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Enfants non scolarisés: l’école trop chère pour eux

Priscilla et ses enfants.
Nombreux sont les enfants qui ne vont pas à l’école. La pauvreté en est, semble-t-il, une des principales causes. Nous nous sommes rendus à Cité-La-Cure et Panchvati pour notre enquête. Dans la localité, ils sont une bonne dizaine d’enfants qui traînent les rues, au lieu d’être en classe. L’éducation est considérée comme un tremplin pour sortir de la misère. Elle doit être accessible à tous. Pourtant, il existe des enfants qui en sont privés. Ceux-ci, tout comme leurs parents, évoquent la pauvreté comme la cause principale de leur absence en classe. « J’ai quatre filles et deux fils. Et à la maison, personne ne travaille », explique Priscilla É., 28 ans. Nous avons rencontré cette jeune mère à Cité-La-Cure. Perdue dans ses pensées, elle est assise dans la rue, avec son benjamin d’un an et demi dans les bras. Autour d’elle, ses trois filles de six, sept et huit ans. « Je suis là depuis sept heures. Je ne sais quoi faire. Aujourd’hui, je devais accompagner ma fille de six ans pour son admission à l’école primaire. Me mo pena moyen pou avoy li lekol », pleure Priscilla. Son époux, qui était le seul gagne-pain de la famille, ne travaille plus à la suite d’un accident. La vie est devenue intenable. Elle n’a plus rien, c’est la misère noire. « Ma mère, une pensionnée, s’occupe de la scolarité de mon aînée. Elle a 12 ans et est au collège. Je ne peux compter sur elle pour mes autres enfants », confie Priscilla. Ses enfants, dit-elle, étaient excités à l’idée d’aller à l’école. « Mes filles sont venues m’embrasser tôt vendredi (8 janvier). Elles m’ont dit qu’elles voulaient aller à l’école. Mo finn devid mo larmwar pou mo gagn enn resanz linz pou mo kapav avoy zot lekol. Me pena nanien », lâche Priscilla, le regard vide. « Les uniformes, les cartables et les souliers que j’avaient gardés pour eux pour la rentrée ont été abîmés lors des récentes grosses averses. Ce sont des voisins qui m’avaient remis ces matériels. Maintenant, je n’ai plus rien », se lamente-t-elle.

Ce que coûte l’école gratuite

« L’école n’est pas accessible à toutes les bourses. Le matériel scolaire, les uniformes, les souliers et les cartables coûtent cher », déplore la jeune femme. « Je suis endettée jusqu’au cou. Je n’ai pas payé mon loyer. Je ne peux travailler, car je dois m’occuper de mon garçonnet. Tout repose sur mon époux », poursuit la mère. « Subvenir aux besoins scolaires de nos enfants tout en remboursant les dettes que nous avons contractées, cela devient un vrai casse-tête », dit-elle. Toutefois, ajoute Priscilla, elle a pu envoyer son fils de trois ans au pré-scolaire. L’école est située dans les locaux du bureau du conseil municipal de la région. « Un voisin m’a remis un vieil uniforme et une paire de chaussures usagées pour que je puisse l’envoyer à l’école. Mo frer fin donn mwa enn sak lekol ki lin ramase dan salte. Monn lav li, samem monn donn mo garson. Pa tiena nanien pou met dan so sak pu manze. Mo finn rempli dilo disik dans enn boutey pou li kapav bwar », soupire la jeune femme, émue. Aujourd’hui, il ne lui reste même plus « enn lagrain diri ». Priscilla doit « tap laport » de ses voisins pour chercher de la nourriture. La malnutrition, selon la jeune femme, les conduit souvent à l’hôpital. « Mes enfants et moi traînons les rues de la localité jusqu’à fort tard pour chercher à manger », souligne Priscilla. Et le soir venu, c’est à la lueur d’une bougie qu’elle éclaire la maisonnée... avec tous les risques que cela comporte. Mais la sécurité est un mot étranger à son existence.

«Invivable»

Sa maison comporte deux pièces qui servent de cuisine et de chambre à coucher. Il n’y a ni télévision ni radio. Des déchets jonchent le sol pour le plus grand bonheur des moustiques et des rats. Lors de grosses averses, cet endroit est « invivable », nous dit-on. Le quotidien, selon Priscilla, est un combat inlassable pour la survie. Avec des revenus insuffisants, elle n’arrive pas mener une vie active et doit subsister avec les allocations sociales. « Mes filles sont brillantes dans leurs études, mais la misère les rattrape. l’éducation est le seul moyen pour combattre la pauvreté, mais un enfant au ventre creux n’arrivera jamais à suivre les classes et à se concentrer sur ses études. Je suis découragée. Mo envi mo bann zanfan apran », pleure la jeune femme.

Enfants en bas âge

Priscilla n’est pas la seule à vivre dans ces conditions précaires. Dans ce quartier, ils sont nombreux à mendier et à dépendre de la générosité des amis, parents ou voisins. C’est le cas de B. A., 40 ans, qui doit s’occuper de ses cinq enfants en bas âge. Ce domestique, dont l’épouse est femme au foyer, ne sait comment faire pour acheter tout le matériel scolaire avec un salaire de Rs 6 000. Ces enfants, qui ne peuvent aller à l’école, n’ayant ni matériel scolaire, ni table ni chaise dans les taudis dans lesquels ils vivent, gravitent dans un milieu où les fléaux sociaux rythment le quotidien.

Vijayantimala: « Le budget familial explose »

L’éducation n’a pas de prix, mais elle a un coût. Uniformes, cartables, livres et autres manuels scolaires… Bref, la liste des achats pour la rentrée s’allonge d’année en année. Tout comme les prix d’ailleurs… Vijayantimala G., sans emploi, en fait tous les jours l’amère expérience. Mère de trois enfants, dont l’aîné et la cadette suivent des cours dans une institution privée et la benjamine est en Form V, elle doit compter sur la vente du lait de ses vaches, afin de pourvoir aux besoins de la famille. « Pendant plus de cinq ans, mes enfants ont bénéficié du matériel scolaire, d’uniformes et de livres offerts par le gouvernement. En décembre dernier, nous avons été informés que nous n’allions plus recevoir cette aide », confie cette habitante de Panchvati, dans le Nord. Depuis, cette femme au foyer ne sait plus à quel saint se vouer. « Mon époux et moi n’avons pas de travail. Comme arrondir nos fins du mois était difficile, nous avons eu l’idée d’élever des animaux pour améliorer nos conditions de vie », relate Vijayantimala. « Je ne peux pas gâcher l’avenir de mes enfants, surtout de ma benjamine qui est très brillante dans ses études. Il ne me reste qu’une chose à faire : vendre mes animaux  pour acheter le matériel scolaire et d’autres nécessités. Je dois investir une grosse somme pour bien équiper ma fille pour la rentrée », soutient-elle. Selon Vijayantimala, la somme prévue pour investir dans les études de ses enfants a été « largement dépassée ». Si les dépenses pour le primaire sont lourdes, elles le sont davantage pour le cycle secondaire. « Le budget devrait dépasser les Rs 10 000 par enfant. Notamment avec les livres qui coûtent de plus en plus cher. Il existe d’autres petites dépenses qui, une fois accumulées, pèsent lourd dans la balance », dit-elle. Quant aux leçons particulières, Vijayantimala dit que les frais avoisinent les Rs 500 par matière. « On ne peut malheureusement fournir que l’essentiel à nos enfants », dit-elle.

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