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En toute simplicité - Noël : pas de fla-fla, mais beaucoup de cœur 

Étudiante et travailleuse saisonnière, Izora prévoit une soirée de Noël en famille, simple et sans extravagances.
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Malgré le paiement du salaire de décembre, le boni du 13e mois et le bonus inédit du 14e mois, la sobriété reste de mise pour beaucoup de Mauriciens. Pas de fla-fla, mais des choix réfléchis. À Noël, on reste en famille, à la maison. Pas de restaurants : on mange maison. 

Le temps des dépenses effrénées pour Noël et les festivités de fin d’année semble révolu. Désormais, les dépenses se veulent mesurées. Ce comportement, bien que nouveau dans certains foyers des quartiers modestes, s’impose. À la Cité Débarcadère, aux Sugar Planters à Pointe-aux-Sables, ou encore à la Résidence Vallijee, Noël reste un jour spécial, mais sans extravagance. Déjeuners et dîners familiaux composent un menu simple, à l’image de ces familles qui préfèrent préserver leur budget pour des jours plus difficiles.

Françoise Duncan, 67 ans, est une figure bien connue de la foire de Pointe-aux-Sables. Chaque dimanche, elle y tient son kiosque devant sa maison. « Mo vann de tou. Mo travay pou mo mem. Ena bizou fantezi, linz, rob, brasle, zanon, baret… », dit-elle. Sur son étal, des objets artisanaux captent notre attention : des sapins en bois. « Ces œuvres ont été sculptées par mon fils Shane et mes deux petits-fils. Ils sont artisans-menuisiers », confie-t-elle.  

Noel
Dans cette grande famille, Noël se fêtera autour de deux « deg » de bryani, partage et convivialité au menu

Que concoctera-t-elle pour Noël ? « Ce sera en famille, avec un bon biryani au poulet et de la salade. J’ai déjà fait mes achats, mais pas de grandes dépenses. La vie a été dure ces dernières dix années. Il faut savoir économiser et ne pas être dépensiers, car je travaille avec de petits profits », relate Francoise derrière son échoppe.

Famille nombreuse

Chez les Ah Fok, la joie de vivre règne. Une ribambelle d’enfants de tous âges s’agite. Cheliquengah, 33 ans, est souvent vue au Morcellement Rey avec ses quatre enfants. Lorsqu’elle nous rencontre chez ses parents, elle semble ravie de nous reconnaître : « Ou rapel kan ti ena eleksion ou ti vinn get nou lor nou baz ? » Nous acquiesçons. 

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Pas de dépenses somptuaires pour Françoise Duncan, qui préfère une célébration discrète et réfléchie.

Autour d’elle, de jeunes femmes, certaines venues de loin, d’autres du quartier, échangent et partagent des histoires. « D’où venez-vous ? » demande Cheliquengah. Jody Marie répond : « De Grand-Gaube. » Il y a aussi Cindy de Saint-Julien d’Hotman et Colette. Les enfants sont nombreux et il est difficile de tous les nommer.

Ce petit groupe savoure du temps ensemble en attendant que le repas du soir soit prêt. Une agréable odeur de tacos au Doritos flotte dans l’air, un délice mexicain. Les hommes préparent le dîner, tandis que les jeunes femmes s’assoient et discutent.

Et pour Noël ? « Du biryani de poulet pour 18 adultes, cinq petits-enfants et une pléthore de cousins et cousines. Il y aura deux « deg » et chaque famile contribuera environ Rs 2 000, boissons comprises. Puis il y aura un échange de cadeaux. Nous serons tous en rouge et blanc le jour de Noël. »

Énergie positive

Izora, qui est notre guide éphémère, dégage une énergie positive. Étudiante et en vacances d’été, elle cumule les petits boulots pour se faire quelques sous. « Je passerai le déjeuner de Noël avec mon copain et ses parents, un repas traditionnel, du poulet tandoori. Ce sera un repas de pique-nique puisque nous serons à la mer. Le soir, je serai avec mes grands-parents, dont mon grand-père José Rose. Pour les achats, ce sera samedi matin », nous dit-elle.

