Emran Limbajee, le DJ qui roule en Porsche

À seulement 32 ans, Emran Limbajee – plus connu sous le nom de DJ Emran – fait danser l’île Maurice et bien au-delà. Il incarne une génération de jeunes Mauriciens autodidactes, déterminés à tracer leur propre voie. Avec plus de 110 000 abonnés sur TikTok, 2,3 millions de likes sur Facebook, 55 000 fans, et 20 000 followers sur Instagram, il s’impose comme l’un des DJ les plus suivis et aimés du pays.
 
Derrière les platines et les feux des projecteurs se cache une histoire de travail acharné, de foi et de passion pure. Un jeune homme simple, formé au SSS Bambous, qui a su transformer une passion d’adolescent en une carrière internationale — et réaliser l’un de ses plus grands rêves : acheter une Porsche, symbole de réussite et de persévérance.

Les débuts d’un passionné

Né au sein d’une fratrie de trois enfants, Emran est le cadet de la famille. Dès son adolescence, il est fasciné par les sons, les rythmes et les ambiances. Sa première expérience musicale a été avec des CD, ce qui lui a permis de découvrir les transitions et le rythme avant même d’avoir du matériel professionnel.

Au SSS Bambous, il devient rapidement celui qui anime les récréations, les fêtes de fin d’année et les événements scolaires.

« À 15 ans, j’avais déjà compris que je voulais faire de la musique ma vie. Mais je ne savais pas encore comment », dit-il.

À 16 ans, il devient « DJ Lekol », le DJ de l’école. Avec un vieil ordinateur, quelques haut-parleurs empruntés et beaucoup d’énergie, Emran commence à mixer. Il découvre qu’il a un vrai don pour ressentir les foules et les faire bouger.

Il relate : « Je n’avais pas de matériel professionnel, juste la passion et la volonté. Je faisais avec ce que j’avais. ».

De DJ Lekol à DJ résident

À 18 ans, il devient DJ résident au club Shout, et le nom DJ Emran commence à circuler. Sa capacité à mixer tous les styles — bollywood, séga, afrobeat, dancehall, EDM, old school ou latino — attire un public large et fidèle.

En parallèle, il joue régulièrement à l’Université de Maurice, où il anime les grands événements étudiants pendant sept années consécutives, quatre fois par an.

« C’est là que j’ai vraiment appris à comprendre le public. Chaque foule est différente, chaque énergie aussi. Il faut savoir s’adapter », indique-t-il.

Le double parcours : DJ et employé modèle

En 2016, Emran rejoint le département Procurement du groupe ABC Motors. Pendant neuf ans, il mène une double vie : employé le jour, DJ la nuit.

« J’ai toujours voulu être responsable. J’aimais mon travail chez ABC. C’était une belle école de discipline, d’organisation et de rigueur », précise-t-il.

Mais sa passion pour la musique reste intacte. Chaque week-end et chaque soir libre, il joue pour des mariages, fêtes privées et grands événements.

« Je rentrais souvent tard, et le lendemain j’étais au bureau. Ce n’était pas facile, mais je le faisais avec le cœur », souligne-t-il.

La consécration : Dubaï, Londres et la scène internationale

L’international s’ouvre à lui dès novembre 2018, lorsqu’il est invité à mixer à Dubaï pour une soirée de Mauriciens expatriés. Le succès est immédiat.

Il revient à Dubaï en novembre 2024, janvier et juillet 2025, notamment pour des soirées prestigieuses au Rooftop du Hilton, faisant vibrer le public mauricien expatrié.

« J’ai ressenti une immense fierté de représenter mon île. Quand les Mauriciens dansent à Dubaï sur du séga remixé, c’est magique », partage-t-il.

En juillet 2025, il se rend au Royaume-Uni pour un événement de la diaspora mauricienne, avant de repartir à Dubaï le mois suivant.

Aujourd’hui, il est booké jusqu’à fin 2026, et son nom est devenu une référence sur les affiches, à Maurice comme à l’étranger.

Le grand saut : vivre de sa passion à plein temps

En octobre 2024, Emran prend une décision audacieuse : il quitte ABC Motors pour se consacrer entièrement à sa carrière de DJ.

« Je me suis dit : si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais », soutient-il.

Depuis, les bookings s’enchaînent et les vidéos de ses performances explosent sur les réseaux sociaux.

Le DJ confie : « Les réseaux sociaux, c’est ma manière de rester proche de ceux qui m’ont toujours soutenu. Sans mes fans, je ne serais rien. »

Une passion pour les voitures

Emran a toujours été fasciné par les voitures, la mécanique et la vitesse. Cet été, il réalise un rêve : acheter une Porsche, fruit de ses efforts et de ses sacrifices.

« Je l’ai achetée avec mes économies, après des années de travail et de nuits blanches. C’est ma récompense », avance-t-il.

Avant la Porsche, il a possédé une BMW et une Mercedes, et il garde encore une Peugeot, pour des raisons personnelles. Aujourd’hui, il possède trois voitures et deux motos : une moto pour le circuit, et une pour le quotidien.

Il fait ressortir qu’ « être DJ, c’est un art. Mais aimer les voitures, c’est aussi une passion qui me pousse à avancer et à me dépasser. »

Être DJ : l’art de rendre les gens heureux

Pour Emran, être DJ n’est pas seulement jouer de la musique. C’est un dialogue avec la foule.

« Quand je mixe, je ressens l’énergie du public. Mon but, c’est de transformer cette énergie en bonheur », fait-il comprendre.

Il navigue entre tous les genres, du séga mauricien aux beats internationaux, en passant par la musique indienne, afro, électro ou dancehall.

« La musique unit les gens. Quand je vois tout le monde danser ensemble, peu importe l’âge ou la religion, je me dis que j’ai réussi ma mission », se réjouit-il.

Sa philosophie : foi, travail et sincérité

Trois valeurs guident sa réussite : la foi, la persévérance et la sincérité.

Pour Emran, « Dieu voit les efforts. Quand on travaille avec un cœur sincère, il nous ouvre les bonnes portes. »

Il se voit comme un jeune homme chanceux, pas comme une star. « Je ne suis pas meilleur que les autres. J’ai juste travaillé dur, jour après jour. Tout le monde peut le faire, s’il garde la foi et la discipline », croit-il.

Exemple pour la jeunesse

DJ Emran inspire une génération entière de jeunes.

« Ce que j’ai, je ne l’ai pas eu du jour au lendemain. J’ai commencé sans rien, avec un ordinateur d’occasion et beaucoup de rêves. Si moi j’ai pu le faire, d’autres le peuvent aussi », estime-t-il.

Sa réussite dépasse la musique : elle représente la fierté mauricienne, la preuve que l’on peut briller à l’international sans renier ses origines.

Le futur : encore plus haut

Avec un agenda rempli jusqu’en 2026, Emran prépare nouvelles collaborations, événements exclusifs et projets pour soutenir les jeunes talents.

Son souhait : « J’aimerais un jour ouvrir une école de DJing pour transmettre ce que j’ai appris. Il faut aider la prochaine génération à croire en ses rêves. »

Entre sa Porsche, ses platines et ses motos, Emran Limbajee roule plus que jamais sur la route du succès — tracée par travail, foi et passion.

En une phrase 

« Rien n’est impossible quand on croit en soi. Il suffit d’avoir la bonne musique dans le cœur, et Dieu s’occupe du reste », conclut-il.