Enceinte de quatre mois, elle meurt à 13 ans - La mère de la défunte : «Ma fille était une femme battue»

Le destin n’a pas été tendre envers Ruwaidah. Cette jeune fille de 13 ans, enceinte de quatre mois, est morte mercredi matin à la suite d’une crise épileptique et d’une crise d’asthme. Elle avait contracté le nikka avec son amoureux, mais sa mère et sa famille ne voyaient pas d’un bon œil cette relation. La mère de Ruwaidah raconte l’horrible destin de son enfant. Récit.

Elle est une femme brisée et meurtrie. Après avoir perdu son époux, qui était toxicomane, elle perd maintenant sa fille de 13 ans. Zakirah (prénom modifié), mère biologique de Ruwaidah, n’en revient pas. Alors que Ruwaidah n’a que trois mois, elle a été adoptée par son oncle Noorhid, car son père était décédé. C’est Noorhid et sa femme (la sœur de Zakirah) qui ont grandi la jeune fille.

Le 10 janvier 2018, Ruwaidah, qui fréquentait un collège privé dans la capitale, abandonne ses études et fugue pour aller habiter chez son petit ami de 19 ans, qui réside dans la région nord. Et là, Ruwaidah contracte le nikka (mariage religieux) avec son amoureux, Arbaaz. Zakirah dit qu’elle n’a jamais accepté ce mariage.

« Ma fille Ruwaidah était une femme battue. Elle a vécu un véritable enfer à un très jeune âge. Quand elle a fugué de la maison de ma sœur, on a porté plainte à la police. Ce n’est qu’après trois mois qu’elle est retournée à la maison, quand elle a appris que l’état de santé de son père adoptif (Noorhid) s’était détérioré après sa fugue. Nous lui avons parlé, mais elle a insisté en disant qu’elle voulait absolument épouser son amoureux. Nous avons recueilli des informations sur l’homme qu’elle disait aimer et nous avons appris qu’il avait eu des démêlés avec la justice. On a expliqué à Ruwaidah qu’elle allait gâcher sa vie, mais elle a menacé de se suicider. De peur que sa fille mette ses menaces à exécution, Noorhid a fini par la marier avec Arbaaz », raconte Zakirah en larmes.

Zakirah souligne que la vie de sa fille s’est transformée en enfer après le nikka. « Ruwaidah n’a pas eu l’occasion de vivre sa vie. Elle était torturée chez ses beaux-parents et envoyait fréquemment des messages à sa grande sœur pour raconter son calvaire. Ruwaidah a confié à sa sœur qu’elle était dégoûtée avec la vie. Elle a expliqué que son époux l’avait agressée à maintes reprises et qu’il tentait souvent de l’étouffer avec un oreiller. Un jour, Ruwaidah avait même envoyé un message à ma fille aînée en expliquant qu’Arbaaz allait la tuer. Je suis toujours en possession des messages que je compte remettre à la police pour l’enquête », confie la mère.

Elle explique que le jour de la fête Eid, elle avait invité Ruwaidah, mais, selon ses dires, sa fille lui a dit qu’elle ne pourrait pas venir, de peur d’être agressée par son époux. La vie de sa fille n’avait plus de sens, raconte Zakirah. « Je regrette amèrement que ma fille n’ait pas écouté nos conseils. Si mo tifi ti ekout mwa zordi, li ti pou ankor la », pleure Zakirah.

« Si ou zanfan dir ou li pe al mor, ou pou get so lavi ou lalwa ? »

Noorhid, père adoptif de Ruwaidah, ne sait plus à quel saint se vouer. « Ma vie a basculé depuis que ma fille a perdu la vie. Quand Ruwaidah m’a dit qu’elle allait mettre fin à sa vie, j’étais tellement effrayé de la perdre que j’ai fini par céder à sa demande d’épouser Arbaaz. Aujourd’hui, ma décision lui a coûté la vie et je regrette ce que j’ai fait. Toutefois, si je n’avais pas accepté ce mariage, ma fille se serait suicidée.

J’ai voulu faire son bonheur, car sa joie signifiait beaucoup pour moi. Malgré le fait que j’étais contre ce nikka, j’y ai participé pour plaire à ma fille. Si ou zanfan dir ou li pe al mor, ou pou get so lavi ou lalwa ? Boku dimoun ek ban politisien pe dir li kont lalwa e mo dakor, me si mo tifi ti fini swisid li, eski lalwa ti pou rant ladan ? Personne ne sait à quel point je souffre et je fais une requête aux personnes de respecter notre deuil, car nous passons par une épreuve très difficile », se lamente Noorhid.

Ruwaidah, une fille calme

Née le 5 novembre 2004, Ruwaidah devrait célébrer ses 14 ans dans cinq mois, mais le destin en a décidé autrement. Ruwaidah, qui habitait dans un faubourg de la capitale avec son père adoptif, fréquentait une école d’état de la localité. Après le primaire, elle a rejoint un collège de la capitale.

Cependant, quand elle a fugué de la maison, elle a séché ses cours. « Ruwaidah était une fille calme. Je ne sais pas comment elle s’est laissée influencer par Arbaaz. Elle l’avait rencontré sur Facebook. Arbaas a gâché sa vie. Si pa ti ena Facebook, mo tifi pa ti pou konn sa garson la e li ti pou avek nou », se désole Noorhid. Ce dernier explique que sa fille était comme une princesse chez lui. « Ma fille ne manquait de rien chez moi. Je faisais tout pour elle et tout le monde pourra en témoigner », raconte Noorhid.