements sont attendus du pré primaire au secondaire. Plus récemment, le ministre de l’Éducation, Dr Mahend Gungapersad a évoqué lundi dernier, au Défi Media Group, une révision de la mixité dans les Académies.

Pour l’heure, ce que nous avons appris c’est que les examens de fin d’étude primaire connaîtront, eux aussi, de nouvelles conditions. Selon nos informations, plusieurs modifications sont à l’étude. Parmi elles, le système de notation. Actuellement, pour obtenir un Grade 1, un élève doit obtenir entre 75 et 100 points.

Or, des enseignants constatent que beaucoup d’élèves fournissent un effort minimal pour réussir, contrairement à d’autres. Certains ne tentent même pas les rédactions en anglais et en français. En mathématiques, l’exercice le plus valorisé est souvent ignoré. Ainsi, un élève qui obtient 75 points et un autre qui dépasse 90 points sont perçus comme ayant le même profil. La différence se fait toutefois sentir dans l’attribution des collèges pour le passage en Grade 7.

Autre changement probable : les critères d’admission en Grade 7. La proximité géographique, de la résidence au collège, serait remise en question. Selon des responsables, ce critère limite l’accès à certains collèges. Se dirige-t-on vers un choix plus large de l’établissement secondaire ?

Par ailleurs, la transition débute dès cette année. Comme déjà annoncé, le Modular Assessment en sciences et en histoire-géographie sera supprimé pour les élèves de Grade 5. Ces épreuves seront désormais regroupées avec les autres matières à la fin des six années d’études au primaire. Objectif : offrir une équité de traitement à tous les enfants.

Certains enseignants affirment que l’ancienne méthode bénéficiait à quelques élèves au détriment des autres. Jusqu’ici, les notes de ces matières étaient réparties sur deux ans. Les résultats de la première année comptaient dans le calcul final du PSAC.


Repenser l’école primaire 

Le pédagogue Basheer Taleb lance un appel fort en faveur d’une réforme en profondeur de l’école primaire. Selon lui, il faut revoir le syllabus, repenser l’enseignement des langues et accorder une place centrale à la créativité. Il plaide pour une école où l’enfant apprend en jouant, en débattant, en chantant. Une école qui forme un individu curieux, heureux et cultivé.

Le pédagogue Basheer Taleb estime qu’une véritable réforme de l’école primaire doit passer par une révision du syllabus. « Le syllabus comprend les Essential Learning Competencies (ELC). Cela représente tout ce qu’un enfant doit acquérir au fil de son apprentissage. Or, ces ELC n’ont jamais été révisés », souligne-t-il.

Selon lui, lorsqu’un enfant atteint la Grade 7, il doit souvent répéter ce qu’il a déjà appris au primaire. « À ce stade, il n’est plus motivé. Il trouve les leçons trop faciles, surtout en langues. On lui fait souvent revoir des notions déjà apprises, notamment en Grade 6, et qu’il avait mémorisées sans vraiment les comprendre. C’est maintenant, avec plus de maturité, qu’il commence à saisir le sens de ce qu’il a étudié jusque-là », dit-il.

Selon lui, il est urgent de revoir les ELC. « Les objectifs fixés ne sont pas respectés. Cela a pour résultat, un fort taux d’échec et une dépendance aux leçons particulières », fait ressortir le pédagogue. Ce dernier appelle aussi à une refonte de l’enseignement des langues : « L’apprentissage doit favoriser l’oral, la lecture et l’écriture. Il faut également introduire le théâtre, les chansons, la musique et les débats. C’est dans ces moments que l’élève utilise la langue de manière réelle et non artificielle ».

Même pour les mathématiques et les sciences, il estime que l’enseignant doit se montrer créatif. « L’école primaire doit devenir un centre d’activités. Actuellement, l’enfant passe sa journée en classe, puis il enchaîne avec les leçons particulières et les devoirs à la maison. Ce n’est pas viable. L’école doit être un lieu d’apprentissage culturel : un atelier de peinture, de théâtre et de chanson. C’est par ces disciplines qu’il retiendra ses leçons. Cela permet de considérer l’enfant dans sa globalité. Curieux par nature, il explore et s’interroge spontanément. Si la classe devient intéressante, il aura envie d’apprendre. Il sera alors heureux et cultivé », indique-t-il.

Il estime que la formation des enseignants est aussi primordiale, toutefois il estime que le Mauritius Institute of Education (MIE) n’a pas la capacité nécessaire. « Il faut permettre à d’autres universités de proposer des cours sur le curriculum. La formation devrait inclure 20 % de théorie et 80 % de pratique. L’enseignant doit pouvoir appliquer ses apprentissages en situation réelle, traiter des cas vécus en classe et trouver des solutions, même si cela prend des années. La pratique est essentielle pour éveiller la curiosité des élèves », explique-t-il.

Enfin, le taux d’échec au primaire est un autre sujet de préoccupation. Le pédagogue insiste sur la nécessité d’évaluer l’enfant non seulement sur sa performance académique, mais sur l’ensemble de ses actions. Pour les enseignants plus âgés qui ne souhaitent pas être formés, il propose un système de remplacement temporaire en cas d’absence de l’enseignant.

