Citoyens lambda avant les législatives de 2019, ils sont aujourd’hui devenus ministres. Histoire de comprendre comment les nouveaux élus vivent cette transition, Le Dimanche/L’Hebdo est parti, cette semaine, à la rencontre de trois politiciens néophytes : la ministre de l’Égalité des genres, Kalpana Koonjoo-Shah, le ministre de la Santé, le Dr Kailesh Kumar Jagutpal, et le ministre des Arts et de la Culture, Avinash Teeluck.
Kalpana Koonjoo-Shah : «Nous les femmes, nous sommes multitâches»
Originaire de Plaine-des-Papayes, Kalpana Koonjoo-Shah vient tout juste d’avoir 40 ans. Mère de famille, elle a trois enfants : Aayushi (5 ans), Aditi (2 ans) et Kairav (15 mois). Son mari est Lead Regulatory Associate dans une compagnie pharmaceutique.
Ancienne élève du Queen Elizabeth College, Kalpana Koonjoo-Shah est détentrice d’un National Award en anglais et hindi. Chimiste de profession, elle est diplômée de l’université de Brighton, en Angleterre, où elle a également travaillé pour une grande compagnie pétrolière de Reading en tant que Production Chemist. Toutefois, à son retour au pays en 2011, la jeune femme est restée sans emploi pendant six ans. Ce n’est qu’en 2017 qu’elle a intégré le ministère de la Santé en tant qu’APS.
Après la campagne électorale et les législatives de 2019, le premier geste de la nouvelle ministre de l’Égalite des genres a été de passer du temps avec sa famille et ses parents. Ensuite, elle a rencontré quelques mandants pour les remercier de leur soutien. Comment allez-vous concilier vie de famille et vie de ministre ? à cette question, Kalpana Koonjoo-Shah répond : « Il faudra surtout bien s’organiser. Mais comme je le dis toujours, nous les femmes, nous sommes multitâches. D’ailleurs, ce n’est un secret pour personne que les femmes sont capables de faire plusieurs choses à la fois. Tout de même, j’ai la chance de pouvoir compter sur le soutien de mon mari et de ma famille. » Cette nouvelle transition, la ministre indique qu’elle la vit assez bien. « Il est vrai qu’être ministre change beaucoup de choses. Mais je suis très contente. D’ailleurs, je suis motivée et déterminée à faire mon maximum pour répondre aux attentes de mon électorat et de la population en général. Je suis aussi très encouragée par la confiance que le Premier Ministre a placée en moi », renchérit-elle.
Ce qui a changé
« Ce qui est nouveau, d’abord, c’est l’ampleur de mes nouvelles responsabilités. Il faut dire qu’être à la fois ministre, députée, mère de famille, cela demande du temps et certes davantage d’énergie. Mais cela ne me fait pas peur. Je suis déterminée à mener ma mission jusqu’au bout », soutient Kalpana Koonjoo-Shah. Et qu’est-ce qui n’a pas changé ? « Moi ! Je n’ai pas changé. Je suis toujours la même personne que j’étais avant le 8 novembre. Ma détermination à atteindre l’excellence dans chaque chose que j’entreprends, ainsi que mes principes et mon sens de l’éthique sont restés les mêmes. » S’agissant du défi à relever en tant que ministre, Kalpana Koonjoo-Shah indique que nous parlons aujourd’hui de l’île Maurice moderne. « Il nous faut nous assurer que la question de parité homme/femme soit connue et respectée. Et que les gens comprennent qu’il ne s’agit pas uniquement d’un concept, mais bien d’une réalité. Je veux aussi un pays où les familles sont unies et heureuses. Mais aussi une société inclusive, où les femmes ont leur place et leur contribution. »
Comment comptez-vous faire vos preuves ? Kalpana Koonjoo-Shah annonce d’emblée que c’est en travaillant très dur et en respectant l’engagement qu’elle a pris auprès de son électorat et de la population. Surtout, en faisant son maximum pour améliorer davantage l’avenir des femmes, des enfants et des familles de la République de Maurice. En tant que femme dans la politique, la ministre fait ressortir que ses priorités seront d’apporter sa contribution à l’avancée des femmes. « Nous avons certes fait un grand pas. Il y a quelques années, nous parlions des droits de la femme, aujourd’hui nous parlons de l’égalite des sexes. Nous voulons faire comprendre que les femmes sont aussi capables que les hommes. Ma priorité à moi sera d’encourager les femmes. Mais aussi tout mettre en œuvre afin qu’elles puissent faire entendre leur voix. » Et d’ajouter qu’elle œuvrera pour que les femmes soient plus présentes à des postes décisionnels. « Il faut qu’elles s’unissent contre la disparité des genres et que toutes nos femmes et nos jeunes filles soient éduquées. N’oublions pas que le 5e objectif de la vision 2030 des Sustainable Development Goals est : Empowering women and girls. »
