Le cas de Ken Arian, autrefois considéré comme le « blue-eyed-boy » de la famille Jugnauth, est désormais marqué par une grande incertitude. Quelles sont les perspectives qui se dessinent pour lui et pour le MSM au cours de cette année électorale ?
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La démission de Ken Arian de son poste de membre du conseil d’administration d’Air Mauritius, ainsi que la forte probabilité qu’il ne soit bientôt plus le Chief Executive Officer (CEO) d’Airport Holdings Ltd, laissent entrevoir que ses jours au sein du Mouvement socialiste militant (MSM) seraient également comptés. Au sein du parti, plusieurs membres s’interrogent sur les conséquences politiques d’une telle situation, surtout en cette année électorale.
« L’incertitude qui entoure le cas Ken Arian, à quelques mois seulement des élections générales, soulève des questions d’ordre politique. Depuis qu’il fait partie de l’entourage du Premier ministre, il a été très actif sur tous les fronts pour permettre au MSM de tirer des bénéfices politiques de différentes situations. Sa contribution aux élections générales de 2019 ne peut pas non plus être ignorée », souligne un conseiller à l’Hôtel du gouvernement. Il ajoute que la perte de Sherry Singh, qui a également été un pilier du parti depuis 2014, ainsi qu’un éventuel départ de Ken Arian, pourraient « avoir de lourdes implications pour le MSM ».
Le rôle de Ken Arian dans la stratégie politique du MSM depuis 2017 est considéré comme étant crucial. Les différentes campagnes de débauchage au sein du MMM sont régulièrement attribuées à Ken Arian. Aussi, plusieurs ministres et députés s’accordent à dire qu’il a été parmi ceux qui ont œuvré pour débaucher Alan Ganoo et Steven Obeegadoo. Enfin, les campagnes visant à discréditer l’opposition sont également attribuées à Ken Arian.
« Il a joué un rôle actif dans la mise en œuvre de campagnes de communication visant à discréditer l’opposition. Ces campagnes, souvent menées à travers les médias traditionnels et les réseaux sociaux, ont été conçues pour mettre en avant les faiblesses supposées de l’opposition et pour renforcer l’image du MSM en tant que parti politique prédominant et compétent », ajoute-t-on à l’Hôtel du gouvernement.
D’autres sources proches du Premier ministre soutiennent néanmoins qu’il est essentiel de continuer à faire confiance à Pravind Jugnauth. En effet, selon certains députés et ministres, la situation actuelle suscite de l’inquiétude et de perplexité, car de nombreux membres du parti ont eu l’occasion de témoigner de l’importance de Ken Arian. Toutefois, le plus grand atout du gouvernement demeure Pravind Jugnauth. « Oui, nous sommes très probablement en train de perdre un élément important, mais en fin de compte, il n’est qu’un élément de l’équipe. Le principal atout a été et reste Pravind Jugnauth. Si celui-ci estime que la place de Ken Arian n’est plus au sein du MSM, il faut lui faire confiance. »
Un ancien haut fonctionnaire, qui a eu l’occasion d’observer Ken Arian à l’œuvre entre 2017 et 2019, exprime son étonnement face à l’hystérie entourant la figure de Ken Arian. Selon lui, s’il était réellement évincé, ce serait en réalité une « blessing in disguise ». Il souligne que Ken Arian n’a jamais réussi à faire l’unanimité, que ce soit au sein du MSM ou au sein du Bureau du Premier ministre. « Nous étions bien obligés de le supporter car nous savions qu’il avait l’oreille du Premier ministre et de sa famille. Mais prétendre qu’il est un grand atout pour le MSM, c’est se voiler complètement la face », affirme-t-il.
Wakashio, MK…
Un autre ancien ministre souligne également que Ken Arian a incarné, au fil des années, l’impopularité du MSM dans l’opinion publique. Il évoque notamment la gestion désastreuse du naufrage du Wakashio, un dossier où Ken Arian était en première ligne, ainsi que les récentes turbulences au sein d’Air Mauritius avec les annulations de vols, qu’il considère comme « la marque de fabrique de Ken Arian ». Ce même ancien ministre ne serait donc pas surpris si toute la saga entourant Ken Arian aurait été finement orchestrée afin de le mettre hors course lors de la campagne électorale. « Sachant que l’opposition va forcément dénoncer la gestion d’Air Mauritius lors de la campagne électorale, en mettant Ken Arian hors course, le gouvernement enverrait un signal quant à ses intentions de vouloir mettre de l’ordre dans les institutions », explique-t-il.
Tout cela suggère donc une stratégie politique délibérée visant à désamorcer les attaques de l’opposition concernant la gestion controversée d’Air Mauritius. En écartant Ken Arian de la course électorale et en présentant cela comme une mesure pour restaurer l’intégrité et l’efficacité des institutions, le gouvernement pourrait espérer atténuer les critiques et regagner la confiance de l’électorat.
En ce qui concerne spécifiquement l’avenir de Ken Arian, bien que les indications actuelles suggèrent que sa relation avec le MSM sera bientôt du passé, des informations laissent aussi entendre que le CEO de Airport Holdings Ltd n’a pas encore joué toutes ses cartes. En dépit de son impopularité auprès de certains ministres, on avance que s’il parvient une nouvelle fois à convaincre de son importance aux yeux de la famille Jugnauth, il est fort probable qu’il parvienne à rebondir comme en 2021.
À cette époque, plusieurs de ses détracteurs croyaient enfin s’être débarrassés de lui. Ainsi, bien que Ken Arian soit critiqué, il est connu pour sa capacité à naviguer habilement dans les arcanes du pouvoir et à maintenir des relations influentes au sein du gouvernement. Si, une fois de plus, il réussit à consolider sa position en démontrant son utilité stratégique, il pourrait bien bénéficier d’un nouveau souffle politique, même après avoir semblé au bord de l’effacement.
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