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En marge des élections générales : la police montre les muscles

L’interpellation des manifestants mardi, à Côte-d’Or, a suscité l’indignation dans l’opinion publique.

La manifestation du mouvement Rann Nou Later, qui s’est déroulée mardi après-midi à Côte-d’Or, a été marquée par une série d’arrestations, illustrant une volonté des forces de l’ordre de serrer la vis. D’ailleurs, l’on avance que la police sera aux aguets.

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Quatre membres du mouvement Rann Nou Later ont été interpellés pour avoir participé à une manifestation pacifique, dénonçant ce qu’ils considèrent comme une « spoliation des terres » par les autorités. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des manifestants pacifiques confrontés par les forces de l’ordre, suscitant une vive indignation dans l’opinion publique. 

Une source au sein de la police indique que tout ce qui se passe dans le pays est « scrupuleusement surveillé » en raison du contexte électoral : « Nous utilisons les outils à notre disposition pour surveiller les opposants. Chaque mouvement est minutieusement observé, qu’il soit d’ordre religieux, culturel, social ou politique. »

Les opposants au régime, ajoute cette même source, peuvent recourir à n’importe quelle stratégie et exploiter toute situation à leur avantage. « Que cela plaise ou non, la manifestation de mardi a été un coup réussi. Pour comprendre la démarche des manifestants, il faut analyser le contexte », lance-t-on. 

« Toute information est précieuse en cette période particulière », dit-on. « Nous recueillons nos renseignements non seulement à travers l’opinion publique, mais également avec des agents et responsables politiques, des hauts cadres des ministères, et même des membres du gouvernement. C’est un fait, la campagne électorale est déjà lancée. Les agissements de l’opposition, tout comme ceux du gouvernement, sont sous surveillance », explique notre source. Elle ajoute que même « les membres du gouvernement qui publient des messages contre les autorités sont surveillés de près et peuvent être rappelés à l’ordre ». « Il y a beaucoup de mouvements sur le terrain, et de nombreux policiers en civil ont été mobilisés », fait-on comprendre.

La police aux aguets

Des éléments de la Very Important Person Security Unit (VIPSU) ont été temporairement affectés au Field Intelligence Unit (FIU) depuis un peu plus de six mois. Dans une déclaration téléphonique, le chef inspecteur Shiva Coothen, responsable du Police Press Office (PPO), dira : « La police sera définitivement sur le qui-vive. Il y aura différentes façons de déployer nos effectifs, en civil comme en uniforme, durant cette période. Toute la force policière est mobilisée. Notre rôle est de maintenir l’ordre et d’assurer la paix des citoyens. Il est essentiel de veiller à ce que les droits de tout un chacun ne soient pas lésés. C'est pour cette raison que nous faisons appel au bon sens du public. »

Phalraj Servansingh de l’Independent Police Complaints Commission : «Nous sommes disposés à enquêter…»

« Nous sommes prêts à mener une enquête, mais il est impératif que les quatre personnes interpellées par la police déposent d’abord une plainte officielle auprès de la commission. Elles doivent soumettre une réclamation en bonne et due forme pour que l’enquête, qui se déroulera en toute impartialité, puisse être lancée », a expliqué Phalraj Servansingh, membre de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC).

Incidents à Côte-d’Or - Le chef inspecteur Shiva Coothen : «La police avait d’abord prôné le dialogue»

Les internautes ont vivement critiqué les policiers qui ont procédé à l’arrestation de quatre manifestants mardi après-midi à Côte-d’Or. Il est notamment reproché aux forces de l’ordre d’avoir fait preuve d’excès de zèle. « À aucun moment, les policiers sur place n’ont abusé de leur pouvoir. Les agents n’avaient d’autre choix que de procéder à l’interpellation des manifestants. Nous avons prôné le dialogue, comme l’indique le rapport. Il a fallu disperser les manifestants pour éviter tout dérapage. Pour certains invités, cette manifestation n’augurait rien de bon. Reprendre le contrôle de la situation et rétablir l’ordre public était un impératif », dira le chef inspecteur Shiva Coothen.

Pas de congé aux policiers

Avec le lancement officiel de la campagne électorale, les policiers seront déployés sur le terrain pour garantir le maintien de l’ordre et le bon déroulement des opérations, que ce soit pour le jour de dépôt des candidatures (Nomination Day), le jour du scrutin ou encore le dépouillement des bulletins de vote, prévu le lendemain. Dans cette optique, les mois de novembre et décembre s’annoncent particulièrement chargés pour les forces de l’ordre. « C’est une exigence à laquelle nous sommes obligés de nous habituer. Cela nous permettra aussi de percevoir une allocation additionnelle sur notre rémunération », fait-on comprendre.

Esprits surchauffés dans l’assistance

Parmi l’assistance, certaines personnes n’étaient pas d’accord avec les agissements des manifestants. Des esprits se surchauffaient. Le choix de cette manifestation était, pour eux, mal venu. R. B, qui était présent, n’a pas caché son mécontentement : « Kifer kan lapolis dir zot pa al lot kote zot inn avanse an provokan anplis ? Ki ti zot lobzektif ? Zot ena drwa proteste. Me zot pena drwa servi violans verbal. Si dimounn dan lasal ti sorti, ki ti pou arive ? »

Navin Ramgoolam : «Un abus de pouvoir extraordinaire»

Le leader du Parti travailliste (PTr), Navin Ramgoolam, a rendu visite à Rajen Narsinghen à la clinique Wellkin mercredi après-midi. Dans une déclaration à la presse, il a fait comprendre qu’il a pu adresser quelques mots à Rajen Narsinghen. « J’ai pu lui parler. Il souffre un peu. ‘Pa paret ena fraktir dapre bann medsin’ », a souligné Navin Ramgoolam. 

Selon le leader du PTr, « la police a fait preuve d’un abus de pouvoir extraordinaire » lors de l’arrestation des quatre manifestants. 

« Nous ne sommes plus dans une démocratie, mais plutôt dans une autocratie. Notre liberté d’expression est garantie par la Constitution. Tout est en train d’être bafoué », dénonce-t-il.  Le Défi Quotidien a sollicité Rajen Narsinghen pour une déclaration. Mais sa fille nous a fait comprendre qu’il « ne peut pas trop parler ». 

 

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