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En quête de justice : leurs combats pour connaître la vérité

En quête de justice
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Ils sont tous animés d’une même soif de justice. Incapables de vivre avec des doutes, des questions sans réponses, des incompréhensions. Certains disent que les jours passent et les souvenirs s’estompent mais, dans leur cas, l’envie d’obtenir justice ne diminue pas. Pour la plupart d’entre eux, c’est le combat de toute une vie…

Le 5 mars 1982, sa vie a basculé après avoir reçu une balle, tirée dans sa bouche et qui lui a transpercé le crâne, lui volant ainsi sa jeunesse, ses rêves et tous ses projets. Il aura bientôt 60 ans mais malgré ces 38 années écoulées, il n’a pas perdu la force de se battre pour obtenir justice. Son histoire, il veut en parler encore, pour qu’on ne l’oublie pas.

Pour la comprendre, il faut remonter au 24 février 1982. Ce jour-là, un hold-up a lieu dans les locaux du Central Electricity Board (CEB) de Curepipe. Une somme de Rs 681 000 est volée. Il y a également mort d’homme. Le pays est en émoi et la police fortement mobilisée pour retrouver les coupables. Dans le cadre de cette enquête, des personnes perdent la vie, d’autres sont injustement accusées et Clifford Esther reçoit d’un policier une balle qui le paralyse à vie. Il était dans un campement avec deux amis et une femme de 24 ans avec qui il entretenait une relation à l’époque.

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Le 5 mars 1982, la vie de
Clifford Esther a basculé.
Depuis 38 ans,
il cherche réparation.

Selon le principal concerné, il s’agit d’une opération déguisée, visant à le tuer. Sauf que cette version n’a jamais pu être prouvée et les points de vue ne concordent pas. D’abord, pour se défendre, les policiers ont affirmé que Clifford Esther s’est montré menaçant ce qui expliquerait le tir de revolver. Un autre fait discordant est le nom du policier qui a fait feu. Si, dans les archives, le nom d’un autre policier est mentionné, pour Clifford Esther il n’y a pas de doute sur l’identité de la personne qui a placé le revolver dans sa bouche avant de tirer.

Le policier dont il parle est aujourd’hui décédé mais, pour Clifford Esther, le combat ne s’est jamais arrêté. « Ziska mo mor mo pou kontinye lager pou gayn la zistis. » Il y a des années, on lui avait proposé, comme accord, une somme de Rs 500 000 qu’il avait refusée. « Mo finn perdi enn kote lame, mo lipie drwat pa bon, mo preske pa trouv kler, mo pa kapav aksepte zis sa mem ».

Ce père de cinq enfants et grand-père de six petits-enfants vient de perdre son épouse, il y a trois mois et demi. Cette dernière est morte d’un cancer. Elle a été à ses côtés pendant 34 ans, luttant avec lui, l’encourageant à se battre pour obtenir justice. Et même si elle n’est plus là aujourd’hui, Clifford Esther promet de continuer à se battre. « Jamais ma femme, ni mes enfants ne m’ont demandé d’abandonner. Ils savent que, tant que je vivrai, je continuerai à me battre pour obtenir justice ».

38 années plus tard, il voudrait faire passer le message suivant : « Je voudrais que l’État reconnaisse l’erreur de la police à mon égard. Je n’ai rien fait de mal, je n’étais pas impliqué dans ce hold-up. On a tiré sur un innocent et non pas de manière accidentelle. On m’a tiré dans la bouche pour me tuer. C’est un crime. Il faut que l’État agisse pour m’indemniser. »

Il fait aussi appel aux policiers qui étaient présents ce jour-là : « Je sais que certains d’entre eux ont des remords. J’invite ceux qui connaissent la vérité à parler, que vous soyez à la retraite ou en poste. Je garde la foi et prie pour eux. Je sais que la vérité finira par éclater, même s’il nous faut attendre encore des années »


Négligence médicale alléguée : deux mères perdent leurs enfants

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Mayrose Laprovidence.

L’un s’appelait Laksh et avait 8 ans et l’autre, Eliza, est morte quelques heures après sa naissance. Laksh Ramsurrun est décédé en 2017 à l’hôpital Jeetoo, souffrant de fortes fièvres quelques jours plus tôt.

« Le vendredi précédant sa mort, il avait un peu de fièvre. Je lui ai donné des médicaments et il est allé dormir  », se rappelle la mère. Elle explique que vers 2 heures du matin, l’enfant a eu un accès de forte température, puis il a commencé à avoir des convulsions. « Nous avons appelé l’ambulance. À notre arrivée, à l’hôpital, il n’y avait pas de pédiatre. Il a fallu l’attendre pour qu’il prenne les décisions qui s’imposent. Nous étions là à côté de lui et on a essayé de le réanimer. À son arrivée, la spécialiste a avancé que mon fils devait être admis tout de suite aux soins intensifs, mais il n’y avait pas de place. Quand enfin une place est devenue vacante à l’hôpital Victoria, cette fois-ci c’est l’ambulance qui n’était pas disponible pour le transporter. Lorsque nous avons fait part aux médecins que nous souhaiterions l’emmener dans une clinique privée, ils nous ont fortement découragé et nous avons eu peur d’aller contre leur avis », avoue la mère. Ce n’est qu’à 9 heures que le petit garçon a pu être admis aux soins intensifs.