Une grande fan de sport
Par ailleurs, aimant particulièrement échanger avec des personnes d’autres cultures en ce qu’il s’agit de cuisine et de musique, la nouvelle ministre de l’Égalité des genres indique qu’elle est aussi une grande fan de sport. Elle adore le rugby, le football et le cricket ! Elle est également une véritable férue de lecture, mais encore aime faire la cuisine et le jardinage. Changez-vous de garde-robe pour un nouveau style en tant que ministre ? « Pas du tout. Je suis très cosmopolite, s’agissant de ma tenue vestimentaire. Je m’adapte selon les occasions et les circonstances », dit-elle en arborant un magnifique sourire. Au niveau de sa personnalité, la ministre affirme qu’on la décrit souvent comme étant dynamique et déterminée. D’ailleurs, elle ne recule jamais devant les obstacles, avance-t-elle. « Quand je crois en une chose, je me bats jusqu’au bout pour la réaliser. » Elle confie qu’elle détient cette force de caractère de ses parents. « Ils m’ont toujours appris à défendre mes convictions et mes valeurs. Pour eux, dans la vie, avant la récompense, il y a toujours l’effort. » Sa journée type : elle est debout tous les matins à 5 heures tapantes. « J’ai mon réveil-matin qui se prénomme Kairav », dit-elle dans un éclat de rire. Puis, la ministre-maman prépare le petit-déjeuner qu’elle tient à prendre quotidiennement en famille. « On y tient beaucoup. » Elle n’oublie pas de promener son chien Tusker, avant de s’entretenir avec quelques mandants qui viennent à sa rencontre. Ensuite, direction son bureau à Port-Louis. Qu’est-ce qui a fait son succès ? « J’aime travailler dur. Il y a aussi la bénédiction de mes aînés et surtout, l’amour pour ma patrie », conclut-elle.
L’Art de vivre… d’Avinash Teeluck
Après une campagne électorale intense dans sa circonscription pour ces législatives de 2019, le jeune politicien n’a pas vraiment eu le temps de souffler, puisqu’il a immédiatement endossé le costume de nouveau ministre des Arts et de la Culture. Cette responsabilité que lui a confiée le Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth a été, pour sa femme Prina et lui, une belle surprise. Redonner à l’art et à la culture leurs lettres de noblesse à Maurice, tel est désormais l’objectif du ministre Avinash Teeluck.
Âgé de 39 ans, Avinash Teeluck est originaire de Goodlands. Il est l’heureux père d’une petite fille de 4 ans qui se prénomme Nawmi. Juriste de profession, le jeune ministre est connu pour son engagement dans le social. La politique, dit-il, a été sa passion de tout temps. « Je ne m’attendais pas à être ministre. C’est un grand accomplissement. La prestation de serment a été un moment fort en émotion. Maintenant, c’est à moi de jouer pour faire fleurir le secteur des arts et de la culture à Maurice », dit-il en toute humilité.
Son père, Nath Teeluck, est un homme d’affaires. Sa sœur Anousha est dentiste. Sa femme Prina est juriste. Et lui, il exerce depuis 12 ans en tant que juriste d’affaires. À propos de son parcours, Avinash Teeluck indique qu’il est un ancien élève du collège Royal de Port-Louis et a fait des études de droit à l’université de Wolverhampton en Angleterre. Il a fait ensuite le barreau au College of Law d’Australie. Philanthrope dans l’âme, le ministre indique que son engagement dans le social s’est accentué en 2011, notamment avec la création de l’ONG Solaris cette année-là, avec le soutien de ses amis. « On n’avait pas les moyens. On voulait juste y croire et construire un centre pour les patients atteints de cancer, à Pamplemousses. Et c’est cet engagement qui a donné une nouvelle perspective à ma vie », dit-il. Derrière cette initiative, nous comprenons la raison de son investissement personnel à matérialiser ce projet coûte que coûte : « Je suis sorti grandi de cette expérience. Ce sont des souvenirs qui m’ont à tout jamais marqué », lâche-t-il simplement. Aujourd’hui devenu ministre, Avinash Teeluck indique que ce sont probablement ses bonnes actions qui lui ont permis d’avoir la bénédiction de son électorat pour servir son pays. D’ailleurs, le karma, il y croit dur comme fer.
