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Engouement pour l’immigration : le manque de débouchés pousse les Mauriciens à l’exode 

Grand intérêt des visiteurs pour le Canada, vendredi et samedi dernier, au Caudan Arts Centre, dans le cadre du Career and Learning Lounge, organisé par le Défi Digital.

Nombreux sont les Mauriciens qui sont à la recherche de nouvelles opportunités pour une vie meilleure à travers un emploi bien rémunéré. Pour cela, ils sont prêts à immigrer dans d’autres pays pour faire de leurs rêves une réalité. 

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Rohinee Muthoora, qui est Client Relationship Officer chez Arrivals Canada Immigration, concède qu’il y a effectivement un grand nombre de Mauriciens qui envisagent l’immigration. Cela concerne des jeunes étudiants aussi bien que des adultes qui sont déjà des salariés tant au niveau public que privé.

« Nous recevons des demandes d’étudiants qui veulent poursuivre leurs études au Canada et y travailler. Par la suite, ils font une demande pour avoir un Permanent Residence Permit (PR). Il y a aussi ceux qui ont suivi leurs cours tertiaires dans d’autres pays, mais qui de retour au pays n’arrivent pas à s’adapter et veulent émigrer », indique notre interlocutrice.

En effet, le Canada et l’Australie sont considérés comme étant l’eldorado pour de nombreux Mauriciens qui aspirent à une meilleure vie. « Il y a des personnes qui se plaignent de la situation économique à Maurice. Il y a également des parents qui veulent partir pour que leurs enfants aient un meilleur avenir. Certains ont déjà un emploi, mais n’hésitent pas à tout quitter pour débuter une nouvelle vie », explique Rohinee Muthoora.

Elle souligne que des personnes qui ont déjà un emploi, essayent de trouver des opportunités dans leur domaine de prédilection, alors que d’autres n’hésitent pas à changer de filière. « Les domaines qui attirent sont l’hospitalité et la construction, mais aussi les postes de ‘truck driver’. Certains font une demande pour avoir leur PR, alors que d’autres cherchent un ‘work permit’ et après deux ans, ils font une demande pour devenir détenteur d’un PR », souligne la Client Relationship Officer.

La rémunération, un facteur déterminant

L’économiste Takesh Luckho indique que l’exode des cerveaux demeure un gros problème pour Maurice. En particulier dans des secteurs techniques, tels que l’ICT et les finances. Selon lui, dès qu’ils terminent leurs études secondaires ou tertiaires, des jeunes veulent quitter le pays, ayant la perception que l’herbe est plus verte ailleurs. « Le facteur le plus important qui incite les personnes à émigrer est le salaire qui est plus élevé qu’à Maurice. De jeunes diplômés veulent débuter leur carrière avec une forte rémunération », affirme notre interlocuteur.

Takesh Luckho déclare que les jeunes peuvent commencer avec un salaire de Rs 20 000, que ce soit dans le secteur public ou privé. « Il y a plus d’opportunités de gravir les échelons dans le privé. En optant pour l’immigration, ils peuvent toucher entre 1 600 et 2 000 euros (entre Rs 70 000 et Rs 100 000). Cela attire les jeunes professionnels. Or, le coût de la vie, du logement et autres est plus élevé », précise l’économiste.

Takesh Luckho pense qu’il y a aussi la perception qu’il n’y a pas de méritocratie à Maurice, ce qui décourage les jeunes à rester au pays. « On a cette perception que ce n’est pas facile de trouver un emploi ou d’avoir une promotion dans le secteur public si on n’a pas de backing. Une refonte du système éducatif est de mise, si on souhaite remédier à cette situation », estime-t-il. Il est d’avis que les régulateurs ont un grand rôle à jouer pour « casser cette perception » et instaurer la confiance pour que les jeunes veuillent rester à Maurice.

Selon lui, on sort d’un système élitiste et on donne l’opportunité à tous d’entreprendre des études tertiaires. Cependant, il met en exergue qu’il y a ceux qui passent avec brio les examens pour avoir leur diplôme, alors que d’autres sont moyens ou faibles. « On a un nombre de diplômés. On ne prend pas en compte qui a brillamment réussi et qui a simplement réussi. On doit venir avec un système de ‘grading’ comme dans plusieurs pays européens. Ceux qui ne sont pas forts académiquement peuvent suivre des cours de support au back-office qui puissent aider les compagnies », préconise ce dernier.

Il faut de la méritocratie afin que les gens restent

L’économiste Eric Ng explique qu’il faut y avoir plus d’opportunités économiques afin que les gens puissent rester au pays. « Si quelqu’un est dans les affaires, il doit pouvoir réussir. Au cas contraire, il ira ailleurs. Mais si vous êtes un salarié, que ce soit dans le privé ou le public, il faut avoir une politique de méritocratie qui est mise en pratique et cela doit aller jusqu’au top management », avance-t-il. Ce dernier indique que Maurice est un pays où il fait bon vivre. « Il y a plus de sécurité au pays et le climat est correct », fait-il comprendre. Selon lui, c’est uniquement pour des raisons économiques que les gens veulent quitter Maurice. « Ils croient que l’herbe est plus verte ailleurs », soutient-il.

Selon le site theglobaleconomy.com, l’exode des cerveaux pour 2022 est de 4,10 sur une échelle de 10, soit d’environ 40%. 

immigration

Pour un avenir meilleur…

En attente des résultats du Higher School Certificate, Krishma Bhoyrub, qui s’était rendue au Career and Learning Lounge au Caudan Arts Centre, déclare prendre connaissance de toutes les options dont elle dispose afin de faire un choix. Elle souhaite se rendre à l’étranger où il y a plus d’opportunités. « Je veux la meilleure option pour bien démarrer ma carrière. J’envisage d’étudier à l’étranger et par la suite y rester », affirme notre interlocutrice.

Comme elle, d’autres étudiants veulent émigrer. Surtout aller au Canada. Manasvee Puddea en fait partie. Elle pense que le Canada est attrayant, car on y trouve des personnes venues du monde entier. « Malgré le fait que le climat soit différent du nôtre, je suis prête à l’affronter pour accomplir mes rêves », affirme-t-elle. 

Âgé de 21 ans, Lucka Chummun travaille comme skipper. Pourtant, cet habitant de Mahébourg rêve de partir au Canada. « Je prends note des opportunités qui sont disponibles. Il faut trouver un moyen de bâtir un meilleur avenir », lance-t-il.

Anaïs Mondré abonde dans le même sens. « J’ai fait des études en esthétique. Je pense qu’il y a pas mal d’opportunités au Canada », avance la femme d’une vingtaine d’années. Celle-ci se renseigne au maximum sur les procédures à suivre pour mettre le cap sur le Canada.

 

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