Le PSAC introduit en 2017 par l'ancien GM après 40 ans de CPE

Le Certificate of Primay Education (CPE) aura vécu 40 années depuis 1977. Il a été remplacé en 2017 par le Primary School Achievement Certificate (PSAC) dans la réforme du Nine-Year Continuous Basic Education (NYCBE). L’objectif du PSAC est d’évaluer les compétences académiques des élèves au terme de leur cycle primaire. Il repose sur deux composantes : School-Based Assessment et le Modular Assessment. Le premier est mené par les instituteurs tout au long de l’année, et le deuxième intervient à deux moments clés de la vie scolaire, soit à la fin de Grade 5 et au début du 3e trimestre de Grade 6.  L’introduction de nouvelles matières fait partie de cette réforme avec des « core subjects » et des « non core subjects ». Les premiers sont les mathématiques, l’anglais, le français, la science, l’histoire-géographie et une langue orientale, l’arabe ou le kreol morisien. Dans la deuxième catégorie : l’information and Communication Technology et les Communication Skills.  La performance dans les matières est notée comme suit : Proficient,

Intermediate, Basic. Depuis janvier 2025, à l’issue des épreuves, les élèves ayant réussi accèdent directement au Grade 7. Ceux qui n’ont pas atteint le niveau requis disposent de trois options : 
1. Repasser un « re-assessment » dans un maximum de trois matières de base échouées en décembre 2024. 
2. Redoubler le PSAC dans leur école actuelle, avec des cours de soutien assurés par des éducateurs qualifiés, puis se présenter à l’évaluation de 2025. 
3. Être admis dans un collège et suivre le « Foundational Programme in Literacy, Numeracy and Skills ».


La réforme éducative de Steven Obeegadoo qui a abolit le ranking 

Ancien ministre de l’Éducation entre 2000 et 2005, Steven Obeegadoo revient sur une réforme qu’il qualifie comme la plus vaste depuis l’indépendance du pays. Son ambition : transformer l’école mauricienne pour qu’elle devienne un levier d’équité sociale et de réussite pour tous.

À la tête du ministère de l’Éducation à partir de 2000, Steven Obeegadoo confie qu’à cette époque, il avait hérité d’un secteur en attente de transformation. Depuis les premières élections de 1967, plusieurs ministres se sont succédé, bâtissant les fondations du système éducatif mauricien. Toutefois, au tournant du siècle, l’heure était à une refonte d’envergure.

« Il y avait une pression réelle pour une réforme. En 2001, nous avons lancé la plus grande réorganisation du système éducatif depuis l’indépendance.  ‘Ending the rat race in primary education and breaking the admission bottleneck at secondary level’ est un projet de réforme du système d’inscription au cycle secondaire », indique-t-il. Selon lui, cette réforme ne se limite pas à quelques ajustements techniques, mais s’attaque aux fondements mêmes du système : l’accès, la pertinence et la réussite scolaire. « Il était temps de mettre fin à la course effrénée dans le primaire et de briser le goulot d’étranglement au niveau secondaire », fait remarquer notre interlocuteur.

L’un des plus grands changements concerne l’abolition du « ranking » au niveau du CPE, un système qui favorisait la compétition au détriment de l’égalité des chances. À sa place, le « grading » a été introduit. « Pour cela, il fallait construire davantage de collèges publics. En 2000, on comptait 34 collèges d’État. En 2005, 36 autres étaient prêts ou en construction », dit-il. Ainsi, cette expansion infrastructurelle a permis la mise en œuvre de la régionalisation des admissions, une autre étape clé pour casser l’élitisme scolaire. 

Dans le cadre du grading, toutes les matières ont désormais la même valeur. Pour accéder en Grade 7, les quatre meilleures notes de l’élève sont prises en compte, renforçant ainsi une évaluation plus juste de ses compétences. Autre changement majeur : la création de quatre zones éducatives, toujours en vigueur aujourd’hui. Cette répartition vise à mieux équilibrer les admissions et à rapprocher les écoles des familles :
Zone 1 : Port-Louis et le Nord
Zone 2 : Beau-Bassin/Rose-Hill et l’Est
Zone 3 : Curepipe et le Sud
Zone 4 : Vacoas/Phoenix et l’Ouest

La réforme a aussi pris en considération le contenu pédagogique avec des révisions entreprises dans des disciplines fondamentales comme l’histoire-géographie et les sciences. Ensuite, l’informatique a été introduite au primaire, anticipant déjà l’importance du numérique dans l’apprentissage.

En outre, pour lutter contre l’échec scolaire, des écoles dites de Zones d’Éducation Prioritaire (ZEP), dotées de moyens supplémentaires, ont vu le jour. « Nous avons mis en place des dispositifs pour agir sur la littératie et la numératie. Grâce à des activités dirigées, l’enfant apprend à lire, écrire et compter », explique Steven Obeegadoo.