Puis il est décédé le mercredi. « Nous avons reçu un appel nous demandant de venir à l’hôpital en urgence. Tous les proches des malades attendaient à l’extérieur. Le rideau était tiré et on nous a appris que Laksh était mort. » Les parents ont porté plainte au poste de police d’Abercrombie surtout après avoir vu un document sur lequel il était écrit Cause of death : unknown. On lui a par la suite annoncé que c’est à cause d’une infection que son fils est mort d’un œdème cérébral mais, à ce jour, personne ne sait de quelle infection il s’agit.

Un an plus tard, la famille attend toujours des réponses.

Mayrose Laprovidence, elle, a perdu sa fille quelques heures après sa naissance, le 7 juillet 2018. Née à 15 heures 07, cette dernière a rendu l’âme vers 23 heures 45. Mayrose avait été admise 5 jours plus tôt et avait accouché d’un bébé prématuré mais en bonne santé. Elle se souvient de ce jour qui la hante : « Le médecin avait affirmé que le bébé se portait bien mais il avait cependant donné des instructions pour qu’elle soit placée dans un incubateur. Or il n’y avait pas d’incubateur à ce moment précis et les infirmiers avaient promis de faire le nécessaire en quelques minutes ».

Cependant, selon ses dires, vers 17 heures 45, lorsque son mari décide d’aller s’enquérir auprès du personnel au sujet du bébé, il apprend que l’infirmier a oublié d’y placer l’enfant. « Il a paniqué et est allé chercher l’enfant pour le placer dans l’incubateur. Ils ont tous commencé à courir dans tous les sens. L’un d’eux m’a dit que le bébé avait des difficultés à respirer. On a demandé à mon mari de rentrer à la maison, le rassurant que tout irait bien ». Sauf que peu avant minuit ce soir-là, il a reçu un appel téléphonique l’informant que la petite Eliza avait rendu l’âme. « Lorsque nous sommes allés vers les responsables de l’hôpital, nous avons appris que le médecin a confirmé avoir donné des explications pour que le bébé soit placé immédiatement en incubateur et l’infirmier s’est fait réprimander pour avoir oublié d’y placer le bébé. Lorsque nous l’avons rencontré, l’infirmier nous a demandé de ne pas aller de l’avant avec cette histoire car sinon il perdrait son emploi, précisant qu’il a 11 années de service ».

Le couple a consigné une déclaration et attend toujours des explications.


10 ans plus tard, les parents de Wedley, décédé à l’âge de 14 ans, se battent toujours

parent wedleyPas question de laisser passer. Pas question de baisser les bras, par amour pour leur fils. Voilà la devise des parents de Wedley Lee Chang, décédé à l’âge de 14 ans dans un accident de la route, rue Père-Laval à Beau-Bassin. Les parents veulent savoir ce qui s’est réellement passé le 8 décembre 2009. Cette année, cela fera 10 ans qu’ils se battent pour le savoir. Cependant les jours passent et se ressemblent. Eux vivent toujours dans l’enfer des doutes, avec des questions qui les hantent. « Notre fils est mort et aucune compensation ne pourra le remplacer. Nous n’en voulons pas. Mais nous ne pourrons pas faire le deuil tant que nous n’aurons pas des réponses, tant que les responsables de cet accident n’accepteront d’admettre leur faute. Il ne faut pas non plus salir la mémoire de mon fils ».

wedleyLes parents de Wedley n’arrivent pas à faire le deuil. Ce 8 décembre, le garçon faisait du vélo avec ses camarades. Dans l’après-midi, ils apprennent que leur fils a été victime d’un accident. « Lorsque je suis arrivé sur place, un policier m’a présenté ses sympathies. Avant même que je puisse le voir, le policier a prétendu que mon fils était fautif. J’étais fâché, vraiment hors de moi, je me suis demandé comment le policier pouvait déjà affirmer tout ça quand normalement une enquête doit suivre son cours pour établir les circonstances du décès. J’ai tout de suite décidé que je ne m’arrêterai jamais de me battre tant que je ne connaîtrai pas la vérité ».

Dix ans qu’ils attendent et ils se demandent ce qui va se passer après. « J’ai l’impression que les hommes de loi de la partie adverse font exprès de retarder cette affaire. Il y a des photos, des témoins et les rapports démontrent beaucoup de choses. Pour beaucoup, cela peut ne représenter qu’un accident de la route, mais pour nous c’est toute une famille qui a été détruite. Aujourd’hui, non seulement nous ne devons vivre qu’avec des souvenirs, notre vie n’est plus la même et il y a beaucoup de choses qui nous rappellent tellement notre fils, mais surtout nous devons vivre avec des doutes, des interrogations et nous battre encore et encore ».

Comme les autres parents, le couple Lee Chang promet cependant de ne pas cesser d’en parler car il faut que justice soit faite.

 

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