En tant que ministre des Arts et de la Culture, Avinash Teeluck affirme qu’il fera de son mieux pour redynamiser ce secteur. Comment ? à cette question, il explique qu’il veut être un ministre de proximité, à l’écoute des artistes et de toutes les parties prenantes à son ministère. « J’estime qu’à travers un partage d’idées, d’expertise et de connaissances, nous arriverons à faire face aux défis de ce secteur. En travaillant tous ensemble, nous pourrons changer la donne et promouvoir davantage l’art et la culture à Maurice. Je ferai de mon mieux pour répondre aux attentes du Premier ministre, qui m’a fait confiance pour ce poste », dit-il. Et d’ajouter qu’il apportera sa contribution pour donner une autre dimension au secteur des arts et de la culture, en y insufflant innovation, formation et nouvelles opportunités pour les artistes. « C’est un défi que je relèverai par amour pour ma patrie. Dans la vie, tout s’apprend. Pour un vrai changement, il faut une ouverture d’esprit et un travail d’équipe. C’est en ce faisant qu’on arrivera tous à faire progresser le pays », soutient le ministre.
Déterminé et persévérant, Avinash Teeluck se dit optimiste quant à cette nouvelle responsabilité. « Je me donnerai à 100 % pour faire une différence en tant que ministre des Arts et de la Culture. » Ayant les pieds bien sur terre, Avinash Teeluck affirme être un vrai Mauricien dans l’âme. Au sujet de ses passions, il se dit mélomane et cinéphile. D’ailleurs, il est un grand fan de Michael Jackson, nous dit-il dans un éclat de rire. Il adore aussi la lecture. Comment compte-t-il concilier sa vie de famille et son rôle de ministre ? Pour lui, tout est une question d’organisation. Cependant, il souligne le soutien indéfectible de sa femme Prina. « Je sais que je pourrai compter sur elle », conclut-il.
Quoi de neuf, Dr Jagutpal ?
Populaire pour sa grandeur d’âme en tant que médecin, le Dr Kailesh Kumar Jagutpal occupe désormais, sur décision du Premier ministre Pravind Jugnauth, le poste de ministre de la Santé et de la Qualité de la vie. Même s’il a fait son entrée dans l’arène politique, il n’y a que quelques semaines, le politicien affirme qu’il vit actuellement une expérience des plus formidables.
Âgé de 50 ans, le Dr Kailesh Kumar Jagutpal habite Côte d’Or, mais est originaire de Grand-Bois. Issu d’une famille modeste, le nouveau ministre est le fils d’un planteur et d’une femme au foyer. Concernant son parcours, le Dr Jagutpal a suivi le secondaire au collège SSS de Souillac, mais a obtenu son Higher School Certificate au collège Royal de Curepipe. Puis, il a mis le cap vers la Grande péninsule pour faire des études de médecine à l’université de Bénarès. De retour au pays, il fut en poste à l’hôpital de Rose-Belle, où il exerçait en tant que médecin généraliste. Il y a fait ses preuves pendant 10 ans et, depuis 12 ans, il exerce en tant que psychiatre. Au total, il compte donc 23 années de service dans le domaine médical. Le Dr Jagutpal est l’heureux père de deux fils, Lokesh (19 ans), qui fait actuellement des études en ingénierie mécanique en Angleterre, et Luvveer (20 ans) qui est, lui, en 3e année au SSR Medical School. Sa femme Reena est Accountant Technician à la MITD. Le nouveau ministre dit avoir pour passion le jardinage, la marche et la lecture.
Conscient de l’ampleur de cette nouvelle responsabilité en tant que ministre de la Santé, le Dr Jagutpal explique que tout est une question d’organisation, si l’on veut concilier sa vie familiale et sa fonction de ministre. « En tant que médecin, c’était 24 heures de service. Avec cette nouvelle responsabilité, ça va être pratiquement la même chose. Toutefois, je vais revoir mon emploi du temps afin d’équilibrer au mieux ma vie familiale et ma nouvelle responsabilité en tant que ministre », dit-il.
S’agissant de ses priorités dans le secteur de la santé, le Dr Kailesh Jagutpal annonce qu’un travail important a déjà été fait par son prédécesseur et qu’il y a pas mal de dossiers et de projets en cours. « Mon rôle sera d’assurer la continuité des projets, tout en en développant graduellement d’autres. Ma vision est d’avoir un personnel de santé plus performant. » Comment ? à cette question, le nouveau ministre de la Santé répond que cela se fera en investissant davantage dans la technologie médicale de pointe d’une part et, d’autre part, en promouvant des mesures novatrices pour relever les défis démographiques. La population mauricienne vieillit et les complications médicales requièrent une médecine de pointe. Par ailleurs, son plus grand challenge, dit-il, sera l’empowerment du personnel médical. Selon lui, il faut créer cette interface pour faire face aux changements dans le secteur de la santé. « Je suis quelqu’un qui travaillait dans le service public de la santé. Et maintenant, je suis dans la position décisionnaire. Il y a beaucoup de choses à faire. Et c’est là que mes années d’expérience dans le domaine médical à Maurice entreront en jeu. C’est l’heure de mettre tout ça en pratique », conclut-il, en affichant un regard déterminé à faire ses preuves en tant que nouveau ministre de la Santé.
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