Ensuite, le créole mauricien a fait son entrée dans les salles de classe en tant que langue d’enseignement. Une reconnaissance linguistique et culturelle importante pour nombre d’élèves. La réforme a également intégré l’accueil des enfants à besoins spécifiques, piloté par Gilberte Chung. Un tournant vers une école inclusive.

Côté enseignants, l’approche est stout aussi novatrice. Le rôle des mentors est instauré et des enseignants expérimentés sont chargés d’accompagner leurs collègues dans leur développement professionnel. En parallèle, les conditions de travail sont revalorisées, avec un ratio élèves/enseignant qui passe de 1 pour 36 à 1 pour 30 en cinq ans.

La philosophie de Steven Obeegadoo en cinq ans a été d’investir dans une éducation de qualité, inclusive et adaptée à chaque élève. 

Un plan national de Vasant Bunwaree qui voulait aussi repenser le CPE

À l’initiative du Dr Vasant Bunwaree, le plan stratégique 2008-2020 amorce une transformation de l’éducation à Maurice. Le projet traite de la petite enfance à l’université, pour bâtir un système plus équitable, inclusif et tourné vers l’avenir.

De 2008 à 2014, le Dr Vasant Bunwaree, alors ministre de l’Éducation, a piloté l’Éducation and Human Resource Strategy Plan 2008 - 2020. Ce plan marque la volonté du gouvernement d’alors d’amorcer une refonte du système éducatif et de la formation à Maurice.

L’ancien ministre souligne que ce fut le fruit d’un long travail de concertation. « Ce document trace la voie vers une éducation innovante, fondée sur la créativité, la qualité et l’équité. L’objectif est clair : faire de l’éducation un moteur de développement humain et économique. »

Le plan couvre tous les niveaux : de la petite enfance à l’université, en passant par l’enseignement technique et professionnel. Chaque secteur est analysé et accompagné d’objectifs précis.

Cette vision repose sur cinq piliers essentiels : élargir l’accès à l’éducation, améliorer la qualité, garantir l’équité, adapter les contenus au contexte local et viser l’excellence. Loin d’être figée, cette feuille de route reste ouverte aux ajustements, reflet d’un système en constante évolution.

Les grands objectifs comprennent :

  • Offrir à tous les enfants de 3 à 5 ans un bon départ éducatif.
  • Garantir un enseignement de qualité, équitable, axé sur les compétences fondamentales et les valeurs humaines.
  • Encourager les jeunes à poursuivre des études secondaires supérieures.
  • Renforcer la formation des enseignants et le pilotage du système.
  • Valoriser la filière technique et professionnelle, en l’adaptant aux besoins de demain.
  • Positionner Maurice comme île intelligente et pôle régional de savoir.
  • Créer un vivier de talents pour le développement durable du pays.
  • Moderniser le ministère pour en faire un modèle de gouvernance publique.

La politique sur la petite enfance de 3 à 5 ans a une grande importance pour l’ancien ministre. Il souligne que c’est là que tout commence pour un bon départ éducatif. « À l’école, beaucoup d’enfants entraient au primaire sans passer par le préscolaire. Nous avons tout fait pour corriger cette situation, parce que nous sommes convaincus que c’est la base de toute réussite. »

Cependant, le Dr Vasant Bunwaree poursuit sa transformation du système éducatif avec ce qui est indiqué dans le plan stratégique. Au primaire, malgré des progrès, comme le taux de réussite au CPE passant de 64,3 % en 1999 à 67,9 % en 2006, les défis restent majeurs : redoublements fréquents, inégalités régionales, sur dépendance aux cours particuliers. Pour lui, le constat est clair : trop d’enfants quittent l’école sans maîtriser les bases.

C’est ainsi que la réforme prévoit une série de mesures : 

  • Repenser le CPE qui ne devrait plus être un couperet, mais un outil de validation des compétences.
  • Intégration d’un programme de rattrapage scolaire dès les premières années pour soutenir les élèves en difficulté.
  • Réduction progressive des cours particuliers, désormais autorisés seulement en Grade 5 et 6.
  • Renforcement de l’autonomie des directeurs d’école, qui seront appelés à piloter des équipes performantes avec des objectifs clairs et mesurables.
  • Mise en place d’évaluations standardisées, pour assurer l’équité entre établissements et guider les réformes pédagogiques.

C’est ainsi que le Dr Vasant Bunwaree souligne que l’interdiction des leçons particulières jusqu’en Grade 4 visait à permettre à l’enfant d’acquérir d’autres compétences que l’académique uniquement en faisant des activités ludiques. 
Le plan accorde aussi une attention particulière aux enfants à besoins spéciaux. Une politique d’inclusion permettant à ces élèves d’intégrer les écoles avec le soutien nécessaire. Le renforcement de la formation des enseignants dans ce domaine est alors une priorité.
Par ailleurs, l’introduction progressive des technologies de l’information dans les écoles permet de moderniser l’enseignement et de mieux préparer les enfants aux exigences du monde contemporain. L’ancien ministre met aussi l’accent sur l’importance du Carrier Guidance dans tous les collèges. Il avance que l’objectif est de guider l’élève dans ses études pour son choix de carrière par la suite.

Évaluation du PSAC

 

  • Nou Lacaz

 

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