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Avec ses enfants, Christelle Laval met les affaires scolaires en tête de liste, avant de penser aux festivités.

De son côté, Christelle Laval, toujours à l’affût des coûts, prend soin de chaque sou. « Pas question de tout dépenser. Je dois d’abord penser à l’achat des manuels scolaires, des uniformes pour mon fils Elaija et pour ma fille Sharon. Nous avons été gâtés financièrement, mais je travaille pour moi dans mon petit snack. Je ne veux pas jeter l’argent par les fenêtres juste pour quelques jours de festivités », explique-t-elle. 

Elle ajoute que son fils a déjà reçu un téléphone portable de sa grand-mère, essentiel pour sa scolarité. « Car il ira en Grade 7 et ce sera un outil de travail pour lui, pas un jouet. Sinon, pour Noël, pas de chichi, ce sera simple : plat au pain, du poulet ou du porc. Pas de restaurant, car cela coûte trop », explique-t-elle.

Priorités claires 

Idem pour Jennifer Duarte, maman d’une fille et superviseure. Elle a des priorités claires pour cette année. « Notre cadeau de Noël cette année, c’est la finition de notre maison en phase terminale de construction. Tout notre budget y passera, mais nous nous offrirons aussi de petits cadeaux symboliques. Pas question de faire de grosses dépenses. Pas de dîner au restaurant comme à l’habitude. Je préfère investir dans le long terme », dit-elle.

Il semble que la donne ait changé : pas de dépenses exagérées, même si la « manne » est tombée du ciel. Les gens prennent désormais soin de leurs finances. On met les petits plats dans de plus petits plats et on garde l’argent pour les jours plus difficiles.

Snacks à Vallijee : la chaleur des fêtes dans chaque plat 

Même si on ne va pas les nommer, les habitués sauront de qui on parle rien qu’en les décrivant. Ce snack, situé au cœur du quartier populaire de Vallijee, ne désemplit jamais, que ce soit à midi ou le soir. Il faut faire la queue pour avoir une table. 

Pourtant, ce n’est pas de la gastronomie française que cette petite famille propose. Au menu : des plats populaires, faciles à emporter ou à déguster sur place. Et surtout, pour un prix abordable. 

Qu’offre ce snack ? Des boulettes de chouchou, des « saw mai », des boulettes de bœuf, du « teokon », des « long », des mines bouillies avec une variété d’accompagnement : rougaille de saumon ou de crevette séchées de rivière, daube de viande, daube d’ourite, sauté de poulet aux poivrons de couleurs variées, brèdes Tom Pouce, légumes pour les végétariens et vindaye de poisson. Tout est fait maison.

Sans parler des mines frits aux œufs et au poulet, ou des mines bouillies avec des brèdes sautées et un œuf au plat par-dessus. Ici, pas de pains fourrés, mais des boissons gazeuses.

Que fera ce snack le jour de Noël ? Fermera-t-il ses portes ? La gérante explique pourquoi le snack reste ouvert : « On vendra des mines bouillies au saumon et des boulettes variées, car les gars auront la gueule de bois. Ils chercheront à calmer leur estomac en dégustant un bol de 10 boulettes ou une assiette de mine bouilli. »

À quelques mètres, un autre snack très prisé, connu dans le quartier et ses environs, ouvre dès 7 heures du matin. Il sera en service le jour de Noël. « Est-ce un jour férié et de repos ? », demandons-nous à Kreshan (prénom modifié), un vendeur. « Nous sommes reconnus et voulons offrir un service à nos clients habituels, mais aussi aux passants », explique-t-il. 

Est-ce pour tirer profit des paiements du 14e mois ? « Pa ditou Boss. Klian vini gramatin zot aste roti pou amenn lakaz ek met diber lor la ek bwar enn bon dite. Swa zot vini ver 11 er. Zot pran roti pou amenn lakaz pou manz ek kari poul ou pwason lakaz. Lerla nou bizin fourni zot. Nou klian sa », explique-t-il.

 

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