En froid avec l’alliance PTr-MMM-ND : les raisons autour du malaise de Shakeel Mohamed 

L’absence remarquée du député du Parti travailliste (PTr), Shakeel Mohamed, lors du meeting de l’alliance PTr-MMM-ND à La Louise le 11 août dernier, malgré ses démentis quant à toute forme de mécontentement, met en lumière un malaise plus profond. En effet, les actions de Shakeel Mohamed semblent de moins en moins bien accueillies par les dirigeants de l’alliance, révélant des tensions palpables. 

Ce malaise ne date pas d’hier. Lors des funérailles de l’ex-ministre Siddick Chady en juin, Shakeel Mohamed avait suscité des réactions mitigées au sein de son propre parti en déclarant que plusieurs politiciens s’étaient servis de l’ancien ministre, une critique perçue comme une attaque voilée contre le leader du PTr, Navin Ramgoolam. Depuis cet épisode, les relations entre Shakeel Mohamed et la direction du parti se sont détériorées, avec un sentiment d’isolement pour le député de la circonscription 3 (Port-Louis Maritime/ Port-Louis Est).La situation s’est aggravée le 5 juillet à l’Assemblée nationale lorsque, après avoir été expulsé par le Speaker de l’époque, Sooroojdev Phokeer, lors des débats sur le financement des partis politiques, Shakeel Mohamed avait appelé à une démission en bloc des députés de l’opposition. Une proposition qui a non seulement été rejetée par ses collègues, mais qui a également suscité le mécontentement des dirigeants de l’alliance. Le leader du Mouvement militant mauricien (MMM), Paul Bérenger, a d’ailleurs plusieurs fois averti qu’une telle démarche pourrait engendrer un imbroglio légal, susceptible d’être exploité par le gouvernement pour introduire des amendements constitutionnels. 

Cette prise de position de Shakeel Mohamed a non seulement été perçue comme un affront à la ligne de l’alliance, mais elle a également été interprétée comme un soutien implicite aux discours des partis extra-parlementaires, notamment le Reform Party de Roshi Bhadain. Au-delà du mécontentement affiché par la direction de l’alliance PTr-MMM-ND face à l’attitude de Shakeel Mohamed, un soupçon persistant entoure le député. Il semblerait qu’il ait tenté à plusieurs reprises d’inciter ses collègues à boycotter les conférences de presse de l’alliance, qu’il esquive lui-même depuis un certain temps. Cependant, ses tentatives de rallier d’autres députés à sa cause ont échoué, ces derniers choisissant de participer activement aux conférences de presse, prenant ainsi leurs distances avec les positions de Shakeel Mohamed. 

Quant à son absence remarquée lors du meeting de La Louise le 11 août, les prises de position de Shakeel Mohamed en marge de cet événement ont été interprétées comme une tentative de saboter cette initiative de l’alliance. Son absence a également envoyé un mauvais signal à certains de ses mandants de la circonscription No 3, qui n’ont pas manqué de le critiquer. En effet, ces derniers, ayant eux-mêmes fait le déplacement pour témoigner de leur soutien à l’alliance, lui reprochent d’avoir choisi de s’absenter. Ils estiment que, en tant que député élu en tête de liste dans la circonscription No 3, Shakeel Mohamed aurait dû donner l’exemple et se montrer en première ligne. Dans une déclaration au Défi Plus, il dit avoir fait le choix d’être avec sa famille ce jour-là. Quel avenir se dessine pour Shakeel Mohamed ? Sa position est-elle désormais menacée ? Bien que les sautes d’humeur de Shakeel Mohamed soient reconnues au sein du Parti travailliste, on estime qu’il finira par se conformer aux attentes du parti. À l’approche des élections générales, sa marge de manœuvre est considérablement réduite, l’obligeant à jouer la carte de la prudence. 

Cependant, la véritable question reste de savoir jusqu’à quel point Navin Ramgoolam, leader du PTr, sera disposé à pardonner ses écarts passés. Au-delà de l’attitude du leader, ses collègues députés s’attendent également à ce que Shakeel Mohamed se fasse plus discret lors de la campagne électorale, mettant davantage en avant les intérêts de l’alliance et du parti plutôt que sa propre personne. Le député, Shakeel Mohamed, n’a pas été disponible pour un commentaire, mardi.